Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Centrafrique

Le MLC va-t-il partir ?

Jean Pierre Bemba, le chef du Mouvement de libération du Congo (MLC), soutien actif et militaire du régime du président Ange-Félix Patassé, annonce son départ de la Centrafrique. Cette annonce coïncide avec plusieurs initiatives internationales en faveur de la paix.
Jean-Pierre Bemba a annoncé le retrait de ses troupes de la République centrafricaine à compter du 15 février. Ce retrait est à la «demande des autorités légales démocratiquement élues» de Bangui, précise-t-il. Plusieurs fois sollicité pour sauver le pouvoir de Bangui, le MLC de Jean-Pierre Bemba est cette fois-ci entré en force et en nombre en Centrafrique. Les soldats du MLC sont quelque 1 500 déployés à Bangui et dans l’ouest du pays. Ils avaient pour mission de sécuriser les voies de communication avec le Cameroun, qui constituent le principal accès à la mer de la Centrafrique. Ce sont les soldats du MLC qui ont mis en échec la tentative de coup d’Etat d’octobre 2002. Mais face à un Etat insolvable et incapable de payer la solde, ils se sont livrés à des pillages et des exactions de toutes sortes.

Ces comportements révélés par des organisations humanitaires, niés dans un premier temps par Jean-pierre Bemba, ont finalement été reconnus par lui. Ange-Félix Patassé s’est, lui, gardé de tout commentaire sur la question se contentant de saluer l’action de celui qu’il appelle «mon fils» ( Jean-Pierre Bemba). L’indignation et les réprobations internationales ont poussé Jean-Pierre Bemba à réagir. Les militaires reconnus coupables d’actes barbares ont été arrêtés, certains chassés de l’armée et les biens récupérés sont restitués à leurs propriétaires, précise la présidence du MLC à l’endroit de la communauté internationale. En annonçant le retrait de ses troupes, Jean-Pierre bemba en appelle à la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) pour qu’elle prenne les dispositions nécessaires afin de «protéger le régime légal centrafricain, sécuriser la RCA et ses régions frontalières avec le Tchad et réaliser la stabilité en Centrafrique».

Les exactions des soldats du MLC dans la région de l’Ituri, à l’est de la RDC, avaient déjà conduit l’ambassadeur de la RDC aux Nations unies, Ileka Atoki, à demander la création d’un tribunal pénal international pour juger les auteurs d’atrocités et de violations graves des droits de l’homme. Une enquête de la MONUC (Mission de l’organisation des Nations unies en RDC) avaient confirmé les faits. Aujourd’hui la Fédération internationale des droits de l’homme réclame la traduction devant la Cour pénale internationale de Jean-Pierre Bemba, tenu responsable des comportements de ses troupes.

De l’argent pour assurer la paix

Selon de nombreux observateurs, le retrait des troupes du MLC pourrait laisser le champ libre aux rebelles centrafricains qui occupent déjà une bonne moitié nord du pays. C’est pourquoi une grande offensive diplomatique en faveur du dialogue national a été engagée. Les coordonnateurs désignés, Mgr Paulin Pomodimo et l’ancien Premier ministre Henri Maïdou, ont rencontré à Paris les chefs de la rébellion dont notamment le général François Bozizé en exil en France et «les Centrafricains qui aiment leur pays. Nous allons leur tendre la main pour les amener au dialogue national», a déclaré Mgr Pomodimo. Pierre-André Wiltzer, le ministre français délégué à la Coopération et à la Francophonie, sera en visite officielle à Bangui les 15 et 16 février «pour faire le point sur les efforts entrepris pour ramener la stabilité et la paix», précise le ministère des Affaires étrangères. Sur le plan régional, le médiateur principal pour la crise en Centrafrique, le président Omar Bongo, au nom de son pays, le Gabon, a offert une somme de 100 millions de francs CFA pour la préparation du dialogue national centrafricain. Selon un budget prévisionnel établi par les coordonnateurs, l’organisation et la tenue du dialogue national devraient coûter au moins 750 millions de francs CFA.

La force de maintien de la paix de la CEMAC en Centrafrique connaît aussi quelques soucis de trésorerie. Le Gabonais commandant cette force, le général Mohamed Achim Ratanga souhaite avoir plus de moyens pour pouvoir répondre aux missions qui sont assignées à son contingent. «Le seul pays qui nous soutient en ce moment c’est la France», précise-t-il, laissant entendre que ses troupes ne pourront assurer qu’un service de sécurité autour de la présidence de la République. La sécurisation, la surveillance de la frontière tchado-centrafricaine et la participation à la restructuration de l’armée centrafricaine sont des tâches que les 146 Gabonais, 126 Congolais de Brazzaville et les 31 Equato-guinéens de la force de la CEMAC ne pourront, pour l’instant, assumer. Cette force manque de moyens militaires, financiers et humains. L’Allemagne et la Chine ont annoncé leur prochaine participation aux efforts de soutien de cette force de la CEMAC qui attend aussi une réelle implication des pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale.

A écouter également:

Jean-Pierre Bemba répond aux questions de Carine Frenk (13 février 2003, 1'06'').

Abel Goumba président de la CPPO, la Concentration des partis d'opposition en République centrafricaine est l'Invité Afrique (13 février 2003, 5'50").



par Didier  Samson

Article publié le 13/02/2003