Irak
Moscou et Pékin demandent l’arrêt de la guerre
En décidant d’attaquer l’Irak sans l’aval des Nations unies, Washington a réduit trois des membres permanents du Conseil de sécurité, la France, bien sûr, mais aussi la Russie et la Chine, qui avaient fait valoir leur opposition à une guerre, au rang de quantités négligeables. Cette position a provoqué des mises en garde de la part des intéressés sur les conséquences du choix de l’unilatéralisme contre le droit international. Depuis le début de l’offensive, les points de vue ne se sont pas rapprochés. Moscou et Pékin ont demandé l’arrêt des hostilités et ont mis en cause les motivations de la guerre menée par les Américains.
«L’Irak n’a pas besoin d’une démocratie portée sur les ailes des missiles de croisière». Igor Ivanov, le ministre des Affaires étrangères russe, n’y est pas allé par quatre chemins pour critiquer l’argumentaire américain sur la justification de la guerre contre le régime irakien et son dirigeant Saddam Hussein. Comme la France, la Russie avait menacé d’utiliser son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies si Londres et Washington tentaient de faire passer une nouvelle résolution autorisant le recours à la force contre l’Irak. Cette option a été, de fait, évitée puisque les Américains et les Britanniques ont mis fin au suspens diplomatique en décidant d’intervenir sans l’autorisation de l’ONU.
Cette décision n’a pas manqué de provoquer des réactions du côté de Moscou et de Pékin. Vladimir Poutine, le président russe, a immédiatement dénoncé l’attaque de l’Irak. «Cette action militaire ne peut être justifiée en rien, ni par les accusations d’un soutien au terrorisme international, sur lequel nous n’avons aucune donnée et n’en avons jamais eu, ni par le désir de changer le régime politique de ce pays, ce qui est directement en contradiction avec le droit international».
En Chine, le gouvernement a rappelé que l’intervention en Irak «viole la Charte des Nations unies» et a demandé l’arrêt des hostilités. Moins en pointe que la France ou la Russie lors des derniers moments de la négociation aux Nations unies, Pékin a durci le ton après le début du conflit. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a demandé «la fin de le guerre contre l’Irak le plus tôt possible et un retour dans le droit chemin d’une solution politique à la crise irakienne dans le cadre des Nations unies». La Chine a aussi fait part de son souci face à un afflux de réfugiés et a annoncé qu’elle allait envoyer une aide humanitaire à la Jordanie, pays frontalier de l’Irak susceptible d’accueillir des personnes déplacées par la guerre.
Il est vrai que le conflit en cours a un impact important auprès des quelque 17 millions de musulmans chinois dont un grand nombre se trouvent à l’ouest du pays, qui pourraient interpréter l’absence d’opposition à Washington comme un signe de faiblesse du gouvernement.
Washington accuse Moscou de vendre des armes à l’Irak
Face à ces attaques en règle, Washington n’est pas en reste. Le dernier week-end a été marqué par une joute diplomatique initiée par les Américains qui ont accusé la Russie d’avoir envoyé en Irak des techniciens pour aider le brouillage des signaux de guidage de leurs missile. Des sociétés russes auraient ainsi violé l’embargo et fourni des équipements électroniques antiaériens et des lunettes de vision nocturne à Bagdad.
Le département d’Etat a fait part de ses inquiétudes à Moscou et s’est heurté à une fin de non recevoir. Les sociétés concernées ont démenti et le porte-parole du gouvernement Alexeï Voline a qualifié les accusations américaines «d’inventions» et a déclaré qu’elles n’avaient «aucun fondement». De porte-parole à porte-parole, Ari Fleischer, celui de la Maison Blanche, a rétorqué que les Etats-Unis possédaient «des preuves concrètes que des entreprises russes ont livré des armes à l’Irak».
Cet incident est assez révélateur des tensions actuelles entre Russes et Américains et fait suite à d’autres heurts. Moscou a, en effet, refusé d’accéder à la demande de Washington de geler les avoirs irakiens et d’expulser les diplomates en poste dans le pays pour ne pas céder à la pression américaine et ôter, de fait, sa légitimité au régime irakien en place. D’autant qu’à terme une initiative de ce type pourrait aboutir à annuler les contrats actuels signés par Saddam Hussein notamment avec la Russie.
Les Russes ont aussi remis sur le tapis la question de la «légalité» de l’intervention militaire américaine en Irak. Le vice-ministre des Affaires étrangères Iouri Fedotov a souhaité que «la question irakienne revienne au Conseil de sécurité de l’ONU, que celui-ci porte toutes les appréciations politiques et légales sur la situation et qu’il adopte une décision correspondant à ses compétences», tout en prévenant que ce serait aux pays responsables des opérations militaires d’en assumer les conséquences humanitaires.
Même si les Russes ont demandé aux Irakiens de bien traiter les prisonniers et ont pris la précaution de préciser que l’opposition sur la guerre en Irak ne devait pas «torpiller les relations russo-américaines», il sera vraisemblablement difficile d’oublier les querelles actuelles.
Cette décision n’a pas manqué de provoquer des réactions du côté de Moscou et de Pékin. Vladimir Poutine, le président russe, a immédiatement dénoncé l’attaque de l’Irak. «Cette action militaire ne peut être justifiée en rien, ni par les accusations d’un soutien au terrorisme international, sur lequel nous n’avons aucune donnée et n’en avons jamais eu, ni par le désir de changer le régime politique de ce pays, ce qui est directement en contradiction avec le droit international».
En Chine, le gouvernement a rappelé que l’intervention en Irak «viole la Charte des Nations unies» et a demandé l’arrêt des hostilités. Moins en pointe que la France ou la Russie lors des derniers moments de la négociation aux Nations unies, Pékin a durci le ton après le début du conflit. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a demandé «la fin de le guerre contre l’Irak le plus tôt possible et un retour dans le droit chemin d’une solution politique à la crise irakienne dans le cadre des Nations unies». La Chine a aussi fait part de son souci face à un afflux de réfugiés et a annoncé qu’elle allait envoyer une aide humanitaire à la Jordanie, pays frontalier de l’Irak susceptible d’accueillir des personnes déplacées par la guerre.
Il est vrai que le conflit en cours a un impact important auprès des quelque 17 millions de musulmans chinois dont un grand nombre se trouvent à l’ouest du pays, qui pourraient interpréter l’absence d’opposition à Washington comme un signe de faiblesse du gouvernement.
Washington accuse Moscou de vendre des armes à l’Irak
Face à ces attaques en règle, Washington n’est pas en reste. Le dernier week-end a été marqué par une joute diplomatique initiée par les Américains qui ont accusé la Russie d’avoir envoyé en Irak des techniciens pour aider le brouillage des signaux de guidage de leurs missile. Des sociétés russes auraient ainsi violé l’embargo et fourni des équipements électroniques antiaériens et des lunettes de vision nocturne à Bagdad.
Le département d’Etat a fait part de ses inquiétudes à Moscou et s’est heurté à une fin de non recevoir. Les sociétés concernées ont démenti et le porte-parole du gouvernement Alexeï Voline a qualifié les accusations américaines «d’inventions» et a déclaré qu’elles n’avaient «aucun fondement». De porte-parole à porte-parole, Ari Fleischer, celui de la Maison Blanche, a rétorqué que les Etats-Unis possédaient «des preuves concrètes que des entreprises russes ont livré des armes à l’Irak».
Cet incident est assez révélateur des tensions actuelles entre Russes et Américains et fait suite à d’autres heurts. Moscou a, en effet, refusé d’accéder à la demande de Washington de geler les avoirs irakiens et d’expulser les diplomates en poste dans le pays pour ne pas céder à la pression américaine et ôter, de fait, sa légitimité au régime irakien en place. D’autant qu’à terme une initiative de ce type pourrait aboutir à annuler les contrats actuels signés par Saddam Hussein notamment avec la Russie.
Les Russes ont aussi remis sur le tapis la question de la «légalité» de l’intervention militaire américaine en Irak. Le vice-ministre des Affaires étrangères Iouri Fedotov a souhaité que «la question irakienne revienne au Conseil de sécurité de l’ONU, que celui-ci porte toutes les appréciations politiques et légales sur la situation et qu’il adopte une décision correspondant à ses compétences», tout en prévenant que ce serait aux pays responsables des opérations militaires d’en assumer les conséquences humanitaires.
Même si les Russes ont demandé aux Irakiens de bien traiter les prisonniers et ont pris la précaution de préciser que l’opposition sur la guerre en Irak ne devait pas «torpiller les relations russo-américaines», il sera vraisemblablement difficile d’oublier les querelles actuelles.
par Valérie Gas
Article publié le 24/03/2003