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Union africaine

Les premières heures de l’Union africaine

La nouvelle Union africaine est formellement née ce mardi à Durban en Afrique du Sud. Mais la pompe qui a entouré le passage de l’OUA à l’UA n’a pas pu masquer les difficultés à venir car les principaux acteurs et les problèmes restent les mêmes. Revue de détails.
De notre envoyée spéciale à Durban

Rwanda-RD Congo: tractations. D’intenses négociations se sont poursuivies dans les coulisses afin de mettre face à face le président de la RDC, Joseph Kabila et le dirigeant rwandais Paul Kagame dont les troupes opèrent toujours dans l’Est du pays.

Mugabe : en bonne place. On a pu voir le président contesté du Zimbabwe, Robert Mugabe, trôner aux côtés de ses pairs lors du dîner officiel offert lundi soir par les Sud-africains pour marquer l’événement.

Dos Santos : satisfait. Un autre chef d’Etat, l’Angolais José Eduardo Dos Santos présent également à Durban peut en revanche se féliciter de la paix retrouvée après la mort du chef des rebelles de l’UNITA Jonas Savimbi. L’Angola qui présidera à partir du mois d’août la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) veut désormais parler d’égal à égal avec l’Afrique du Sud rivale.

Diamants : contentieux réglé entre l’Angola et De Beers. Parmi les invités du dîner de gala de lundi soir figuraient plusieurs hommes d’affaires, dont Jonathan Oppenheimer, l’héritier de la dynastie qui dirige le géant minier de Beers. Le géant du diamant vient de trouver une issue au contentieux qui l’opposait à Luanda. Il faut rappeler que pour combattre officiellement la contrebande des diamants qui finançait l’UNITA, l’Angola avait imposé un seul canal de commercialisation des pierres précieuses à travers la compagnie ASCORP créée avec des capitaux angolais et ceux de l’homme d’affaires israélien Lev Levaiev. De Beers avait suspendu ses activités en Angola pour protester contre le refus des autorités de Luanda de lui laisser vendre elle-même les diamants de ses concessions. Le géant minier avait gagné deux actions en justice, l’une devant le tribunal arbitral de Londres et l’autre devant la Cour internationale de la Haye condamnant l’Angola à rembourser ses dettes auprès de la compagnie avec dommages et intérêts. L’accord qui vient d’être conclu et qui n’a pas encore été divulgué officiellement prévoit notamment, selon ces sources, la création d’une société mixte entre De Beers et la société d'état angolaise Endiama et l’abandon des poursuites.

UA : question de rythme. Sur le plan institutionnel de l’Union africaine, malgré les discours enflammés en sa faveur, de la part notamment du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont toujours pas réussi à se mettre d’accord sur le rythme de la mise en place des principales instances de la nouvelle organisation dont la Commission africaine. Certains partagent le point de vue libyen selon lequel la période de transition avant la mise en place effective des institutions ne devrait pas dépasser six mois. Mais une majorité semble se dégager pour qu’elle soit étendue à un an, jusqu’au prochain sommet prévu au Mozambique, afin de bien préparer les choses. Le colonel Kadhafi qui convoite le Parlement africain, voudrait, selon des sources africaines, organiser à Syrte un sommet extraordinaire dans six mois afin d’imprimer sa marque sur la nouvelle Union.

NEPAD : le nouveau partenariat en débat. Le débat se poursuit sur l’élargissement du comité directeur du NEPAD, le Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique par lequel elle aspire à mobiliser les efforts intérieurs et attirer l’aide des bailleurs de fonds et les investissement privés. Composé actuellement de quinze chefs d’Etat, le comité pourrait être étendu à une vingtaine de pays membres, choisis par région.
Autre problème à régler, celui du secrétariat du NEPAD, géré actuellement par le CEA, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique. Cette initiative africaine contient dans son programme tout ce à quoi aspire le continent pour sortir du sous-développement: exigence d’une bonne gestion politique et économique, transparence et respect des droits de l’homme ainsi que la notion de «contrôle par les pairs», c’est-à-dire le droit de vérifier ce que fait l’autre et de prendre des mesures en cas de violation des engagements pris, mais aussi celui d’interpeller les partenaires étrangers donneurs d’aide. Ce qui constitue un revirement total par rapport aux principes établis par l’OUA, non seulement sur l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation mais également sur la non-intervention dans les affaires intérieures d’un autre Etat. Il reste toutefois à voir si les principes peuvent devenir réalité ou resteront des vœux pieux dans un continent toujours frappé par la pauvreté et dont les populations sont décimées par le HIV/SIDA – dont on n'a pas beaucoup parlé à Durban.

A la tribune: cinq chefs d’Etat devaient prendre la parole après le président sud-africain, représentant chacun une région du continent: Kenya pour l’Afrique de l’Est, Gabon pour l’Afrique Centrale, le Togo pour l’Afrique de l’Ouest, la Zambie pour l’Afrique Australe et enfin la République arabe sahraouie démocratique dont l’admission à l’OUA avait entraîné le départ du Maroc.



par Marie  Joannidis

Article publié le 09/07/2002