Hongrie
Quand la culture tsigane s’enseigne
Dans la ville de Pecs, le département d’études tsiganes de l’université accueille des étudiants depuis cinq ans. Il existe même un lycée tsigane. Une situation vraiment nouvelle pour cette minorité niée pendant la période communiste.
De notre envoyée spéciale en Hongrie
«Je suis fier d’enseigner la littérature tsigane» dit Zoltan Beck. Le jeune homme à la mèche rebelle est professeur au département de romologie de l’université de Pecs au sud de la Hongrie. «Chez nous, les préjugés restent fort», explique l’universitaire non tsigane mais «des passerelles sont possibles». Sous l’ère communiste, les cultures ethniques étaient niées et cette situation a perduré bien après la disparition de l’ex-URSS mais aujourd’hui Zoltan Beck estime que la culture tsigane fait partie intégrante de la culture hongroise. Le département de romologie de l’université de Pecs qui existe depuis 1998 a reçu l’an dernier son habilitation à délivrer des diplômes universitaires. Actuellement, 150 étudiants achèvent leur formation universitaire. Il seront en juin, les premiers diplômés en romologie de Hongrie, la moitié d’entre eux sont tsiganes et beaucoup sont passés par le lycée Gandhi de Pecs, un établissement exclusivement réservé à cette minorité.
Zoltan Beck s’en réjouit même s’il se méfie des effets pervers de cette nouvelle politique de discrimination positive qui voudrait que la culture tsigane soit exclusivement l’apanage des tsiganes. «Les cultures ne doivent pas être cloisonnées», explique-t-il. C’est aussi l’avis d’Andréa. La jeune fille qui est en seconde au lycée Gandhi vient de passer deux années à Montréal. Une expérience qui l’a enrichie. Rentrée en Hongrie avec sa mère, faute d’avoir pu obtenir le statut de réfugié, elle a retrouvé ses amis. «Je me sens bien ici, je suis fière de mon identité tsigane, dit Andrea mais je regrette qu’il soit si difficile d’étudier dans un lycée «normal»en Hongrie».
Former la future élite tsigane
Comme les 220 élèves du lycée, outre les cours classiques, Andréa reçoit un enseignement sur la culture tsigane. Elle étudie le beash, sa langue maternelle, une forme très ancienne du roumain. «En famille, nous parlons hongrois mais ma mère m’aide à réviser mes leçons de beash, elle voudrait que je devienne avocate». Avocate de la cause tsigane ?
Aujourd’hui en Hongrie, un tiers seulement de la minorité tsigane (600 000 environ sur une population de 10 millions) a gardé son identité ethnique. La discrimination existe toujours raconte Edina, 16 ans, élève au lycée Gandhi. «Ici, au moins, on peut étudier les langues tsiganes, c’est une opportunité pour ceux qui ne les ont pas apprises à la maison». L’adolescente timide se sent rassurée dans cet environnement privilégié: «Apprendre pour nous, c’est une nécessité pour améliorer notre existence».
La plupart des 220 élèves de cet établissement sont internes et certains ne supportent pas d’être séparés de leur famille. «Quand ils arrivent, ils sont très jeunes explique le professeur de français Aniko Gergaly, et ici les règles sont plus strictes que chez eux et ils sortent d’un environnement très pauvre et rural». Pour faciliter leur intégration, Erica Csovsics, la directrice du lycée mise sur les cours de théâtre dispensés dans les premières classes: «Notre objectif dit-elle, c’est vraiment de former la future élite tsigane». Tout est fait pour faciliter les études, vastes salles de cours, bibliothèque, ordinateurs, attention permanente des professeurs. Bien sûr, nous recevons de l’Etat deux fois plus d’argent qu’un lycée ordinaire, mais nos élèves sont de condition modeste et ne payent rien pour leurs études explique la directrice. Et les résultats sont là, depuis l’an 2000, près de 80 élèves ont réussi leur baccalauréat et la population commence à être fière de ce lycée assure Erica Csovsics. Autre source de fierté pour le lycée Gandhi, la formation des adultes qui a commencé cette année.
«Je suis fier d’enseigner la littérature tsigane» dit Zoltan Beck. Le jeune homme à la mèche rebelle est professeur au département de romologie de l’université de Pecs au sud de la Hongrie. «Chez nous, les préjugés restent fort», explique l’universitaire non tsigane mais «des passerelles sont possibles». Sous l’ère communiste, les cultures ethniques étaient niées et cette situation a perduré bien après la disparition de l’ex-URSS mais aujourd’hui Zoltan Beck estime que la culture tsigane fait partie intégrante de la culture hongroise. Le département de romologie de l’université de Pecs qui existe depuis 1998 a reçu l’an dernier son habilitation à délivrer des diplômes universitaires. Actuellement, 150 étudiants achèvent leur formation universitaire. Il seront en juin, les premiers diplômés en romologie de Hongrie, la moitié d’entre eux sont tsiganes et beaucoup sont passés par le lycée Gandhi de Pecs, un établissement exclusivement réservé à cette minorité.
Zoltan Beck s’en réjouit même s’il se méfie des effets pervers de cette nouvelle politique de discrimination positive qui voudrait que la culture tsigane soit exclusivement l’apanage des tsiganes. «Les cultures ne doivent pas être cloisonnées», explique-t-il. C’est aussi l’avis d’Andréa. La jeune fille qui est en seconde au lycée Gandhi vient de passer deux années à Montréal. Une expérience qui l’a enrichie. Rentrée en Hongrie avec sa mère, faute d’avoir pu obtenir le statut de réfugié, elle a retrouvé ses amis. «Je me sens bien ici, je suis fière de mon identité tsigane, dit Andrea mais je regrette qu’il soit si difficile d’étudier dans un lycée «normal»en Hongrie».
Former la future élite tsigane
Comme les 220 élèves du lycée, outre les cours classiques, Andréa reçoit un enseignement sur la culture tsigane. Elle étudie le beash, sa langue maternelle, une forme très ancienne du roumain. «En famille, nous parlons hongrois mais ma mère m’aide à réviser mes leçons de beash, elle voudrait que je devienne avocate». Avocate de la cause tsigane ?
Aujourd’hui en Hongrie, un tiers seulement de la minorité tsigane (600 000 environ sur une population de 10 millions) a gardé son identité ethnique. La discrimination existe toujours raconte Edina, 16 ans, élève au lycée Gandhi. «Ici, au moins, on peut étudier les langues tsiganes, c’est une opportunité pour ceux qui ne les ont pas apprises à la maison». L’adolescente timide se sent rassurée dans cet environnement privilégié: «Apprendre pour nous, c’est une nécessité pour améliorer notre existence».
La plupart des 220 élèves de cet établissement sont internes et certains ne supportent pas d’être séparés de leur famille. «Quand ils arrivent, ils sont très jeunes explique le professeur de français Aniko Gergaly, et ici les règles sont plus strictes que chez eux et ils sortent d’un environnement très pauvre et rural». Pour faciliter leur intégration, Erica Csovsics, la directrice du lycée mise sur les cours de théâtre dispensés dans les premières classes: «Notre objectif dit-elle, c’est vraiment de former la future élite tsigane». Tout est fait pour faciliter les études, vastes salles de cours, bibliothèque, ordinateurs, attention permanente des professeurs. Bien sûr, nous recevons de l’Etat deux fois plus d’argent qu’un lycée ordinaire, mais nos élèves sont de condition modeste et ne payent rien pour leurs études explique la directrice. Et les résultats sont là, depuis l’an 2000, près de 80 élèves ont réussi leur baccalauréat et la population commence à être fière de ce lycée assure Erica Csovsics. Autre source de fierté pour le lycée Gandhi, la formation des adultes qui a commencé cette année.
par Catherine Ninin
Article publié le 23/05/2003