Côte d''Ivoire
La guerre est finie
Une initiative des états-majors des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) et des forces armées des Forces nouvelles (MPCI, MPIGO et MJP), a officiellement mis fin à la guerre civile qui secoue le pays depuis le 19 septembre 2002. Les militaires de chaque bord ont aussi annoncé leur subordination au président de la République.
Le vendredi 4 juillet, dans la grande salle des «Pas perdus», en fin d’après-midi, les officiers supérieurs de l’armée loyaliste et ceux des Forces nouvelles (ex rébellion) avaient convié tout ce que la Côte d’Ivoire compte d’institutions et organes républicains, pour une cérémonie solennelle. Le président de la République et son gouvernement au grand complet étaient aux premières loges pour écouter une déclaration commune, lue alternativement par le lieutenant-colonel Jules Yao Yao des Fanci et le colonel Sinima Bamba des Forces nouvelles. La cérémonie était diffusée en direct à la radio et à la télévision nationale. Après un interminable chapelet de «considérant», tombe une première phrase affirmative, qui ne surprend pas l’assistance, mais sonne dans toutes les têtes comme une prise de conscience tardive.
«Les Forces de Défense et de sécurité de Côte d’Ivoire et les Forces armées des Forces nouvelles, prenant en compte le respect du cessez-le-feu intégral signé le 3 mai 2003 et la levée des zones de guerre, déclarent la fin de la guerre». Plus loin, elles affirment «leur subordination au président de la République et au gouvernement de réconciliation national». Elles réclament le retour rapide de la normalité administrative, économique et sociale et s’engagent à dissuader toute velléité de reprise des armes. Les militaires qui disent avoir «pris leurs responsabilités» suggèrent aux hommes politiques de leur emboîter le pas en empêchant leurs troupes et supporteurs de jeter de l’huile sur le feu. Les militaires ont marqué d’un geste fort cette cérémonie. Le général Mathias Doué, chef d’état-major des Fanci et le colonel Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major par intérim des Forces nouvelles, ont ensemble remis une Kalachnikov au président Laurent Gbagbo en signe de renoncement à l’utilisation des armes et marquent aussi leur subordination à son autorité.
La confiance n’exclut pas la méfiance
Le président visiblement très ému, s’est déclaré être en ce jour «l’homme le plus heureux de Côte d’Ivoire». Il a pris acte des déclarations et symboles d’une nouvelle étape franchie vers le retour de la paix totale en Côte d’Ivoire. Il a demandé aux députés de l’Assemblée nationale de se prononcer en faveur de la loi d’amnistie générale des auteurs des événements de septembre 2000 à l’insurrection armée de septembre 2002. Le projet de loi est adopté par le gouvernement et sera bientôt déposé à l’Assemblée nationale. Mais la satisfaction exprimée par le chef de l’Etat ne convainc pas entièrement les mouvements rebelles qui veulent juger sur pièce. Ils insistent sur des passages de la déclaration commune qui «recommandent au président de la République de nommer dans les délais raisonnables, les ministres en charge des portefeuilles de la Défense et de la Sécurité, conformément aux procédures d’Accra II».
La branche armée des mouvements rebelles, composée de dissidents des Fanci, a rallié les politiques à son choix de déposer les armes et de parler d’une même voix que les frères d’armes restés à la maison. C’est pourquoi dans la déclaration commune des militaires, Fanci et Forces nouvelles, «appellent les hommes politiques à suspendre le réarmement des forces et à différer les livraisons d’armes afin de faciliter la mise en œuvre du programme national de Démobilisation, de désarmement et de réinsertion (DDR)».
La confiance n’excluant pas la méfiance, le président Laurent Gbagbo a pour sa part annoncé qu’il a demandé la surveillance du territoire, à la frontière du Liberia, par des «hélicoptères Puma non armés» des Fanci. Par ailleurs, il prévoit une déclaration solennelle à la nation lorsqu’il sera persuadé que «la guerre est bien terminée». Il mesurera cette opportunité au redéploiement de l’Administration sur tout le territoire national et par la réalité de la libre circulation des biens et des personnes (entre le nord et sud). Et puisque toutes les forces armées se soumettent à l’autorité du chef de l’Etat, Laurent Gbagbo entend exercer la souveraineté républicaine sur toute l’étendue de la Côte d’Ivoire. La partition de fait du pays qui n’existe plus a priori, demeure malgré tout une réalité difficile à gommer, pour l’instant.
C’est à Bouaké que les rebelles ont établi leur fief et n’accepteront pas d’en être délogés avant d’avoir obtenu l’application de leurs revendications, à l’origine du conflit, et qui ont été prises en compte dans l’accord de Marcoussis du 24 janvier 2003. Or, Laurent Gbagbo ne semble pas attacher trop d’importance à l’accord de Marcoussis, préférant que ses interlocuteurs répondent à une simple question : «Est-ce qu’on veut la paix, oui ou non ? L’adversaire c’est celui qui ne veut pas la paix», dit-il. Une réponse positive à cette question, selon le président, permettrait de dépasser toutes les contingences pour n’avoir qu’à l’esprit la réussite du pays. Autrement dit, l’accord de Marcoussis n’est pas une fin en soi. Mais pour les Forces nouvelles, il constitue le premier pas vers la paix, comme l’a rappelé un communiqué du MPCI réuni à Bouaké pour entériner la décision des militaires de déposer les armes.
«Les Forces de Défense et de sécurité de Côte d’Ivoire et les Forces armées des Forces nouvelles, prenant en compte le respect du cessez-le-feu intégral signé le 3 mai 2003 et la levée des zones de guerre, déclarent la fin de la guerre». Plus loin, elles affirment «leur subordination au président de la République et au gouvernement de réconciliation national». Elles réclament le retour rapide de la normalité administrative, économique et sociale et s’engagent à dissuader toute velléité de reprise des armes. Les militaires qui disent avoir «pris leurs responsabilités» suggèrent aux hommes politiques de leur emboîter le pas en empêchant leurs troupes et supporteurs de jeter de l’huile sur le feu. Les militaires ont marqué d’un geste fort cette cérémonie. Le général Mathias Doué, chef d’état-major des Fanci et le colonel Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major par intérim des Forces nouvelles, ont ensemble remis une Kalachnikov au président Laurent Gbagbo en signe de renoncement à l’utilisation des armes et marquent aussi leur subordination à son autorité.
La confiance n’exclut pas la méfiance
Le président visiblement très ému, s’est déclaré être en ce jour «l’homme le plus heureux de Côte d’Ivoire». Il a pris acte des déclarations et symboles d’une nouvelle étape franchie vers le retour de la paix totale en Côte d’Ivoire. Il a demandé aux députés de l’Assemblée nationale de se prononcer en faveur de la loi d’amnistie générale des auteurs des événements de septembre 2000 à l’insurrection armée de septembre 2002. Le projet de loi est adopté par le gouvernement et sera bientôt déposé à l’Assemblée nationale. Mais la satisfaction exprimée par le chef de l’Etat ne convainc pas entièrement les mouvements rebelles qui veulent juger sur pièce. Ils insistent sur des passages de la déclaration commune qui «recommandent au président de la République de nommer dans les délais raisonnables, les ministres en charge des portefeuilles de la Défense et de la Sécurité, conformément aux procédures d’Accra II».
La branche armée des mouvements rebelles, composée de dissidents des Fanci, a rallié les politiques à son choix de déposer les armes et de parler d’une même voix que les frères d’armes restés à la maison. C’est pourquoi dans la déclaration commune des militaires, Fanci et Forces nouvelles, «appellent les hommes politiques à suspendre le réarmement des forces et à différer les livraisons d’armes afin de faciliter la mise en œuvre du programme national de Démobilisation, de désarmement et de réinsertion (DDR)».
La confiance n’excluant pas la méfiance, le président Laurent Gbagbo a pour sa part annoncé qu’il a demandé la surveillance du territoire, à la frontière du Liberia, par des «hélicoptères Puma non armés» des Fanci. Par ailleurs, il prévoit une déclaration solennelle à la nation lorsqu’il sera persuadé que «la guerre est bien terminée». Il mesurera cette opportunité au redéploiement de l’Administration sur tout le territoire national et par la réalité de la libre circulation des biens et des personnes (entre le nord et sud). Et puisque toutes les forces armées se soumettent à l’autorité du chef de l’Etat, Laurent Gbagbo entend exercer la souveraineté républicaine sur toute l’étendue de la Côte d’Ivoire. La partition de fait du pays qui n’existe plus a priori, demeure malgré tout une réalité difficile à gommer, pour l’instant.
C’est à Bouaké que les rebelles ont établi leur fief et n’accepteront pas d’en être délogés avant d’avoir obtenu l’application de leurs revendications, à l’origine du conflit, et qui ont été prises en compte dans l’accord de Marcoussis du 24 janvier 2003. Or, Laurent Gbagbo ne semble pas attacher trop d’importance à l’accord de Marcoussis, préférant que ses interlocuteurs répondent à une simple question : «Est-ce qu’on veut la paix, oui ou non ? L’adversaire c’est celui qui ne veut pas la paix», dit-il. Une réponse positive à cette question, selon le président, permettrait de dépasser toutes les contingences pour n’avoir qu’à l’esprit la réussite du pays. Autrement dit, l’accord de Marcoussis n’est pas une fin en soi. Mais pour les Forces nouvelles, il constitue le premier pas vers la paix, comme l’a rappelé un communiqué du MPCI réuni à Bouaké pour entériner la décision des militaires de déposer les armes.
par Didier Samson
Article publié le 06/07/2003