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Epidémie

Le virus Ebola réapparaît au Congo

Les autorités congolaises ont annoncé le décès de seize personnes, vraisemblablement atteintes par le virus Ebola, dans le Nord du pays. Une équipe d’experts de l’Organisation mondiale de la Santé a été envoyée sur place pour procéder aux analyses nécessaires et aider à la mise en oeuvre des mesures indispensables pour éviter la propagation d’une nouvelle épidémie de fièvre hémorragique.
C’est dans la région de la Cuvette-Ouest, à 800 kilomètres de Brazzaville, autour des villages de Mbomo, Kelle, Yembelangoye, que les décès suspects ont été signalés. Le directeur général de la Santé, le docteur Damasé Bonzongo, a indiqué qu’au moins 12 personnes étaient mortes à Kelle et 4 à Mbomo. Les vérifications sont en cours mais les premières constations laissent penser qu’il s’agit bien de cas de contamination par le virus Ebola. «Pour le moment, nous ne sommes pas prêts à confirmer que les décès sont dus à Ebola, mais la suspicion est forte.» Des tests sanguins sur les cadavres sont, en effet, nécessaires pour diagnostiquer avec certitude la présence du virus.

La région dans laquelle ont eu lieu ces décès a déjà été touchée, il y a un an, par une épidémie de fièvre hémorragique qui avait commencé au Gabon, tout proche. Elle avait fait une vingtaine de morts.

Le virus Ebola est l’un des plus mortels au monde. Entre 50 et 90 % des personnes atteintes décèdent dans les quinze jours qui suivent la contamination. Il a été découvert en 1976 et aurait provoqué, depuis cette date, la mort d’environ mille personnes. Durant la dernière épidémie en Afrique centrale, qui a duré d’octobre 2001 à février 2002, on a recensé 43 victimes au Congo et 53 au Gabon. Les symptômes les plus caractéristiques de la contamination sont les vomissements et les diarrhées. Le virus s’attaque aux organes internes et provoque la mort par hémorragie.

Un bilan encore incertain

Le réservoir naturel du virus n’a pas été identifié. Mais les chercheurs estiment qu’il est d’origine animale. La contamination se fait par contact direct avec du sang, des sécrétions ou même de la peau infectés. Ebola est extrêmement contagieux. C’est pour cette raison que les autorités congolaises ont fait part de leur préoccupation après l’annonce de ces morts suspectes. D’autant que l’éloignement de la région dans laquelle elles ont eu lieu et les difficultés de communication, laissent une part d’incertitude sur le nombre réel de victimes.

La première mesure de lutte contre la propagation du virus est de sensibiliser les populations au risque de consommer de la viande de brousse. Il est, en effet, très vraisemblable que le principal mode de contamination de l’homme soit celui-ci. Le porte-parole de l’Organisation mondiale de la Santé, Lain Simpson, a indiqué à ce propos qu’un «certain nombre de gorilles morts ont été signalés dans ce secteur du Congo… un indice de la présence d’Ebola». Les tests effectués sur les cadavres ont montré que ces animaux étaient, en effet, porteurs du virus. Mais il est très difficile d’empêcher les habitants de manger cette viande qui fait partie de leur alimentation traditionnelle. Dans un deuxième temps, il est recommandé de limiter les déplacements pour éviter de propager le virus vers des zones jusque-là épargnées et circonscrire le secteur touché par la contamination. D’autres types de précautions sont indispensables, au premier rang desquelles figure la nécessité de ne pas toucher les cadavres des personnes décédées, notamment à l’occasion des rites funéraires.

Jusqu’à présent, les épidémies de virus Ebola ont provoqué un nombre limité de victimes malgré le caractère contagieux et brutal de cette fièvre hémorragique. Les mesures de prévention sont connues. Leur application permet d’endiguer la propagation du virus en limitant notamment sa diffusion géographique. Ebola représente, malgré tout, un véritable danger. Il fait d’ailleurs partie des virus identifiés comme pouvant servir d’arme biologique car aucun médicament spécifique n’existe pour le traiter. A ce titre, il a été inclus dans un programme de recherche américain destiné à mettre au point de nouveaux vaccins auquel le président George W. Bush a octroyé un budget de 6 milliards de dollars sur dix ans.



par Valérie  Gas

Article publié le 07/02/2003