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Irak

Blix demande plusieurs mois pour conclure les inspections

Le chef des inspecteurs en désarmement de l’Onu a présenté, peut-être pour la dernière fois, son rapport sur le désarmement de l’Irak.
Sous la présidence de la Guinée, qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité, Hans Blix, le chef des inspecteurs en désarmement de l’Onu, a commencé la présentation de son rapport devant les quinze membres du Conseil de sécurité, où onze ministres des Affaires étrangères représentent leur pays.

Ce rapport, a précisé Hans Blix, a été achevé voici dix jours, et un certain nombre d’événements sont intervenus depuis, ce qui l’amène à le compléter oralement devant le Conseil. Il s’est déclaré déçu que la déclaration irakienne datée du 7 décembre n’ait pas permis d’obtenir de nouvelles preuves comme le demandait la résolution 1441. Pour le chef des inspecteurs, deux commentaires s’imposent : les Irakiens doivent fournir des listes complémentaires de ce qui a été détruit, et comme il doit y avoir des témoins, les inspecteurs doivent pouvoir avoir des entretiens avec des scientifiques irakiens hors de tout témoin afin d’éviter les pressions. Mais, précise-t-il, les dix entretiens (dont sept la semaine dernière) qui ont déjà eu lieu se sont révélées utiles.

Pour Hans Blix, on a enregistré certains progrès ces jours-ci. Un total de 34 missiles Al Samoud II ont été détruits à ce jour. En revanche, il subsiste une incertitude sur les quantités d’agents chimiques et biologiques ont été détruits par l’Irak.

Bagad a-t-il coopéré pleinement avec la Cocovinu, comme le demandait la résolution 1441 ? Sans se prononcer directement sur la question, Blix remarque qu’après une période initiale de coopération peu enthousiaste de la part de l’Irak, depuis le mois de janvier, on assiste à une coopération plus active de sa part.

Pour conclure, le chef des inspecteurs a indiqué que la Cocovinu préparait son programme d’inspections, comme le demande la résolution 1284. Combien de temps faudra-t-il pour désarmer l’Irak, si ce dernier confirme sa «coopération proactive induite par la pression extérieure», s’interroge Blix ? Cela peut être «rapide, mais pas instantané». Cela ne prendra, conclut-il, ni des années, ni des semaines, mais plusieurs mois.

Pour sa part, le directeur de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) Mohammed el-Baradeï, a estimé qu’il n’y avait pas de preuve que l’Irak utilisait des tubes d’aluminium pour des programmes nucléaires prohibés. Démentant des informations de source américaine ou britannique, el-Baradeï a ajouté que l’Irak n’avait pas acheté d’uranium au Niger et que ses inspecteurs n’avaient trouvé aucun signe d’activité nucléaire interdite.

Premier à intervenir à la suite des deux inspecteurs en chef, le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer a estimé que «e si l'Irak ne s'est pas totalement conformée aux exigences» de l'Onu et de l'Agence internationale de l'énergie atomique, cette coopération s'est néanmoins améliorée, «ce qui est un développement positif». Ceci «montre que ces efforts ne devraient pas être abandonnés a ajouté Fischer, pour qui «les moyens de parvenir à un désarmement pacifique sont loin d'être épuisés».

De son côté , le secrétaire d’État américain Colin Powell commence par rappeler que l’Irak s’est engagé à détruire ses armes de destruction massive. L’a-t-il fait ? Pour l’Américain, la réponse ne dépend pas du nombre des inspecteurs ni de la durée des inspections, mais uniquement de la volonté réelle des Irakiens de désarmer. S’appuyant sur les propos de Blix et el-Baradeï, Colin Powell note que même s’il y a des progrès, ils se font au compte-gouttes et que l’Irak ne coopère pas, comme le demande la résolution 1441 immédiatement et inconditionnellement. Pour Powell, l’attitude de l’Irak, telle que révélée par les rapports de Blix et el-Baradeï est un «catalogue de non-coopération» et le secrétaire d’État annonce le vote d’une résolution «dans un avenir très proche».

Sergueï Ivanov, le chef de la diplomatie russe, se prononce «fermement» pour la poursuite des inspections et souhaite régler la crise irakienne «par des moyens politiques.

Pour la France, Dominique de Villepin considère que «Les éléments d’un vrai désarmement sont désormais constatés. Pour lui, l’Irak représente un danger moins important qu’en 1991. En tout état de cause, martèle le ministre français, «Nous ne pouvons pas accepter un ultimatum dès lors que les inspecteurs font état de progrès dans la coopération. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, la France ne laissera pas passer une résolution qui autoriserait le recours automatique à la force. Et de Villepin de conclure par une proposition : un sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays membres du Conseil de sécurité.

Le chef de la diplomatie chinoise, Tang Jiaxuan, parle quant à lui de «grands progrès» dans les inspections et se déclare opposé à une nouvelle résolution sur l’Irak.

Ana de Palacio, pour l’Espagne, exprime sa préférence pour un désarmement pacifique de l’Irak mais rend Saddam Hussein responsable, par son manque de coopération, d’une guerre.

Le Britannique Jack Straw estime que l’Irak est en violation flagrante de ses obligations, ce qui implique, selon la résolution 1441, de «sérieuses conséquences», autrement dit le recours à la force. Pour lui, en dépit des progrès rapportés par MM. Blix et el-Baradeï dans le désarmement irakien, il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg. Apostrophant le ministre français par son prénom, Jack Straw a réfuté point par point les arguments mis en avant par «Dominique», soulignant que tout ce qui avait été obtenu jusqu’à présent ne l’avait été que parce que 250 000 jeunes Américains et Britanniques étaient prêts à risquer leur vie pour le compte des Nations unies. Le choix entre la paix et la guerre, selon le ministre britannique, appartient à saddam Hussein et à lui seul.



Article publié le 07/03/2003