Algérie
Accueil triomphal pour Jacques Chirac à Alger
Jacques Chirac a été accueilli dimanche à Alger par plusieurs centaines de milliers d’Algériens en liesse. Le président français, qui entamait la première visite d’Etat d’un président français en Algérie depuis l’indépendance de ce pays en 1962, a signé avec son homologue Abdelaziz Bouteflika un traité d’amitié, la Déclaration d’Alger, dans lequel les deux pays s’engagent à établir un partenariat politique, économique et culturel renforcé. Dans un discours prononcé lundi devant les élus algériens, Jacques Chirac, qui a affirmé vouloir mettre en place «une nouvelle alliance algéro-française», s’est par ailleurs déclaré prêt à soutenir les efforts entrepris par Alger pour réformer son économie. Le président français a en outre profité de cette occasion pour réitérer son opposition à une guerre en Irak.
Les services de sécurité algériens et français étaient sur les dents dimanche. Plusieurs centaines de milliers d’Algériens s’étaient en effet massés sur le parcours emprunté par Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika. Tous étaient venus crier leur attachement à la France, leur soutien au président français dans son opposition à une guerre en Irak et certains, nombreux, pour réclamer des visas. Ne dérogeant pas à son habitude, Jacques Chirac a pris des bains de foule, échangeant poignées de mains et embrassades, au grand dam de ses gardes du corps et des policiers en civil et en uniforme qui tentaient de contenir les Algérois derrière des cordons de sécurité. Quelques rares fausses notes ont toutefois entaché ces scènes de liesse, comme ces pancartes de l’association SOS-Disparus arrachées parce qu’elles réclamaient la vérité sur ces 7 000 personnes enlevées et tuées durant «la sale guerre» ou encore ces militants kabyles empêchés de remettre une lettre au président Chirac.
Soucieux de montrer leur volonté de tourner la page des tensions passées, Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac ont multiplié les gestes symboliques. Après leur bain de foule, les deux hommes se sont en effet rendus à Bab el-Oued pour honorer les victimes des terribles inondations de novembre 2001 ou quelque 800 personnes étaient mortes. Le président français a ensuite déposé une gerbe au monument des Martyrs érigé en souvenir des morts de la guerre d’Algérie. Il a également remis au président Bouteflika le sceau du Dey d’Alger que celui-ci avait remis en 1830 aux autorités françaises, signant ainsi le début de la colonisation. «Le retour de ce symbole de souveraineté à l'Etat algérien vient dans mon esprit sceller les retrouvailles entre nos deux pays et entre nos peuples, ce nouvel élan dans nos relations», a notamment déclaré le président français.
Mais au delà du symbole, les deux présidents ont voulu concrétiser par la signature d’une Déclaration dite d’Alger, leur volonté d’établir un nouveau partenariat entre les deux pays. Dans ce texte de quatre pages, la France et l’Algérie affirment ainsi vouloir s’engager dans «la construction d’un avenir partagé». «Elles sont convenues, sans oublier le passé, de jeter les bases d'une relation globale forte, confiante et résolument tournée vers l'avenir», précise cette déclaration qui définit quatre «orientations fondamentales». La première de ces orientations prône un dialogue politique renforcé avec notamment une rencontre annuelle des deux chefs d’Etat et des consultations chaque semestre entre des deux chefs de la diplomatie. Paris réserve ainsi à Alger un traitement institutionnel de choix jusque-là appliqué à quelques pays européens et au Maroc. La seconde orientation concerne le partenariat économique pour lequel les deux pays s’engagent à encourager les investissements directs français en Algérie. Dans ce contexte, trois conventions de financements d’un montant de 95 millions ont été signés dimanche pour aider à la modernisation des petites et moyennes entreprises et financer des projets dans les domaines de l’eau, de l’habitat et du secteur bancaire. Les deux pays se sont par ailleurs engagés à développer une coopération culturelle, technique et scientifique avec notamment la création d’un Haut Conseil franco-algérien de coopération universitaire et de recherche. Une école supérieure algérienne des affaires pour former les cadres et les dirigeants d’entreprises devrait également être mise en place.
«Visas ! Visas !»
La quatrième orientation de la Déclaration d’Alger concerne la circulation des personnes et c’est sans doute sur ce thème que Jacques Chirac était le plus attendu en Algérie. Parmi les deux cent mille personnes venues l’accueillir, nombreuses étaient en effet celles qui scandaient «visas ! visas !», désireuses de quitter un pays miné par le chômage pour ce qu’elles estiment être encore un eldorado. Sur cette question sensible les deux parties se sont certes engagées «à favoriser la circulation des ressortissants algériens en France et des ressortissants français en Algérie», mais l’attente des Algériens risquent d’être déçue, Paris n’étant visiblement pas prêt à ouvrir ses frontières. Si le nombre de visas délivré par la France en 2002 est en effet de 183 000, soit trois fois plus que pendant les années 90 au plus dur de la guerre civile algérienne, il reste toutefois bien en de ça des 800 000 visas délivrés dans les années 80 par Paris.
Dans son discours devant les élus algériens, Jacques Chirac a réitéré ces différents engagements pour promouvoir «un partenariat d’exception». Il a affirmé vouloir mettre en place une nouvelle «alliance algéro-française». Le président français a rappelé qu’il existait un «passé douloureux» qu’il ne faut ni oublier ni renier. Mais, a-t-il affirmé, «un champ neuf et immense s’ouvre devant nous et nous nous y sommes engagés résolument». S’exprimant devant quelque 500 députés et sénateurs, Jacques Chirac a en outre tenu à rappeler la position de la France concernant la crise irakienne. Selon lui, «la France veut donner toutes ses chances à un désarmement par la paix». Dans une sévère mise en garde à Bagdad, qui pourtant a multiplié les signes de coopération ces derniers jours, il a affirmé que «Bagdad doit faire plus, coopérer davantage et plus activement». «Nous devons, a affirmé le président français, maintenir une forte pression sur l’Irak pour parvenir à l’élimination des armes de destruction massive».
Soucieux de montrer leur volonté de tourner la page des tensions passées, Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac ont multiplié les gestes symboliques. Après leur bain de foule, les deux hommes se sont en effet rendus à Bab el-Oued pour honorer les victimes des terribles inondations de novembre 2001 ou quelque 800 personnes étaient mortes. Le président français a ensuite déposé une gerbe au monument des Martyrs érigé en souvenir des morts de la guerre d’Algérie. Il a également remis au président Bouteflika le sceau du Dey d’Alger que celui-ci avait remis en 1830 aux autorités françaises, signant ainsi le début de la colonisation. «Le retour de ce symbole de souveraineté à l'Etat algérien vient dans mon esprit sceller les retrouvailles entre nos deux pays et entre nos peuples, ce nouvel élan dans nos relations», a notamment déclaré le président français.
Mais au delà du symbole, les deux présidents ont voulu concrétiser par la signature d’une Déclaration dite d’Alger, leur volonté d’établir un nouveau partenariat entre les deux pays. Dans ce texte de quatre pages, la France et l’Algérie affirment ainsi vouloir s’engager dans «la construction d’un avenir partagé». «Elles sont convenues, sans oublier le passé, de jeter les bases d'une relation globale forte, confiante et résolument tournée vers l'avenir», précise cette déclaration qui définit quatre «orientations fondamentales». La première de ces orientations prône un dialogue politique renforcé avec notamment une rencontre annuelle des deux chefs d’Etat et des consultations chaque semestre entre des deux chefs de la diplomatie. Paris réserve ainsi à Alger un traitement institutionnel de choix jusque-là appliqué à quelques pays européens et au Maroc. La seconde orientation concerne le partenariat économique pour lequel les deux pays s’engagent à encourager les investissements directs français en Algérie. Dans ce contexte, trois conventions de financements d’un montant de 95 millions ont été signés dimanche pour aider à la modernisation des petites et moyennes entreprises et financer des projets dans les domaines de l’eau, de l’habitat et du secteur bancaire. Les deux pays se sont par ailleurs engagés à développer une coopération culturelle, technique et scientifique avec notamment la création d’un Haut Conseil franco-algérien de coopération universitaire et de recherche. Une école supérieure algérienne des affaires pour former les cadres et les dirigeants d’entreprises devrait également être mise en place.
«Visas ! Visas !»
La quatrième orientation de la Déclaration d’Alger concerne la circulation des personnes et c’est sans doute sur ce thème que Jacques Chirac était le plus attendu en Algérie. Parmi les deux cent mille personnes venues l’accueillir, nombreuses étaient en effet celles qui scandaient «visas ! visas !», désireuses de quitter un pays miné par le chômage pour ce qu’elles estiment être encore un eldorado. Sur cette question sensible les deux parties se sont certes engagées «à favoriser la circulation des ressortissants algériens en France et des ressortissants français en Algérie», mais l’attente des Algériens risquent d’être déçue, Paris n’étant visiblement pas prêt à ouvrir ses frontières. Si le nombre de visas délivré par la France en 2002 est en effet de 183 000, soit trois fois plus que pendant les années 90 au plus dur de la guerre civile algérienne, il reste toutefois bien en de ça des 800 000 visas délivrés dans les années 80 par Paris.
Dans son discours devant les élus algériens, Jacques Chirac a réitéré ces différents engagements pour promouvoir «un partenariat d’exception». Il a affirmé vouloir mettre en place une nouvelle «alliance algéro-française». Le président français a rappelé qu’il existait un «passé douloureux» qu’il ne faut ni oublier ni renier. Mais, a-t-il affirmé, «un champ neuf et immense s’ouvre devant nous et nous nous y sommes engagés résolument». S’exprimant devant quelque 500 députés et sénateurs, Jacques Chirac a en outre tenu à rappeler la position de la France concernant la crise irakienne. Selon lui, «la France veut donner toutes ses chances à un désarmement par la paix». Dans une sévère mise en garde à Bagdad, qui pourtant a multiplié les signes de coopération ces derniers jours, il a affirmé que «Bagdad doit faire plus, coopérer davantage et plus activement». «Nous devons, a affirmé le président français, maintenir une forte pression sur l’Irak pour parvenir à l’élimination des armes de destruction massive».
par Mounia Daoudi
Article publié le 03/03/2003