Irak
Les humanitaires sur le pied de guerre en Jordanie
Avec les perspectives d´une guerre prochaine en Irak, les ONG et les organisations internationales accélèrent leurs préparatifs pour être prêts le jour J. Déjà les humanitaires ont investi Amman, qui doit devenir un centre logistique dans leur dispositif d´acheminement de l´aide d´urgence à la population irakienne.
De notre correspondant à Amman
L´intensification des bruits de bottes en Irak a donné le signal de la mobilisation de la planète humanitaire. «Nous sommes venus évaluer les besoins en cas de crise, et notamment d´afflux de réfugiés. Nous avons pris contact avec les autorités jordaniennes et les différentes agences des Nations unies, pour étudier nos possibilités d´intervention», explique Jennie Saint-Sulpice de Médecins du monde-France (MDM), une ONG qui opère depuis deux ans en Irak dans le cadre d´un programme de soutien aux hôpitaux pédiatriques à Mossoul, Bagdad et Bassorah.
Une trentaine d´ONG sont actuellement en Jordanie pour des missions exploratoires et se faire enregistrer auprès des pouvoir publics jordaniens. Pour les humanitaires, Amman constitue une base logistique de toute première importance dans leur dispositif d´acheminement de l´aide d´urgence, proche de l´Irak. «Nos stocks sont positionnés à Paris, poursuit Jennie Saint Sulpice, mais il nous faudra 48 heures pour les acheminer dans la région.»
Les ONG se préparent à faire face à les cas de figure. «L´évaluation est difficile, reconnait Inma Vasqez d´Action contre la faim (ACF), parce que nous ne voulons pas considérer que la guerre est inévitable, mais nous essayons tout de même d´analyser les conséquences théoriques d´un conflit en Irak».
Les agences humanitaires de l'ONU et les ONG redoutent un exode de centaines de milliers d´Irakiens. Au Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), le chiffre retenu en interne pour entreprendre une planification des secours est de 600 000 personnes. Les experts anticipent déjà d´importants mouvements de déplacés à l´intérieur de l´Irak et de réfugiés vers les pays voisins, notamment l'Iran et la Turquie.
Les autorités jordaniennes pourraient avoir à gérer un afflux estimé pour l´heure à 30 000 personnes. Deux camps d´accueil pour les réfugiés irakiens et les ressortissants d´autres nationalités, sont en cours d´installation à la frontière jordano-irakienne.
Toutes ces scénarios dépendront de la nature et de la durée du conflit, car la planification humanitaire n´a rien d´une science exacte. «Le Programme alimentaire mondial (PAM) a commencé à entreposer des vivres en Turquie, Iran, Jordanie et Syrie, pour venir en aide à environ 900 000 personnes durant trois mois», a expliqué récemment sa porte-parole Christiane Berthiaume. Les experts craignent une crise alimentaire si le système de l´ONU de distribution de nourriture à la population irakienne venait à s´interrompre pour une durée prolongée à cause des combats.
L´argent, nerf de la guerre humanitaire
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui dispose actuellement de 35 expatriés en Irak, a constitué des stocks d´aide d´urgence pour 150 000 personnes pendant les premières semaines du conflit. En Irak et dans ces bases, le CICR dispose de matériel médical pour faire fonctionner les hôpitaux, ainsi que de l'équipement nécessaire à la réparation des réseaux d'eau.
«Nous n´avons pas de scénario préétabli, explique un responsble du CICR, mais nous tenons à avoir le maximum de flexibilité dans nos opérations, quelque soit le cours des événements sur le terrain». Le CICR a déjà programmé une enveloppe financière pour l´Irak de 21 millions de francs suisses (environ 15 millions de dollars).
Pour le Haut commissariat de l´ONU aux réfugiés (HCR), l´état des finances pose problème. En décembre dernier, les Nations unies ont lancé un appel de fonds en direction des pays donateurs qui vise à recueillir 37 millions de dollars, dont 11 millions pour le HCR. Mais jusqu´à présent, les Etats se font tirer l´oreille pour débloquer les fonds.
Echo, le programme d´aide humanitaire européen, lui, n´a pas le mandat de financer des préparatifs. «Mais si la crise se déclenche, nous pourrons débloquer rétroactivement des financements pour nos partenaires humanitaires», explique Robert Watkins, représentant régional d´Echo. Hasard du calendrier, le programme européen vient d´inaugurer ses nouveaux locaux dans la capitale jordanienne. Prévu de longue date, ce déménagement tombe à pic, d´autant plus qu´il s´accompagne d´une augmentation du personnel local et expatrié qui passe de 6 à 16 personnes.
L´intensification des bruits de bottes en Irak a donné le signal de la mobilisation de la planète humanitaire. «Nous sommes venus évaluer les besoins en cas de crise, et notamment d´afflux de réfugiés. Nous avons pris contact avec les autorités jordaniennes et les différentes agences des Nations unies, pour étudier nos possibilités d´intervention», explique Jennie Saint-Sulpice de Médecins du monde-France (MDM), une ONG qui opère depuis deux ans en Irak dans le cadre d´un programme de soutien aux hôpitaux pédiatriques à Mossoul, Bagdad et Bassorah.
Une trentaine d´ONG sont actuellement en Jordanie pour des missions exploratoires et se faire enregistrer auprès des pouvoir publics jordaniens. Pour les humanitaires, Amman constitue une base logistique de toute première importance dans leur dispositif d´acheminement de l´aide d´urgence, proche de l´Irak. «Nos stocks sont positionnés à Paris, poursuit Jennie Saint Sulpice, mais il nous faudra 48 heures pour les acheminer dans la région.»
Les ONG se préparent à faire face à les cas de figure. «L´évaluation est difficile, reconnait Inma Vasqez d´Action contre la faim (ACF), parce que nous ne voulons pas considérer que la guerre est inévitable, mais nous essayons tout de même d´analyser les conséquences théoriques d´un conflit en Irak».
Les agences humanitaires de l'ONU et les ONG redoutent un exode de centaines de milliers d´Irakiens. Au Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), le chiffre retenu en interne pour entreprendre une planification des secours est de 600 000 personnes. Les experts anticipent déjà d´importants mouvements de déplacés à l´intérieur de l´Irak et de réfugiés vers les pays voisins, notamment l'Iran et la Turquie.
Les autorités jordaniennes pourraient avoir à gérer un afflux estimé pour l´heure à 30 000 personnes. Deux camps d´accueil pour les réfugiés irakiens et les ressortissants d´autres nationalités, sont en cours d´installation à la frontière jordano-irakienne.
Toutes ces scénarios dépendront de la nature et de la durée du conflit, car la planification humanitaire n´a rien d´une science exacte. «Le Programme alimentaire mondial (PAM) a commencé à entreposer des vivres en Turquie, Iran, Jordanie et Syrie, pour venir en aide à environ 900 000 personnes durant trois mois», a expliqué récemment sa porte-parole Christiane Berthiaume. Les experts craignent une crise alimentaire si le système de l´ONU de distribution de nourriture à la population irakienne venait à s´interrompre pour une durée prolongée à cause des combats.
L´argent, nerf de la guerre humanitaire
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui dispose actuellement de 35 expatriés en Irak, a constitué des stocks d´aide d´urgence pour 150 000 personnes pendant les premières semaines du conflit. En Irak et dans ces bases, le CICR dispose de matériel médical pour faire fonctionner les hôpitaux, ainsi que de l'équipement nécessaire à la réparation des réseaux d'eau.
«Nous n´avons pas de scénario préétabli, explique un responsble du CICR, mais nous tenons à avoir le maximum de flexibilité dans nos opérations, quelque soit le cours des événements sur le terrain». Le CICR a déjà programmé une enveloppe financière pour l´Irak de 21 millions de francs suisses (environ 15 millions de dollars).
Pour le Haut commissariat de l´ONU aux réfugiés (HCR), l´état des finances pose problème. En décembre dernier, les Nations unies ont lancé un appel de fonds en direction des pays donateurs qui vise à recueillir 37 millions de dollars, dont 11 millions pour le HCR. Mais jusqu´à présent, les Etats se font tirer l´oreille pour débloquer les fonds.
Echo, le programme d´aide humanitaire européen, lui, n´a pas le mandat de financer des préparatifs. «Mais si la crise se déclenche, nous pourrons débloquer rétroactivement des financements pour nos partenaires humanitaires», explique Robert Watkins, représentant régional d´Echo. Hasard du calendrier, le programme européen vient d´inaugurer ses nouveaux locaux dans la capitale jordanienne. Prévu de longue date, ce déménagement tombe à pic, d´autant plus qu´il s´accompagne d´une augmentation du personnel local et expatrié qui passe de 6 à 16 personnes.
par Christian Chesnot
Article publié le 01/03/2003