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Chine

SRAS: retour à la normale à Pékin

La situation sanitaire s’améliore rapidement en Chine, où aucun nouveau cas de pneumonie atypique n’a été rapporté aujourd’hui. Ce dix-neuvième jour consécutif avec moins de dix nouveaux malades, récompense la mobilisation massive de la population contre l’épidémie. Mais il aura fallu l’approbation d’un émissaire de l’OMS, pour que le doute sur ces nouveaux chiffres soit enfin levé. Car depuis que le gouvernement chinois a reconnu l’ampleur de l’épidémie, le 20 avril dernier, les statistiques locales étaient systématiquement considérées avec suspicion.
De notre correspondante à Pékin

En visite jeudi à Pékin, David Heymann, le directeur exécutif de l’OMS pour les maladies contagieuses, est venu apporter une sorte de caution morale à la baisse fulgurante des nouveaux cas recensés en Chine. De plus de 150 malades par jour au mois de mai, Pékin est revenue à quelques cas quotidiens, et le pays a déjà par deux fois connu des journées sans nouveaux malade ni décès. Une mise sous contrôle de l’épidémie louée par les autorités chinoises, mais qui laissait sceptiques les représentants de l’OMS basés à Pékin. David Heymann, lui, s’est voulu rassurant, et s’est même dit impressionné par les mesures adoptées par la Chine dans sa lutte contre la pneumopathie. Les données chinoises sont «informatives, complètes et elles reflètent les immenses efforts de la Chine pour contenir l’épidémie de SRAS», a-t-il affirmé au cours d’une conférence de presse conjointe entre l’OMS et le ministère de la Santé chinois, une grande première depuis le début de l’épidémie.

Ces données sont également compatibles avec les critères d’identification de la maladie posés par l’OMS, a-t-il expliqué, ce qui lève un doute sur les méthodes de comptabilité des malades utilisées en Chine. Car jusqu’à présent, les médecins et experts étrangers craignaient que les critères de reconnaissance de la maladie appliqués par les autorités chinoises soient tellement contraignants, qu’un cas considéré comme avéré dans tout autre pays, n’aurait été que suspect en Chine. Mais cette dérive semble avoir elle aussi été évitée.

Une ombre subsiste néanmoins au tableau épidémiologique chinois, et pourrait retarder la levée des restrictions de l’OMS: dans 70% des nouveaux cas recensés depuis le 1er mai, les médecins sont incapables d’identifier l’origine de la contamination. Une situation inquiétante, qui laisse supposer la présence de malades non identifiés, au mieux, voire de modes de transmission inédits, au pire.

Renouer avec l'optimisme

Malgré ces incertitudes, qu’ils considèrent désormais comme affaires de spécialistes, les Pékinois ont décidé de renouer avec l’optimisme. Enfermés chez eux pendant des semaines par peur du Sras, mis en quarantaine pour des milliers d’entre eux au plus fort de l’épidémie, ils semblent aujourd’hui fermement décidés à retrouver leur rythme de croisière. Dans les rues, rares sont désormais ceux qui portent un masque, et les activités économiques locales tournent pratiquement à plein régime. Les centres sportifs ont rouvert leurs portes dimanche, suivis dès lundi par les théâtres et cinéma.

Les Pékinois se prêtent de bonne grâce aux incessants contrôles de température dont ils sont l’objet: à l’entrée des supermarchés, des banques, des immeubles de bureaux, des portiques relèvent la température de tous les passants. Dans les gares et les trains, les tests se multiplient, presque à l’absurde: pas moins de cinq prises de température pour un trajet entre Pékin et Shanghai! Mais ces contraintes n’en sont plus pour les Chinois, qui savourent leur liberté retrouvée.

Seule l’absence des hordes de touristes étrangers qui envahissent d’habitude la capitale en cette saison, rappelle finalement l’existence de cette maladie, qui a touché plus de 5000 personnes dans le pays et fait 343 victimes. Mais cette séquelle de la maladie pourrait elle aussi disparaître de Pékin: bien que David Heymann ait refusé de se prononcer sur l’éventuel retrait de la Chine de la liste des pays à risque, beaucoup, à Pékin, estiment que ce n’est plus qu’une question de jours.



par Séverine  Bardon

Article publié le 14/06/2003