Irak
L'ONU dans l'impasse
Le Conseil de sécurité reste profondément divisé sur la crise irakienne. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis veulent faire passer un projet de résolution autorisant la guerre en Irak après le 17 mars, mais ils ne disposent toujours pas des neuf voix nécessaires. La France menace d'utiliser son droit de veto.
De notre correspondant à New York (Nations unies)
La fenêtre diplomatique est en train de se refermer, à l'ONU. Les Etats-Unis sont déterminés à demander un vote du Conseil de sécurité à partir de mardi. Le texte qu'ils soutiennent désormais a été théâtralement déposé vendredi sur la table du Conseil de sécurité par le ministre des Affaires étrangères britannique Jack Straw. Il s'agit d'un projet de résolution extrêmement alambiqué, qui concrètement, autorise une guerre contre l'Irak à partir du 17 mars. A cette date, si l'Irak s'est totalement désarmé, le Conseil de sécurité pourrait toujours stopper la machine de guerre. Mais la situation serait alors renversée. Aujourd'hui, les pays favorables à la guerre doivent rassembler une majorité de voix sur leur projet, et ils prennent le risque de subir un veto. Mardi, si le texte britannique est adopté, il reviendra aux pays opposés à la guerre de rassembler une majorité de voix, pour éviter un conflit armé le 17 mars. Et si les Etats-Unis ou la grande-Bretagne veulent malgré tout partir en guerre en toute légalité à cette date, ils n'auront qu'à utiliser leur droit de veto.
Pour Paris, il ne s'agit donc pas d'une proposition de compromis. «La France ne peut pas accepter la logique de guerre, de l'ultimatum, ou du recours automatique à la force. En conséquence, l'amendement britannique n'est pas acceptable pour nous, » explique à RFI Dominique de Villepin. Pour de nombreux diplomates du Conseil, les propositions britanniques de dernières minutes ne représentent rien d'autre qu'une grossière tentative de déguiser une résolution dont le seul but est d'autoriser la guerre. «Tony Blair est désespéré, il a besoin de l'ONU à tout prix pour faire face à son opinion publique qui ne veut pas de la guerre, explique un diplomate. Pour remporter l'adhésion des pays hésitants, il était prêt à repousser une action armée de plusieurs semaines, mais la Maison Blanche a refusé». Au terme d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité vendredi, le texte américano-hispano-britannique ne semblait pas rassembler plus de quatre voix sur quinze.
Dominique de Villepin part pour l'Afrique
Après le rapport plutôt positif des inspecteurs de l'ONU qui demandent quelques mois supplémentaires, aucun des pays indécis du Conseil (le Cameroun, la Guinée, l'Angola, le Chili, le Mexique et le Pakistan) n'a basculé vendredi dans le camp américain. La plupart d'entre eux ont, au contraire, soutenu le processus d'inspection, la recherche d'une solution pacifique et d'un consensus au Conseil de sécurité. Cette indécision fait d'ailleurs les affaires de la France, dans la mesure où elle prive Washington des neufs voix nécessaires, et dispense Paris, en l'état actuel des choses, de faire usage de son droit de veto, politiquement très coûteux. La pression qui pèse sur les «petits pays» du Conseil reste toutefois énorme. Dominique de Villepin part d'ailleurs samedi pour l'Afrique, où il tentera de s'assurer du soutien des trois chefs d'Etat dont la voix pèsera lourd au Conseil. Les Etats-Unis maintiennent également d'intenses tractations diplomatiques.
Mais avec ou sans soutien, les Etats-Unis demanderont un vote, pour défier les pays du Conseil de s'opposer à la première puissance mondiale. Si cette stratégie d'intimidation fonctionne et que Washington rassemble neuf voix, il y a de fortes chances pour que la France, la Russie, et peut-être la Chine fassent usage de leur droit de veto. «La France ne laissera pas passer une résolution qui autoriserait le recours à la force», a prévenu Dominique de Villepin ajoutant qu'au moment du vote «face à leurs peuples et face au monde, les chefs d'Etat et de gouvernement doivent se réunir ici (à l'ONU)». Les Etats-Unis semblaient vivement opposés à cette idée : le président Bush risquerait de subir une humiliation publique. Au bout du compte, la réunion du Conseil de sécurité n'a fait qu'exacerber les tensions. La Russie, la Chine, l'Allemagne et la Syrie restent rangées sans ambiguïté dans le camp français. La Bulgarie et l'Espagne soutiennent toujours le camp américano-britannique. Les autres pays observent les grandes puissances échanger des coups, et espèrent encore ne pas avoir à prendre parti.
La fenêtre diplomatique est en train de se refermer, à l'ONU. Les Etats-Unis sont déterminés à demander un vote du Conseil de sécurité à partir de mardi. Le texte qu'ils soutiennent désormais a été théâtralement déposé vendredi sur la table du Conseil de sécurité par le ministre des Affaires étrangères britannique Jack Straw. Il s'agit d'un projet de résolution extrêmement alambiqué, qui concrètement, autorise une guerre contre l'Irak à partir du 17 mars. A cette date, si l'Irak s'est totalement désarmé, le Conseil de sécurité pourrait toujours stopper la machine de guerre. Mais la situation serait alors renversée. Aujourd'hui, les pays favorables à la guerre doivent rassembler une majorité de voix sur leur projet, et ils prennent le risque de subir un veto. Mardi, si le texte britannique est adopté, il reviendra aux pays opposés à la guerre de rassembler une majorité de voix, pour éviter un conflit armé le 17 mars. Et si les Etats-Unis ou la grande-Bretagne veulent malgré tout partir en guerre en toute légalité à cette date, ils n'auront qu'à utiliser leur droit de veto.
Pour Paris, il ne s'agit donc pas d'une proposition de compromis. «La France ne peut pas accepter la logique de guerre, de l'ultimatum, ou du recours automatique à la force. En conséquence, l'amendement britannique n'est pas acceptable pour nous, » explique à RFI Dominique de Villepin. Pour de nombreux diplomates du Conseil, les propositions britanniques de dernières minutes ne représentent rien d'autre qu'une grossière tentative de déguiser une résolution dont le seul but est d'autoriser la guerre. «Tony Blair est désespéré, il a besoin de l'ONU à tout prix pour faire face à son opinion publique qui ne veut pas de la guerre, explique un diplomate. Pour remporter l'adhésion des pays hésitants, il était prêt à repousser une action armée de plusieurs semaines, mais la Maison Blanche a refusé». Au terme d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité vendredi, le texte américano-hispano-britannique ne semblait pas rassembler plus de quatre voix sur quinze.
Dominique de Villepin part pour l'Afrique
Après le rapport plutôt positif des inspecteurs de l'ONU qui demandent quelques mois supplémentaires, aucun des pays indécis du Conseil (le Cameroun, la Guinée, l'Angola, le Chili, le Mexique et le Pakistan) n'a basculé vendredi dans le camp américain. La plupart d'entre eux ont, au contraire, soutenu le processus d'inspection, la recherche d'une solution pacifique et d'un consensus au Conseil de sécurité. Cette indécision fait d'ailleurs les affaires de la France, dans la mesure où elle prive Washington des neufs voix nécessaires, et dispense Paris, en l'état actuel des choses, de faire usage de son droit de veto, politiquement très coûteux. La pression qui pèse sur les «petits pays» du Conseil reste toutefois énorme. Dominique de Villepin part d'ailleurs samedi pour l'Afrique, où il tentera de s'assurer du soutien des trois chefs d'Etat dont la voix pèsera lourd au Conseil. Les Etats-Unis maintiennent également d'intenses tractations diplomatiques.
Mais avec ou sans soutien, les Etats-Unis demanderont un vote, pour défier les pays du Conseil de s'opposer à la première puissance mondiale. Si cette stratégie d'intimidation fonctionne et que Washington rassemble neuf voix, il y a de fortes chances pour que la France, la Russie, et peut-être la Chine fassent usage de leur droit de veto. «La France ne laissera pas passer une résolution qui autoriserait le recours à la force», a prévenu Dominique de Villepin ajoutant qu'au moment du vote «face à leurs peuples et face au monde, les chefs d'Etat et de gouvernement doivent se réunir ici (à l'ONU)». Les Etats-Unis semblaient vivement opposés à cette idée : le président Bush risquerait de subir une humiliation publique. Au bout du compte, la réunion du Conseil de sécurité n'a fait qu'exacerber les tensions. La Russie, la Chine, l'Allemagne et la Syrie restent rangées sans ambiguïté dans le camp français. La Bulgarie et l'Espagne soutiennent toujours le camp américano-britannique. Les autres pays observent les grandes puissances échanger des coups, et espèrent encore ne pas avoir à prendre parti.
par Philippe Bolopion
Article publié le 09/03/2003