Centrafrique
Contre-offensive victorieuse des rebelles congolais
Depuis la mi-février, les forces loyalistes au président Ange-Félix Patassé, soutenues par les rebelles congolais de Jean-Pierre Bemba ont repris tout un collier de villes aux rebelles de Bozizé, encadrés par des officiers tchadiens. Cette contre-offensive victorieuse a permis au président Patassé de desserrer l’étaux des rebelles autour de Bangui et au MLC de Jean-Pierre Bemba, dont l’état major est à Gbadolite, de rouvrir la route commerciale stratégique qui relie Gbadolite à Bangui, via la ville de Mobaye, sur la rivière Oubangui.
De notre envoyé spécial à Sibut
Des maisons en torchis surmontées de toits en tôle. Une rivière qui se love comme un serpent. Une route poussiéreuse en cette saison sèche: Sibut est plus un grand village qu’une ville. Située à 180 kilomètres au nord de Bangui, à mi-chemin entre la République Démocratique du Congo et le Tchad, cette localité tranquille avait été prise en octobre dernier par les rebelles de Bozizé. L’occupation s’est passé sans heurts majeurs entre les rebelles et la population, mais la plupart des bâtiments administratifs, symboles du pouvoir du président Patassé ont été saccagés et pillés. Presque toutes les autorités administratives ont fui. Beaucoup ont trouvé refuge à Bangui. D’autres ont pénétré dans les forêts environnantes, à proximité des villages.
Les rebelles congolais du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba qui ont repris cette localité sans combats le 14 février dernier, y circulent dans une vieille jeep. Le chauffeur, Kalachnikov en bandoulière, arbore un foulard aux couleurs des États-Unis. A ses côtés, son commandant, le major Kamis Losuna, s’est fait pousser une barde à la «Ben Laden». C’est dire à quel point ici les repères sont flous. Les «États-Unis», «Ben Laden». L’un et l’autre représentent avant tout aux yeux de ces congolais le symbole de la violence. Et, faute d’une idéologie plus élaborée, cela leur donne une caution aux yeux de leur troupe: principalement des enfants.
Une partie de population de Sibut, terrorisée par la prise de la ville en octobre dernier par les rebelles de Bozize, était toujours en fuite le 21 février, une semaine après la reprise de Sibut par les forces loyalistes soutenues par les Congolais du MLC. Mais le vicaire de la paroisse de la Sainte Famille, l’une des rares autorités qui a eu le courage de rester durant l’occupation de la ville par les rebelles majoritairement musulmans de Bozizé, se veut rassurant.
«Les diamants aux Africains»
«En tant qu’institution, l’Église catholique n’a pas voulu se laisser dominer. Nous avons essayé de vivre malgré les pillages. Nous avons dit aux gens de ne pas courir dans la brousse où il y a de serpents. Quant aux rebelles de Bozize et aux rebelles congolais, ils ont effectivement fait des exactions, des vols surtout, mais de façon isolée», assure l’abbé Yambassa.
Il est assis sur une chaise à l’ombre d’un manguier aux côtés des autres autorités de la ville et notamment du maire de Sibut, Gabriel Dotte, qui vient à peine de sortir de la forêt où il s’est caché durant plus de trois mois. «Les rebelles de Bozizé sont arrivés en catastrophe dans la ville en octobre dernier. Ils m’ont tout ramassé dans la maison. Actuellement je suis nu et j’ai perdu 25 kg», explique-t-il. La prétendue nudité du maire de Sibut est contredite néanmoins par son habillement: une chemise et un pantalon.
Une délégation gouvernementale conduite par des militaires du MLC est arrivée à Sibut vendredi dernier avec des journalistes à bord d’un hélicoptère affrété par le MLC. Soucieux de rassurer la population, Thomas Luhaka, l’un des cadres militaires de Jean-Pierre Bemba, a déclaré aux femmes et aux enfants pressés devant lui, qu’il était «temps que les richesses de l’Afrique reviennent aux Africains… Notamment les diamants…».
Une préoccupation de rendement partagée par Lionel Ganne Beffio, un Breton d’une quarantaine d’année qui dit avoir passé 23 ans en République Centrafricaine et qui porte aujourd’hui le titre peu ordinaire de «gouverneur du palais de la Renaissance» et de «chargé de mission particulier à la présidence de la République». Selon Lionel Ganne Beffio, qui parle avec une arme automatique dans sa main droite, «comme chacun le sait, le pétrole puisé au Tchad se trouve dans une marmite située à 75% sur le territoire centrafricain. Dans les transactions faites par les grands groupes pétroliers, la RCA et son peuple ont été complètement oubliés. Or, le président Patassé demande à bénéficier d’une part des recettes dégagées par le pétrole tchadien qui est aussi le nôtre».
Cependant, pour Jean-Pierre Bemba, cette contre-offensive fait déjà partie du passé. «Nous ne sommes pas allés en RCA pour violer les gens mais à l’appel d’un président élu et pour sauver son régime. C’est ce que nous avons fait. Mais notre but n’est pas de rester en RCA pour y faire la police. Cette mission revient à la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac)», explique-t-il à l’occasion d’une conférence de presse sur les rives si pacifiques du fleuve Oubangui, qui sépare la République centrafricaine de la République Démocratique du Congo. D’ici, Bangui est à moins d’une journée de route. Et le régime de Patassé dépend entièrement du soutien des troupes de Jean-Pierre Bemba.
Des maisons en torchis surmontées de toits en tôle. Une rivière qui se love comme un serpent. Une route poussiéreuse en cette saison sèche: Sibut est plus un grand village qu’une ville. Située à 180 kilomètres au nord de Bangui, à mi-chemin entre la République Démocratique du Congo et le Tchad, cette localité tranquille avait été prise en octobre dernier par les rebelles de Bozizé. L’occupation s’est passé sans heurts majeurs entre les rebelles et la population, mais la plupart des bâtiments administratifs, symboles du pouvoir du président Patassé ont été saccagés et pillés. Presque toutes les autorités administratives ont fui. Beaucoup ont trouvé refuge à Bangui. D’autres ont pénétré dans les forêts environnantes, à proximité des villages.
Les rebelles congolais du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba qui ont repris cette localité sans combats le 14 février dernier, y circulent dans une vieille jeep. Le chauffeur, Kalachnikov en bandoulière, arbore un foulard aux couleurs des États-Unis. A ses côtés, son commandant, le major Kamis Losuna, s’est fait pousser une barde à la «Ben Laden». C’est dire à quel point ici les repères sont flous. Les «États-Unis», «Ben Laden». L’un et l’autre représentent avant tout aux yeux de ces congolais le symbole de la violence. Et, faute d’une idéologie plus élaborée, cela leur donne une caution aux yeux de leur troupe: principalement des enfants.
Une partie de population de Sibut, terrorisée par la prise de la ville en octobre dernier par les rebelles de Bozize, était toujours en fuite le 21 février, une semaine après la reprise de Sibut par les forces loyalistes soutenues par les Congolais du MLC. Mais le vicaire de la paroisse de la Sainte Famille, l’une des rares autorités qui a eu le courage de rester durant l’occupation de la ville par les rebelles majoritairement musulmans de Bozizé, se veut rassurant.
«Les diamants aux Africains»
«En tant qu’institution, l’Église catholique n’a pas voulu se laisser dominer. Nous avons essayé de vivre malgré les pillages. Nous avons dit aux gens de ne pas courir dans la brousse où il y a de serpents. Quant aux rebelles de Bozize et aux rebelles congolais, ils ont effectivement fait des exactions, des vols surtout, mais de façon isolée», assure l’abbé Yambassa.
Il est assis sur une chaise à l’ombre d’un manguier aux côtés des autres autorités de la ville et notamment du maire de Sibut, Gabriel Dotte, qui vient à peine de sortir de la forêt où il s’est caché durant plus de trois mois. «Les rebelles de Bozizé sont arrivés en catastrophe dans la ville en octobre dernier. Ils m’ont tout ramassé dans la maison. Actuellement je suis nu et j’ai perdu 25 kg», explique-t-il. La prétendue nudité du maire de Sibut est contredite néanmoins par son habillement: une chemise et un pantalon.
Une délégation gouvernementale conduite par des militaires du MLC est arrivée à Sibut vendredi dernier avec des journalistes à bord d’un hélicoptère affrété par le MLC. Soucieux de rassurer la population, Thomas Luhaka, l’un des cadres militaires de Jean-Pierre Bemba, a déclaré aux femmes et aux enfants pressés devant lui, qu’il était «temps que les richesses de l’Afrique reviennent aux Africains… Notamment les diamants…».
Une préoccupation de rendement partagée par Lionel Ganne Beffio, un Breton d’une quarantaine d’année qui dit avoir passé 23 ans en République Centrafricaine et qui porte aujourd’hui le titre peu ordinaire de «gouverneur du palais de la Renaissance» et de «chargé de mission particulier à la présidence de la République». Selon Lionel Ganne Beffio, qui parle avec une arme automatique dans sa main droite, «comme chacun le sait, le pétrole puisé au Tchad se trouve dans une marmite située à 75% sur le territoire centrafricain. Dans les transactions faites par les grands groupes pétroliers, la RCA et son peuple ont été complètement oubliés. Or, le président Patassé demande à bénéficier d’une part des recettes dégagées par le pétrole tchadien qui est aussi le nôtre».
Cependant, pour Jean-Pierre Bemba, cette contre-offensive fait déjà partie du passé. «Nous ne sommes pas allés en RCA pour violer les gens mais à l’appel d’un président élu et pour sauver son régime. C’est ce que nous avons fait. Mais notre but n’est pas de rester en RCA pour y faire la police. Cette mission revient à la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac)», explique-t-il à l’occasion d’une conférence de presse sur les rives si pacifiques du fleuve Oubangui, qui sépare la République centrafricaine de la République Démocratique du Congo. D’ici, Bangui est à moins d’une journée de route. Et le régime de Patassé dépend entièrement du soutien des troupes de Jean-Pierre Bemba.
par Gabriel Kahn
Article publié le 26/02/2003