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Union africaine

Un continent en quête de paix

Le premier sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union africaine s'est tenu à Addis-Abeba, en Ethiopie. Prévu initialement les 3 et 4 février, il n'a finalement duré qu'une journée. Une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernements ont fait le déplacement. L’essentiel de leurs travaux a été consacré à la résolution des conflits.
Le premier sommet des chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union africaine s’est ouvert le 3 février à Addis-Abeba dans un nouveau centre de conférence de 456 sièges. Le coût global de la réalisation du centre s’élève à 11 millions de dollars. La contribution volontaire de certains pays africains a permis la réalisation de l’ouvrage. Le Nigeria, par exemple, a offert 3 millions de dollars alors que les Seychelles mettaient à disposition 2 000 dollars et la République arabe sahraoui démocratique 1 000 dollars. A l’Union africaine on a dû plus prendre en compte le geste que la valeur pécuniaire de choses. En tout cas, les chefs d’Etat présents à Addis-Abeba étaient visiblement satisfaits de prendre possession du nouveau centre inauguré par le président en exercice, le Sud-Africain, Thabo Mbeki.

Les classiques discours d’ouverture ont tout de suite situé le débat autour de la résolution des conflits en Afrique. Les ministres et autres chefs de délégation avaient, auparavant, déblayé le terrain en discutant des amendements sur le fonctionnement et les institutions de l’UA. Parmi les nombreux amendements examinés et globalement retenus figure celui introduit par la Libye, qui souhaitait que la présidence de l’Union africaine soit une occupation à temps complet. De fait le président ne devrait pas être un chef d’Etat ni de gouvernement. Tout en reconnaissant que «c’était là un idéal pour l’avenir» les ministres ont rejeté la proposition libyenne, jugeant qu’elle était prématurée. Pour l’heure, ils ont préféré que les présidents africains se concentrent sur la recherche de solutions pour les conflits en Afrique, en l’occurrence la crise en Côte d’Ivoire. Un absent notoire a été remarqué : Laurent Gbagbo, le président de Côte d’Ivoire.

Un conseil de paix et sécurité pour l’Afrique

Dans son discours d’ouverture du sommet, Thabo Mbeki a insisté sur l’engagement et la participation effective des pays africains dans les choix et décisions pris en commun et par les instances compétentes. Lors de la transformation de l’OUA en UA, il avait été décidé d’une prochaine création d’un parlement africain. Seuls neuf pays sur cinquante-trois ont ratifié le protocole d’accord. Thabo Mbeki a exhorté ses pairs à ratifier ce protocole, surtout celui portant sur la création d’un Conseil de paix et de sécurité de l’Union. A ce jour aucun pays africain n’a ratifié ce texte alors que «nous sommes tous convaincus qu’il nous aidera à répondre d’une manière plus efficace à la nécessité de donner au continent dans son ensemble une situation de paix et plus de sécurité pour ses habitants», a-t-il ajouté, faisant allusion à la crise en Côte d’Ivoire. Il souhaite qu’à la prochaine session de juillet 2003, à Maputo au Mozambique, que le Conseil de paix et sécurité de l’Union devienne une réalité.

Le président intérimaire de la Commission de l’Union africaine, l’Ivoirien Amara Essy, à propos de la Côte d’Ivoire, a regretté les mauvaises interprétations que suscite l’accord de Marcoussis, alors que dans le fond «le principe est bon» ajoute-t-il. Après les différentes interventions, il est apparu que l’Union africaine souhaite maintenant jouer un rôle plus intense pour la recherche d’une solution de paix en Côte d’Ivoire. Dès le mois d’octobre 2002, l’Union africaine avait désigné l’ancien président de Sao Tomé et Principe, Miguel Trovoada, comme le représentant spécial du président intérimaire de l’UA pour le conflit en Côte d’Ivoire. Mais dans le même temps elle avait choisi de laisser la priorité aux actions initiées par la CEDEAO et la France. Aujourd’hui, le relatif échec de ces initiatives pousse l’UA à reprendre la main. A huis clos, les chefs d’Etat africains consacrent l’après-midi entière du 3 février à la question ivoirienne. Il n’est pas exclu de poursuivre les débats jusqu’à la clôture des travaux. La Côte d’Ivoire a volé la vedette à République démocratique du Congo, au Burundi et au Rwanda qui ont entièrement occupé les dernières réunions au sommet de l’OUA puis de l’UA.

Néanmoins, l’UA étudiera à Addis-Abeba, l’envoi à la mi-février d’une mission africaine au Burundi, dont la tâche consistera à surveiller l’application effective des accords de cessez-le-feu signés entre le gouvernement burundais et les différents mouvements rebelles. Pour la RDC, l’UA se contentera certainement d’inciter tous les signataires de l’accord de Pretoria à installer dans les meilleurs délais le pouvoir de transition qui devra conduire aux élections libres dans les deux ans à venir.

L’Union africaine qui a succédé à l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en juillet 2002 en Afrique du Sud, n’est pas plus armée pour résoudre les multiples conflits qui secouent le continent. Le changement de nom n’a pas fondamentalement transformé les esprits. Le choc psychologique n’a pas eu lieu. Mais les dirigeants africains y croient toujours. En lieu et place du Mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits de l’OUA, l’UA va bientôt installer son Conseil de paix et sécurité de l’Union. Un changement de dénomination qui n’augure pas forcément d’une meilleure détermination que le précédent organe.



par Didier  Samson

Article publié le 03/02/2003