Irak
Colin Powell renoue le contact avec les Européens
La visite à Bruxelles du secrétaire d’Etat américain Colin Powell avait pour principal objectif de tenter de rapprocher les points de vue de la Maison Blanche d’une part et des pays membres de l’UE et de l’OTAN d’autre part concernant l’après-guerre en Irak. Cette visite du chef de la diplomatie américaine est la première du genre depuis le déclenchement de l’offensive de la coalition contre le régime de Saddam Hussein et visait en quelque sorte à apaiser des relations souvent très tendues avec certains pays vivement opposés à une guerre en Irak sans mandat des Nations unies. Et si les discussions ont été qualifiées de «franches et directes», elles n’ont pas pour autant permis de lever les divergences de point de vue. Si un rôle de l’ONU dans l’après-guerre en Irak semble en effet faire l’unanimité même auprès de Colin Powell, ce dernier continue à privilégier un rôle primordial de la coalition américano-britannique.
Bien avant ses rencontres avec ses homologues des pays membres de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique, le secrétaire d’Etat américain Colin Powell avait donné le ton. «Je n’ai aucun doute, avait-il notamment affirmé à la veille d’une visite marathon à Bruxelles, que quelles que soient leurs vues sur la guerre, l’Amérique et l’Europe vont travailler ensemble pour aider les peuples d’Irak libéré et donner un meilleur avenir à la région». Volontairement conciliant, le chef de la diplomatie américaine a même déclaré que les Etats-Unis souhaitaient une Europe «forte» car, a-t-il dit, «une Union européenne forte est bonne pour l’Europe, bonne pour l’Amérique et bonne pour le monde». Le ton, on le voit, n’était donc pas à la polémique et les discussions volontairement tournées vers l’avenir, à savoir la reconstruction de l’Irak, dans le but évident d’éviter toute crispation. Et la journée de jeudi, au cours de laquelle Colin Powell a participé à pas moins d’une vingtaine de réunions, s’est déroulée de l’avis de tous de façon productive, les discussions ayant été qualifiées de «franches et directes».
L’Union européenne a ainsi insisté sur la nécessité d’une primauté des Nations unies dans la gestion de l’après-guerre en Irak. Le chef de la diplomatie grecque Georges Papandréou, dont le pays assure jusqu’en juillet la présidence de l’Union européenne, a notamment souligné qu’«une résolution de l’ONU était une condition préalable à un plein engagement de l’UE dans le processus de reconstruction de l’Irak». Cette position a largement été partagée par les pays membres de l’OTAN et le secrétaire général de l’Alliance, le Britannique Sir George Robertson, a affirmé qu’«un large consensus» avait été trouvé sur «la nécessité que la communauté internationale, en particulier les Nations unies et d’autres organisations internationales, s’engage dès que possible lorsque la situation le permettra».
Mais cette unité de position au sein de l’UE et de l’OTAN ne semble pas avoir le plein soutien de la Maison Blanche. Car si Colin Powell a certes plaidé pour un «partenariat» avec l’ONU pour la reconstruction de l’Irak, il s’est bien gardé de définir ce partenariat et encore moins de minimiser le rôle de la coalition américano-britannique dans l’après-guerre. «Il y aura sûrement un rôle pour les Nations unies, a ainsi affirmé le secrétaire d’Etat américain, mais la nature exacte de ce rôle reste à définir».
Embarras britannique en perspective
Colin Powell a par ailleurs clairement indiqué que Washington et ses alliés britanniques, qui ont fourni l’essentiel de l’effort militaire, ne comptaient pas s’effacer une fois le régime de Saddam Hussein balayé. «Je pense, a-t-il déclaré, que la coalition doit garder le rôle principal pour déterminer la voie à suivre». Il a certes précisé que cela ne voulait pas dire que les Etats-Unis avaient l’intention d’«évincer les autres pays et de ne pas travailler en partenariat avec la communauté internationale et l’ONU», mais les débats risquent d’être houleux avec de nombreux Européens, à commencer la Grande-Bretagne, qui ne souhaitent pas voir l’Irak transformé en un protectorat américain.
La position de Washington risque, dans ce contexte, d’embarrasser Londres qui plus que jamais souhaite voir l’ONU intervenir très vite en Irak, notamment dans la transition politique. Le chef de la diplomatie britannique, Jack Straw, a en effet affirmé jeudi, avant sa rencontre avec Colin Powell, que le pouvoir irakien devait être exercé après la guerre par le peuple irakien avec un «rôle approprié pour l’ONU». «La question, a-t-il déclaré, n’est pas que les Nations unies administrent l’Irak de l’après-guerre mais que le peuple irakien administre l’Irak de l’après-guerre». Une position qui est loin d’être approuvée par Washington qui n’a jamais caché son intention de mettre en place une administration américaine provisoire pour gérer la situation après la guerre avec le soutien de certains membres de l’opposition irakienne en exil.
L’Union européenne a ainsi insisté sur la nécessité d’une primauté des Nations unies dans la gestion de l’après-guerre en Irak. Le chef de la diplomatie grecque Georges Papandréou, dont le pays assure jusqu’en juillet la présidence de l’Union européenne, a notamment souligné qu’«une résolution de l’ONU était une condition préalable à un plein engagement de l’UE dans le processus de reconstruction de l’Irak». Cette position a largement été partagée par les pays membres de l’OTAN et le secrétaire général de l’Alliance, le Britannique Sir George Robertson, a affirmé qu’«un large consensus» avait été trouvé sur «la nécessité que la communauté internationale, en particulier les Nations unies et d’autres organisations internationales, s’engage dès que possible lorsque la situation le permettra».
Mais cette unité de position au sein de l’UE et de l’OTAN ne semble pas avoir le plein soutien de la Maison Blanche. Car si Colin Powell a certes plaidé pour un «partenariat» avec l’ONU pour la reconstruction de l’Irak, il s’est bien gardé de définir ce partenariat et encore moins de minimiser le rôle de la coalition américano-britannique dans l’après-guerre. «Il y aura sûrement un rôle pour les Nations unies, a ainsi affirmé le secrétaire d’Etat américain, mais la nature exacte de ce rôle reste à définir».
Embarras britannique en perspective
Colin Powell a par ailleurs clairement indiqué que Washington et ses alliés britanniques, qui ont fourni l’essentiel de l’effort militaire, ne comptaient pas s’effacer une fois le régime de Saddam Hussein balayé. «Je pense, a-t-il déclaré, que la coalition doit garder le rôle principal pour déterminer la voie à suivre». Il a certes précisé que cela ne voulait pas dire que les Etats-Unis avaient l’intention d’«évincer les autres pays et de ne pas travailler en partenariat avec la communauté internationale et l’ONU», mais les débats risquent d’être houleux avec de nombreux Européens, à commencer la Grande-Bretagne, qui ne souhaitent pas voir l’Irak transformé en un protectorat américain.
La position de Washington risque, dans ce contexte, d’embarrasser Londres qui plus que jamais souhaite voir l’ONU intervenir très vite en Irak, notamment dans la transition politique. Le chef de la diplomatie britannique, Jack Straw, a en effet affirmé jeudi, avant sa rencontre avec Colin Powell, que le pouvoir irakien devait être exercé après la guerre par le peuple irakien avec un «rôle approprié pour l’ONU». «La question, a-t-il déclaré, n’est pas que les Nations unies administrent l’Irak de l’après-guerre mais que le peuple irakien administre l’Irak de l’après-guerre». Une position qui est loin d’être approuvée par Washington qui n’a jamais caché son intention de mettre en place une administration américaine provisoire pour gérer la situation après la guerre avec le soutien de certains membres de l’opposition irakienne en exil.
par Mounia Daoudi
Article publié le 03/04/2003