Irak
Les anti-guerre prennent d’assaut la rue
Depuis le déclenchement de l’offensive militaire contre l’Irak jeudi dernier, des centaines de milliers de personnes sont descendues tous les jours dans la rue pour crier leur colère contre les gouvernements américain et britannique. Dans certains pays, ces rassemblements ont été brutalement dispersés et au Yémen quatre personnes ont trouvé la mort vendredi dans des affrontements avec la police. La situation dans plusieurs pays arabes, comme l’Egypte ou la Jordanie, est de plus en plus tendue. La journée de samedi a été décrétée journée de manifestations contre la guerre à travers le monde.
Les pays asiatiques ont accueilli les premières manifestations organisées ce samedi contre la guerre en Irak. Réclamant la fin de l’offensive américano-britannique, des dizaines de milliers de personnes ont défilé en Indonésie, premier pays musulman du monde. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles à George Bush, Tony Blair et John Howard, le Premier ministre australien, accusés d’être «des terroristes et des criminels de guerre». Au Bangladesh, pays également à grande majorité musulmane, une grève générale a été largement suivie. Toutes les écoles, les administrations et les commerces sont restés fermés. La police et l’armée ont pris position aux points névralgiques de la capitale mais aucun incident n’a été signalé. De multiples petites manifestations ont par ailleurs été organisées au Pakistan, à la veille de la «grande marche» prévue dimanche à Lahore. La puissante coalition islamiste Muttahida Majlis-e-Amal a appelé à une manifestation gigantesque dans la deuxième ville du pays pour dénoncer «l’agression contre l’Irak». Le succès de cette marche devrait constituer un test important pour démontrer la capacité de mobilisation de cette organisation.
En Corée du Sud, des centaines de personnes ont défilé dans les rues de Séoul pour exiger notamment du gouvernement l’annulation de l’envoi d’effectifs en Irak. Les autorités sud-coréennes, qui soutiennent l’intervention militaire américano-britannique, ont décidé l’envoi de quelque 700 militaires non-combattants, dont 600 ingénieurs en construction. En signe de protestation, les moines bouddhistes ont fait résonner de grands tambours afin de consoler les âmes des victimes de la guerre. En Australie, rare pays à avoir engagé ses troupes en Irak, des dizaines de milliers de manifestants ont bloqué la circulation dans les principales villes. Le Japon qui soutient également la guerre en Irak a également accueilli plusieurs rassemblements et au Vietnam quelque 400 étudiants se sont rassemblés devant l’ambassade américaine à Hanoi. Lors de cette manifestation visiblement spontanée, ils ont arboré des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Ni guerre, ni bombe, ni sang» ou encore «Arrêtez la guerre, arrêtez Bush, arrêtez la tuerie».
Tensions de plus en plus vives dans le monde arabe
Malgré le poids des systèmes sécuritaires de leur pays, les populations arabes n’hésitent plus à descendre dans la rue pour exprimer leur colère face aux bombardements américano-britanniques en Irak. En Egypte plus de 20 000 personnes ont ainsi manifesté dans les rues du Caire et les étudiants de l’université islamique al-Azhar ont brûlé des drapeaux américains. Lors de ces rassemblements, les Egyptiens n’ont pas hésité à prendre à parti leurs dirigeants. «Moubarak il faut combattre ou aller au diable» ou encore «Où est la fierté de notre gouvernement qui n’a rien fait de mieux qu’un sommet arabe inutile ?», scandait la foule. En Syrie, un millier d’étudiants ont défilé aux cris de «A bas l’injustice ! A bas les intérêts de Bush !». Brandissant des drapeaux syriens et irakiens, certains ont même demandé à l’ancien président Hafez al-Assad, décédé en juin 2000, de «se lever pour voir la tromperie des Arabes».
Dans les territoires occupés palestiniens, près de 10 000 personnes ont envahi les rues de Gaza conspuant les Etats-Unis et leurs alliés. «Nous sommes ici dans le cimetière de l’occupation et nous disons à nos frères en Irak que la nation palestinienne, malgré ses souffrances, se tiendra toujours à leurs côtés», scandait les manifestants. L’Autorité palestinienne s’était rangée lors de la guerre du Golfe de 1991 aux côtés du gouvernement irakien, contrairement à tous les autres pays arabes. Les militants de l’organisation islamiste Hamas étaient nombreux dans les rues de Gaza. L’un des responsables du mouvement a même recommandé aux Irakiens de «résister à l’ennemi à travers des opérations martyrs» (attentats suicide), estimant que c’était le seul langage que comprenait les Américains.
La Jordanie, qui accueille des troupes américaines, a pour sa part été secouée par de violents affrontements qui ont opposé pro-Irakiens et forces de l’ordre. Après la prière du vendredi, des milliers de manifestants étaient descendus dans les rues de Maan, un bastion islamiste du sud du pays pour protester contre les frappes américano-britanniques. Cette ville a déjà été le théâtre d’affrontements en novembre dernier qui ont fait six morts et des dizaines de blessés. Soucieux de limiter les dégâts, le roi Abdallah de Jordanie, accusé par ses détracteurs d’être un soutien de Washington, a lancé un appel au calme. Le petit Etat du Bahreïn a lui aussi été secoué par de violentes manifestations ces dernières 24 heures. Une quarantaine de personnes ont été blessées au cours d’affrontements avec les forces de l’ordre. Des manifestants ont fait exploser des bombonnes de gaz aux abords de l’ambassade américaine sans faire toutefois de dégâts. Ce petit émirat où vivent quelque 5 000 ressortissants américains abrite le siège de la Ve flotte américaine. Au Maghreb, seule la Tunisie a autorisé une manifestation qui a rassemblé quelque 5 000 personnes soigneusement encadrées. Le roi Mohamed VI du Maroc a pour sa part appelé dès le début des frappes les Marocains à la «pondération» et à la «discipline». Aucune manifestation n’est prévue dans le royaume.
En Europe enfin, des foules de dizaines de milliers de personnes ont envahi les rues des principales villes du continent. La Grande-Bretagne et l’Espagne, dont les dirigeants soutiennent la Maison Blanche contre l’avis de leurs populations farouchement opposées à la guerre, ont accueilli les plus grandes manifestations. A londres plusieurs centaines de milliers de personnes ont ainsi défilé pour réclamer le retour des soldats britanniques. Dans les pays nordiques des dizaines de milliers de personnes se sont également rassemblées devant les ambassades américaines. A Paris et dans plusieurs autres villes françaises, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées.
En Corée du Sud, des centaines de personnes ont défilé dans les rues de Séoul pour exiger notamment du gouvernement l’annulation de l’envoi d’effectifs en Irak. Les autorités sud-coréennes, qui soutiennent l’intervention militaire américano-britannique, ont décidé l’envoi de quelque 700 militaires non-combattants, dont 600 ingénieurs en construction. En signe de protestation, les moines bouddhistes ont fait résonner de grands tambours afin de consoler les âmes des victimes de la guerre. En Australie, rare pays à avoir engagé ses troupes en Irak, des dizaines de milliers de manifestants ont bloqué la circulation dans les principales villes. Le Japon qui soutient également la guerre en Irak a également accueilli plusieurs rassemblements et au Vietnam quelque 400 étudiants se sont rassemblés devant l’ambassade américaine à Hanoi. Lors de cette manifestation visiblement spontanée, ils ont arboré des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Ni guerre, ni bombe, ni sang» ou encore «Arrêtez la guerre, arrêtez Bush, arrêtez la tuerie».
Tensions de plus en plus vives dans le monde arabe
Malgré le poids des systèmes sécuritaires de leur pays, les populations arabes n’hésitent plus à descendre dans la rue pour exprimer leur colère face aux bombardements américano-britanniques en Irak. En Egypte plus de 20 000 personnes ont ainsi manifesté dans les rues du Caire et les étudiants de l’université islamique al-Azhar ont brûlé des drapeaux américains. Lors de ces rassemblements, les Egyptiens n’ont pas hésité à prendre à parti leurs dirigeants. «Moubarak il faut combattre ou aller au diable» ou encore «Où est la fierté de notre gouvernement qui n’a rien fait de mieux qu’un sommet arabe inutile ?», scandait la foule. En Syrie, un millier d’étudiants ont défilé aux cris de «A bas l’injustice ! A bas les intérêts de Bush !». Brandissant des drapeaux syriens et irakiens, certains ont même demandé à l’ancien président Hafez al-Assad, décédé en juin 2000, de «se lever pour voir la tromperie des Arabes».
Dans les territoires occupés palestiniens, près de 10 000 personnes ont envahi les rues de Gaza conspuant les Etats-Unis et leurs alliés. «Nous sommes ici dans le cimetière de l’occupation et nous disons à nos frères en Irak que la nation palestinienne, malgré ses souffrances, se tiendra toujours à leurs côtés», scandait les manifestants. L’Autorité palestinienne s’était rangée lors de la guerre du Golfe de 1991 aux côtés du gouvernement irakien, contrairement à tous les autres pays arabes. Les militants de l’organisation islamiste Hamas étaient nombreux dans les rues de Gaza. L’un des responsables du mouvement a même recommandé aux Irakiens de «résister à l’ennemi à travers des opérations martyrs» (attentats suicide), estimant que c’était le seul langage que comprenait les Américains.
La Jordanie, qui accueille des troupes américaines, a pour sa part été secouée par de violents affrontements qui ont opposé pro-Irakiens et forces de l’ordre. Après la prière du vendredi, des milliers de manifestants étaient descendus dans les rues de Maan, un bastion islamiste du sud du pays pour protester contre les frappes américano-britanniques. Cette ville a déjà été le théâtre d’affrontements en novembre dernier qui ont fait six morts et des dizaines de blessés. Soucieux de limiter les dégâts, le roi Abdallah de Jordanie, accusé par ses détracteurs d’être un soutien de Washington, a lancé un appel au calme. Le petit Etat du Bahreïn a lui aussi été secoué par de violentes manifestations ces dernières 24 heures. Une quarantaine de personnes ont été blessées au cours d’affrontements avec les forces de l’ordre. Des manifestants ont fait exploser des bombonnes de gaz aux abords de l’ambassade américaine sans faire toutefois de dégâts. Ce petit émirat où vivent quelque 5 000 ressortissants américains abrite le siège de la Ve flotte américaine. Au Maghreb, seule la Tunisie a autorisé une manifestation qui a rassemblé quelque 5 000 personnes soigneusement encadrées. Le roi Mohamed VI du Maroc a pour sa part appelé dès le début des frappes les Marocains à la «pondération» et à la «discipline». Aucune manifestation n’est prévue dans le royaume.
En Europe enfin, des foules de dizaines de milliers de personnes ont envahi les rues des principales villes du continent. La Grande-Bretagne et l’Espagne, dont les dirigeants soutiennent la Maison Blanche contre l’avis de leurs populations farouchement opposées à la guerre, ont accueilli les plus grandes manifestations. A londres plusieurs centaines de milliers de personnes ont ainsi défilé pour réclamer le retour des soldats britanniques. Dans les pays nordiques des dizaines de milliers de personnes se sont également rassemblées devant les ambassades américaines. A Paris et dans plusieurs autres villes françaises, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées.
par Mounia Daoudi
Article publié le 22/03/2003