Centrafrique
Préoccupations sécuritaires
Le général Bozizé promet d’organiser une transition politique de large concertation. Mais, il entend d’abord «parer à toute éventualité», pillages ou contre-offensive. Il demande le renforcement des troupes de la CEMAC et le maintien des troupes françaises venues à Bangui.
Fraîchement autoproclamé président, le général Bozizé tient à consolider ses positions et il se cherche des appuis. Son armée disparate, ses soldats souvent improvisés ne sont pas à l’abri d’un revers de fortune. Son arrivée au pouvoir risque de contrarier considérablement les visées d’un Jean-Pierre Bemba par exemple, chef de la rébellion du Mouvement congolais de libération et allié d’Ange-Félix Patasse.
Alors, «pour garantir la stabilité dans le pays» le général Bozizé propose que les 310 militaires gabonais, congolais et équato-guinéens déployés à Bangui depuis décembre dernier reçoivent le renforts de contingents de tous les autres Etats membres de la CEMAC, à savoir le Cameroun mais surtout bien sûr le Tchad qui lui a servi d’asile et d’allié pendant sa retraite forcée. Le chef de la diplomatie tchadienne était d’ailleurs attendu mardi à Bangui où sont arrivés dans la matinée ses homologues congolais et gabonais, Rodolphe Adada et Jean Ping. Ils avaient rendez-vous avec les responsables militaires de la force africaine dont la mission était d’assurer la protection du président Patasse en remplacement d’un contingent libyen.
Mais samedi, la force africaine n’a défendu ni le fauteuil présidentiel, ni l’homme, en l’absence opportune d’Ange-Félix Patasse. Il est aujourd’hui en exil humanitaire et provisoire à Yaoundé qui lui cherche un autre point de chute, peut-être au Gabon ou en Libye. Toujours est-il que le coup d’État de samedi bouscule quand même la mission CEMAC qui a d’ailleurs perdu trois soldats congolais, tués lord de la prise de Bangui.
L’action militaire de Bozizé aurait aussi irrité le président gabonais Omar Bongo, si l’on en croit des sources diplomatiques africaines. Mais pour sa part, le général désormais président assure qu’il n’en est rien, qu’ils se sont déjà expliqué par téléphone et promis de se voir. Quant au diplomate congolais, Rodolphe Adada dont le pays assure actuellement la présidence de la CEMAC, il a déclaré mardi que l’élargissement de la CEMAC demandé par le général Bozizé «est une option que les chefs d’Etat auront à étudier», lors d’un «sommet qui devra de toute façon avoir lieu» pour redéfinir le mandat CEMAC compte tenu de l’évolution de la situation, a précisé de son côté Jean Ping, le chef de la diplomatie gabonaise.
«Ils vont voir le maçon au pied du mur !»
«Fermement» condamné dimanche par la CEMAC qu’il a fustigé lui-même dans le passé, le général Bozizé espère aujourd’hui qu’elle va l’aider à conforter la situation à Bangui, avec, dit-il, «le soutien des forces françaises venues pour l’évacuation des ressortissants étrangers». Dès lundi, la France a en effet déployé 300 soldats sur l’aéroport de la capitale centrafricaine et mis en place un pont aérien en direction de Libreville. Mardi, une centaine de personnes devaient prendre place dans un Transall français en direction du Gabon. Parmi elles, une demi-douzaine de citoyens américains, à la demande de Washington qui a confié à Paris ses ressortissants en Centrafrique. Mais Paris a fermé ses deux anciennes bases militaires dans le pays entre 1997 et 1998. Et pour le moment, la diplomatie française appelle à un dialogue sans exclusive pour un retour «à la paix civile et à la cohésion nationale».
Sans doute, le général-président ne désespère-t-il pas de convaincre Paris qui l’avait accueilli après les manœuvres de conciliations affichées entre le président tchadien Idriss Deby et Ange-Félix Patasse. L’heure était alors à la réconciliation nationale tous azimuts avec une concertation politique dont le premier round était prévu à Libreville. Aujourd'hui, c’est avec le général Bozizé que la classe politique espère pouvoir se concerter au plus vite.
«Ils vont voir le maçon au pied du mur !», assure le tombeur de Patasse, interrogé sur sa volonté réelle de remettre rapidement le pouvoir aux civils. Il a promis en effet de mettre en place rapidement les organes d’une transition qui devrait conduire à des élections. Cette transition, il promet de la construire avec l’ensemble des «forces vives de la Nation», mais aussi avec les partis d’opposition et même avec les anciens présidents. Alors «André Kolingba peut-il rentrer de Kampala ? Oui, bien sûr ! répond le général Bozizé. Et Ange-Félix Patasse ? Tout dépend de lui !» On aura compris que retour et concertation se feront… à ses conditions. A Bangui, la coordination de l’opposition de la CPPO (Concertation des partis politiques d’opposition) est impatiente de discuter «du programme de transition consensuel» préconisé par Bozizé.
La CPPO a décidé en quelque sorte de le prendre au mot, sur ses promesses. Faute de dialogue avec Patassé (promis fin novembre), ce sera donc avec Bozizé, et absolument sans regrets. Mais la CPPO rassemble douze partis politiques à l’exception notable des deux principaux partis parlementaires, le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) et le Mouvement pour la démocratie et le développement (MDD) des anciens présidents André Kolingba et David Dacko. Quant aux forces vives, l’un de ses chefs de file, le pasteur Josué Binoua rappelle les priorités de la société civile : «le peuple qui ne mange pas à sa faim et les travailleurs qui croupissent dans la misère à cause des arriérés de salaire».
Ecouter également:
François Bozizé, président autoproclamé de la République centrafricaine est l'Invité Afrique de RFI (18 mars 2003).
Alors, «pour garantir la stabilité dans le pays» le général Bozizé propose que les 310 militaires gabonais, congolais et équato-guinéens déployés à Bangui depuis décembre dernier reçoivent le renforts de contingents de tous les autres Etats membres de la CEMAC, à savoir le Cameroun mais surtout bien sûr le Tchad qui lui a servi d’asile et d’allié pendant sa retraite forcée. Le chef de la diplomatie tchadienne était d’ailleurs attendu mardi à Bangui où sont arrivés dans la matinée ses homologues congolais et gabonais, Rodolphe Adada et Jean Ping. Ils avaient rendez-vous avec les responsables militaires de la force africaine dont la mission était d’assurer la protection du président Patasse en remplacement d’un contingent libyen.
Mais samedi, la force africaine n’a défendu ni le fauteuil présidentiel, ni l’homme, en l’absence opportune d’Ange-Félix Patasse. Il est aujourd’hui en exil humanitaire et provisoire à Yaoundé qui lui cherche un autre point de chute, peut-être au Gabon ou en Libye. Toujours est-il que le coup d’État de samedi bouscule quand même la mission CEMAC qui a d’ailleurs perdu trois soldats congolais, tués lord de la prise de Bangui.
L’action militaire de Bozizé aurait aussi irrité le président gabonais Omar Bongo, si l’on en croit des sources diplomatiques africaines. Mais pour sa part, le général désormais président assure qu’il n’en est rien, qu’ils se sont déjà expliqué par téléphone et promis de se voir. Quant au diplomate congolais, Rodolphe Adada dont le pays assure actuellement la présidence de la CEMAC, il a déclaré mardi que l’élargissement de la CEMAC demandé par le général Bozizé «est une option que les chefs d’Etat auront à étudier», lors d’un «sommet qui devra de toute façon avoir lieu» pour redéfinir le mandat CEMAC compte tenu de l’évolution de la situation, a précisé de son côté Jean Ping, le chef de la diplomatie gabonaise.
«Ils vont voir le maçon au pied du mur !»
«Fermement» condamné dimanche par la CEMAC qu’il a fustigé lui-même dans le passé, le général Bozizé espère aujourd’hui qu’elle va l’aider à conforter la situation à Bangui, avec, dit-il, «le soutien des forces françaises venues pour l’évacuation des ressortissants étrangers». Dès lundi, la France a en effet déployé 300 soldats sur l’aéroport de la capitale centrafricaine et mis en place un pont aérien en direction de Libreville. Mardi, une centaine de personnes devaient prendre place dans un Transall français en direction du Gabon. Parmi elles, une demi-douzaine de citoyens américains, à la demande de Washington qui a confié à Paris ses ressortissants en Centrafrique. Mais Paris a fermé ses deux anciennes bases militaires dans le pays entre 1997 et 1998. Et pour le moment, la diplomatie française appelle à un dialogue sans exclusive pour un retour «à la paix civile et à la cohésion nationale».
Sans doute, le général-président ne désespère-t-il pas de convaincre Paris qui l’avait accueilli après les manœuvres de conciliations affichées entre le président tchadien Idriss Deby et Ange-Félix Patasse. L’heure était alors à la réconciliation nationale tous azimuts avec une concertation politique dont le premier round était prévu à Libreville. Aujourd'hui, c’est avec le général Bozizé que la classe politique espère pouvoir se concerter au plus vite.
«Ils vont voir le maçon au pied du mur !», assure le tombeur de Patasse, interrogé sur sa volonté réelle de remettre rapidement le pouvoir aux civils. Il a promis en effet de mettre en place rapidement les organes d’une transition qui devrait conduire à des élections. Cette transition, il promet de la construire avec l’ensemble des «forces vives de la Nation», mais aussi avec les partis d’opposition et même avec les anciens présidents. Alors «André Kolingba peut-il rentrer de Kampala ? Oui, bien sûr ! répond le général Bozizé. Et Ange-Félix Patasse ? Tout dépend de lui !» On aura compris que retour et concertation se feront… à ses conditions. A Bangui, la coordination de l’opposition de la CPPO (Concertation des partis politiques d’opposition) est impatiente de discuter «du programme de transition consensuel» préconisé par Bozizé.
La CPPO a décidé en quelque sorte de le prendre au mot, sur ses promesses. Faute de dialogue avec Patassé (promis fin novembre), ce sera donc avec Bozizé, et absolument sans regrets. Mais la CPPO rassemble douze partis politiques à l’exception notable des deux principaux partis parlementaires, le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) et le Mouvement pour la démocratie et le développement (MDD) des anciens présidents André Kolingba et David Dacko. Quant aux forces vives, l’un de ses chefs de file, le pasteur Josué Binoua rappelle les priorités de la société civile : «le peuple qui ne mange pas à sa faim et les travailleurs qui croupissent dans la misère à cause des arriérés de salaire».
Ecouter également:
François Bozizé, président autoproclamé de la République centrafricaine est l'Invité Afrique de RFI (18 mars 2003).
par Monique Mas
Article publié le 18/03/2003