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Irak

La colère monte dans les rues

Les manifestations hostiles à la guerre en Irak se sont multipliées depuis le début des opérations militaires sur le terrain, entraînant, dans plusieurs pays, des heurts violents avec les forces de l’ordre. De nouveaux mouvements de protestation sont attendus samedi un peu partout dans le monde.
Les ambassades américaines ont été la cible, au cours des deux derniers jours, de manifestations hostiles à l’intervention militaire américano-britannique en Irak. De nombreux heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu et le bilan le plus lourd a été enregistré au Yémen où trois manifestants et un policier ont été tués à Sanaa.

Signe de l’importance de la mobilisation, de par le monde, des rassemblements nombreux ont eu lieu dans des pays où cette forme de protestation est rare comme au Japon, en Australie ou en Mauritanie. Ainsi à Tokyo environ 50 000 personnes ont appelé au boycottage des produits américains pourtant fort prisés par les jeunes.

Mais les pays musulmans ont connu une mobilisation intense ce vendredi, jour de prière, moment propice aux rassemblements de population. En Turquie, pays frontalier de l’Irak et dont le gouvernement vient d’ouvrir l’espace aérien aux Américains, des incidents ont éclaté à Istanbul, près de la Grande Mosquée où 5 000 personnes étaient rassemblées. En Egypte, les manifestations sont en principe interdites mais le ministère de l’Intérieur a décidé de les autoriser «face au refus populaire de la guerre contre l’Irak». Les Cairotes n’avaient pas attendu la permission et plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient déjà convergé jeudi vers l’ambassade des Etats-Unis causant des incidents et faisant 14 blessés.

Des heurts ont également eu lieu à Beyrouth entre étudiants et policiers tandis que des manifestations se déroulaient dans les camps de réfugiés palestiniens du Liban. En Jordanie, le roi Abdallah II a appelé au calme après des affrontements violents, tout en ajoutant qu’il partageait la colère des manifestants.

Une bougie par heure de guerre

Les pays dont les troupes sont engagées dans l’intervention armée en Irak ne sont pas à l’abri des protestations. Bien que très minoritaires, les Américains hostiles à la guerre sont de plus en plus virulents et la police a interpellé, parfois de façon très musclée, plus de 500 manifestants à San Francisco. Un dispositif policer important a été mis en place en prévision des manifestations prévues ce week-end, notamment à Washington. Alors que le gouvernement britannique se félicitait des progrès de l’offensive en Irak et rendait hommage aux premiers soldats tués, les manifestations antiguerre se poursuivaient dans l’attente d’un grand rassemblement prévu samedi à Londres.

Partout en Europe des centaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues. A Paris, à Bruxelles où des incidents ont eu lieu, à Berlin, la mobilisation des citoyens opposés à la guerre ne faiblissait pas, entretenue par les lycéens et étudiants. A Berlin, l’organisation Greenpeace a entamé une «veille contre la guerre» à proximité de l’ambassade des Etats-Unis et des militants allument une bougie à chaque heure écoulée depuis le début des opérations militaires en Irak.



par Francine  Quentin

Article publié le 21/03/2003