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Irak

Bagdad détruit ses missiles <i>Al-Samoud II</i>

Bagdad a commencé, samedi 1er mars, à démanteler les missiles Al-Samoud II, comme l’exigent les Nations unies. Une décision saluée par les partisans de la paix. Au premier rang desquels: la France. Au contraire, pour Washington, il s’agit d’une «nouvelle tromperie». De leur côté, les Emirats Arabes Unis au sommet de la Ligue arabe en Egypte appellent Saddam Hussein à quitter le pouvoir.
L’Irak a une nouvelle fois cédé aux injonctions des inspecteurs de l’Onu. Bagdad a commencé samedi en fin de matinée à procéder à la destruction des missiles prohibés: les fameux Al-Samoud II. Ce sont eux, qui depuis plusieurs jours, focalisent l’attention internationale. En cause, leur rayon d’action trop important par rapport à ce qu’autorisent les Nations unies. En effet, après avoir été testée, la portée de ces missiles dépasserait de 30 km les 150 km autorisés. Depuis 1991, date de la fin de la guerre du Golfe, l’Irak n’est pas autorisé à importer, détenir ou fabriquer des missiles d’une portée supérieure à 150 kms.

Une réunion a eu lieu samedi matin entre responsables irakiens et onusiens, pour régler les modalités techniques de la destruction. Quatre missiles vont être détruits dans la journée de samedi sur le site d'Al-Taji, à 20 km au nord de Bagdad, sous la supervision de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations unies (Cocovinu). Le chef des inspecteurs en désarmement de l'Onu, Hans Blix, avait donné jusqu'au 1er mars à l'Irak pour commencer à éliminer son stock d'Al-Samoud 2, dont il existerait une centaine d'exemplaires. L’ensemble pourrait être détruit en deux semaines, selon les inspecteurs de l’Onu avec comme priorité les missiles déjà déployés dans l’armée irakienne. Les chambres de coulées utilisées dans la fabrication de ces engins doivent également être détruites. Pour Hans Blix, «cette décision de l’Irak est un geste important». «L’élément d’un vrai désarmement», a-t-il souligné vendredi quelques instants après avoir rendu son dernier rapport au Conseil de sécurité. Un rapport rendu caduc, du propre aveu de son rédacteur, car rédigé avant que Bagdad n’ait accepté la destruction des missiles Al-Samoud II.

«Désarmement et changement de régime»

De leur côté, les Américains et les Anglais minimisent ce geste. Pour Washington, il s’agit d’«une tromperie». La destruction de missiles irakiens prohibés entamée samedi semble avoir peu de chance de satisfaire le président Bush, qui apparaît avoir placé la barre plus haut en demandant à la fois le désarmement de l'Irak et le départ de Saddam Hussein. Selon les propres termes du porte-parole de la Maison Blanche, M.Fleischer: «Le président Bush a été parfaitement clair, il l'a dit plusieurs fois, il faut désarmement et changement de régime. Le président Bush a toujours prédit que l'Irak détruirait ses missiles Al-Samoud II dans le cadre de son jeu de tromperie». Une opération qui laisse également Londres sceptique puisque le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Sraw y voit «une nouvelle manœuvre cynique destinée à gagner du temps».

La France en revanche salue la décision de Bagdad. Le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin considère que c’est une preuve que la position de la France est la bonne: «il n’y a pas de raison d’abandonner la voix pacifique du désarmement de l’Irak. C’est la conviction d’une large majorité de la communauté internationale et du Conseil de sécurité». Un Conseil de sécurité des Nations unies toujours très divisé. D’un côté, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Espagne qui veulent une intervention militaire. De l’autre, la France, la Russie et l’Allemagne qui plaident pour un renforcement des inspections. Pour la première fois, la Russie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Igor Ivanov, a menacé de faire usage de son droit de veto au Conseil si «cela est nécessaire pour maintenir la stabilité dans le monde».

Dans ce refus à la guerre, les dirigeants arabes viennent de franchir un nouveau pas. Les chefs d’Etat arabes ont ouvert samedi le sommet de la Ligue arabe à Charm El-Cheikh en Egypte en proclamant leur refus d’une guerre en Irak, alors que les Emirats Arabes Unis provoquaient un coup de théâtre, en appelant Saddam Hussein à quitter le pouvoir. Cette initiative surprise des Emirats appelle «le président irakien Saddam Hussein à quitter le pouvoir et l’Irak, et à placer le pays sous la gestion de la Ligue arabe et de l’ONU, pour éviter une guerre».



par Myriam  Berber (avec AFP)

Article publié le 01/03/2003