Irak
Une offensive mal préparée ?
Les Américains et les Britanniques ont-ils sous-estimé la capacité de résistance des forces irakiennes ? Dans la presse anglo-saxonne, de plus en plus de critiques sont exprimées sur l’élaboration de la stratégie qui a guidé l’attaque de l’Irak. L’efficacité des services de renseignement est mise en cause, tout comme l’absence de prise en compte des informations sur la réalité du terrain.
Depuis plusieurs jours, les responsables gouvernementaux américains et britanniques sont particulièrement prudents lorsqu’ils abordent la question de la durée de la guerre. De George W. Bush à Tony Blair en passant par Donald Rumsfeld, tous admettent que la campagne militaire en Irak est «plus proche du début que de la fin» et qu’il n’est plus question de penser que le régime va céder sans résister farouchement. Mais en a-t-il été vraiment question ?
Selon le Times, l’intervention en Irak n’a pas été préparée sur des bases réalistes. Les services de renseignement britannique et américain auraient «gravement sous-estimé le niveau de résistance que les forces de la coalition pourraient rencontrer en Irak», par manque d’information en provenance du terrain mais aussi par négligence face à cette information lorsqu’elle était susceptible d’être un frein à la guerre.
L’accusation portée contre la CIA après les attentats du 11 septembre resurgit à l’occasion de la guerre en Irak. La priorité accordée à la technologie via l’analyse des écoutes et des photos satellites, au détriment de l’humain semble être l’une des principales sources d’erreur. D’autre part, l’influence des arguments défendus par les représentants de l’opposition irakienne en exil aurait été prédominante et aurait joué un grand rôle pour convaincre les administrations américaine et britannique du fait que des soulèvements populaires allaient vraisemblablement se produire dès l’arrivée de leurs troupes dans le pays.
Une résistance imprévue
Mais le Times met surtout en cause les choix politiques qui ont guidé la sélection de l’information. Car des mises en garde sur le danger de prévoir une guerre rapide et facile face à un régime chancelant sans tenir suffisamment compte du fort «sentiment national» des Irakiens, ont tout de même été réalisées. Certaines venaient de Londres et ont été négligées car les «plans ont été dirigés par les services américains». D’autres sont venues d’analystes de la CIA et du Pentagone. Mais là encore, elles ont été ignorées car elles ne correspondaient pas à la politique va-t-en guerre du club des «faucons» américains dont font partie Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense, ou Dick Cheney, le vice-président.
Cette analyse trop optimiste de la situation aurait eu pour effet de mettre au point un dispositif militaire jugé insuffisant, tant au niveau des hommes engagés que des moyens utilisés. D’autant que le refus de la Turquie d’autoriser le déploiement des
62 000 GI’s prévus sur son territoire a rendu impossible l’application de la stratégie de la tenaille autour de Bagdad grâce à l’ouverture d’un véritable front nord, qui n’est pas envisageable avec le simple parachutage d’un millier d’hommes qui a finalement eu lieu. Depuis plusieurs jours, les attaques contre les plans américains se succèdent. L’avance rapide des colonnes de blindés vers Bagdad qui a eu pour conséquence de laisser les unités de maintenance et de ravitaillement à la traîne, les rendant vulnérable aux attaques irakiennes, mais aussi d’avancer sans sécuriser les territoires traversés, a provoqué de nombreuses interrogations. La forte résistance des Irakiens dans toutes les villes a aussi incité les observateurs à penser que cette donnée a été elle aussi sousestimée. Le New York Times affirme, par exemple, que «l’administration Bush a mal interprété les plans des Irakiens».
Dans ce contexte, Tony Blair qui a rencontré jeudi George W. Bush à Camp David, a voulu reprendre l’initiative en démentant les accusations récurrentes sur l’absence de prise en compte de la résistance des Irakiens dans la stratégie américano-britannique. «Je ne crois pas que nous ayons été surpris par quoi que ce soit. Nous nous attendions à ce qui se passe, c’est à dire une résistance féroce de ceux qui sont loyaux vis à vis de Saddam Hussein, ceux qui doivent leur existence au régime». Malgré tout, après seulement neuf jours de guerre, le Pentagone a déjà décidé l’envoi en renfort au Koweït de 12 000 hommes de la 4e division d’infanterie, qui auraient dû transiter par la Turquie, et en tient environ 100 000 autres prêts à partir dès que nécessaire.
Selon le Times, l’intervention en Irak n’a pas été préparée sur des bases réalistes. Les services de renseignement britannique et américain auraient «gravement sous-estimé le niveau de résistance que les forces de la coalition pourraient rencontrer en Irak», par manque d’information en provenance du terrain mais aussi par négligence face à cette information lorsqu’elle était susceptible d’être un frein à la guerre.
L’accusation portée contre la CIA après les attentats du 11 septembre resurgit à l’occasion de la guerre en Irak. La priorité accordée à la technologie via l’analyse des écoutes et des photos satellites, au détriment de l’humain semble être l’une des principales sources d’erreur. D’autre part, l’influence des arguments défendus par les représentants de l’opposition irakienne en exil aurait été prédominante et aurait joué un grand rôle pour convaincre les administrations américaine et britannique du fait que des soulèvements populaires allaient vraisemblablement se produire dès l’arrivée de leurs troupes dans le pays.
Une résistance imprévue
Mais le Times met surtout en cause les choix politiques qui ont guidé la sélection de l’information. Car des mises en garde sur le danger de prévoir une guerre rapide et facile face à un régime chancelant sans tenir suffisamment compte du fort «sentiment national» des Irakiens, ont tout de même été réalisées. Certaines venaient de Londres et ont été négligées car les «plans ont été dirigés par les services américains». D’autres sont venues d’analystes de la CIA et du Pentagone. Mais là encore, elles ont été ignorées car elles ne correspondaient pas à la politique va-t-en guerre du club des «faucons» américains dont font partie Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense, ou Dick Cheney, le vice-président.
Cette analyse trop optimiste de la situation aurait eu pour effet de mettre au point un dispositif militaire jugé insuffisant, tant au niveau des hommes engagés que des moyens utilisés. D’autant que le refus de la Turquie d’autoriser le déploiement des
62 000 GI’s prévus sur son territoire a rendu impossible l’application de la stratégie de la tenaille autour de Bagdad grâce à l’ouverture d’un véritable front nord, qui n’est pas envisageable avec le simple parachutage d’un millier d’hommes qui a finalement eu lieu. Depuis plusieurs jours, les attaques contre les plans américains se succèdent. L’avance rapide des colonnes de blindés vers Bagdad qui a eu pour conséquence de laisser les unités de maintenance et de ravitaillement à la traîne, les rendant vulnérable aux attaques irakiennes, mais aussi d’avancer sans sécuriser les territoires traversés, a provoqué de nombreuses interrogations. La forte résistance des Irakiens dans toutes les villes a aussi incité les observateurs à penser que cette donnée a été elle aussi sousestimée. Le New York Times affirme, par exemple, que «l’administration Bush a mal interprété les plans des Irakiens».
Dans ce contexte, Tony Blair qui a rencontré jeudi George W. Bush à Camp David, a voulu reprendre l’initiative en démentant les accusations récurrentes sur l’absence de prise en compte de la résistance des Irakiens dans la stratégie américano-britannique. «Je ne crois pas que nous ayons été surpris par quoi que ce soit. Nous nous attendions à ce qui se passe, c’est à dire une résistance féroce de ceux qui sont loyaux vis à vis de Saddam Hussein, ceux qui doivent leur existence au régime». Malgré tout, après seulement neuf jours de guerre, le Pentagone a déjà décidé l’envoi en renfort au Koweït de 12 000 hommes de la 4e division d’infanterie, qui auraient dû transiter par la Turquie, et en tient environ 100 000 autres prêts à partir dès que nécessaire.
par Valérie Gas
Article publié le 28/03/2003