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Irak

L’administration Bush sous le feu des critiques

Les raisons invoquées par l’équipe de George Bush pour déclencher la guerre en Irak font l’objet de nombreuses critiques aux Etats-Unis où certains députés de l’opposition n’hésitent pas à accuser le président d’avoir menti au peuple américain. Faces aux difficultés rencontrées par la coalition américano-britannique dans l’après-guerre, l’Organisation des Nations unies, dont le rôle avait pourtant été sciemment minimisé par Washington, semble prendre une part de plus en plus active dans la reconstruction. Et Donald Rumsfeld, le très va-t-en guerre secrétaire américain à la Défense, évoque désormais d’un bon œil une intervention de l’OTAN dans un pays où les forces américaines sont l’objet d’attaques quasi-quotidiennes.
L’arrogance de l’administration Bush semble avoir fondu face aux difficultés rencontrées en Irak par la coalition américano-britannique. Et une fois n’est pas coutume, Donald Rumsfeld a fait en début de semaine son mea culpa concernant les présumées armes de destruction massive qui faisaient du régime de Saddam Hussein «une menace pour les Etats-Unis et le monde». Le secrétaire américain à la Défense, le plus fervent partisan d’une guerre contre le régime de Bagdad, a ainsi admis devant la commission sénatoriale des services armés que «la coalition n’a pas agi en Irak parce que de nouvelles preuves spectaculaires avaient été découvertes». Visiblement gêné par les nombreuses critiques dont l’administration Bush est l’objet depuis plusieurs semaines, il a tenté d’expliquer que les États-Unis n’étaient intervenus que parce que les preuves déjà existantes sur le présumé arsenal irakien avaient pris une nouvelle tournure «à la lumière des attentats du 11 septembre». «Nous avons agi car nous voyions les preuves sous une nouvelle lumière dramatique, à travers le prisme de notre expérience du 11 septembre», a-t-il déclaré.

Ces propos du secrétaire américain à la Défense interviennent alors que la crédibilité de la Maison Blanche est sérieusement ébranlée depuis qu’elle a formellement admis s’être trompée sur le présumé programme nucléaire irakien qu’elle avait pourtant utilisé pour justifier une intervention militaire contre le régime de Bagdad. La présidence américaine a en effet reconnu mardi que le président George Bush n’aurait pas dû affirmer dans son discours sur l’état de l’Union de janvier dernier que l’Irak avait tenté de se procurer en Afrique de l’uranium pour reconstituer un programme nucléaire militaire. Un aveu loin d’être spontané puisqu’il fait suite à la publication d’une tribune signée par un ancien ambassadeur américain, Joseph Wilson, dépêché à l’automne dernier par la CIA pour enquêter sur le sujet au Niger. «Je n’ai pas d’autre choix que de conclure qu’une partie des renseignements relatifs aux programmes irakiens de destruction massive a été dénaturée pour exagérer la menace irakienne», y affirmait-il.

Difficultés grandissantes sur le terrain

Le mea culpa de la Maison Blanche a déchaîné les foudres de l’opposition démocrate qui y a trouvé le prétexte rêvé pour mener campagne contre l’administration Bush. «Cela pourrait bien être la première fois dans l’histoire qu’un président trompe sciemment le peuple américain dans le discours de l’Union», a ainsi estimé le président du parti démocrate Terry McAuliffe. «Ou le président Bush a utilisé en connaissance de cause une fausse information ou bien des hauts responsables de l’administration ont autorisé son utilisation», a-t-il également insisté tandis que le sénateur démocrate de Floride s’interrogeait : «Monsieur le Président, que nous cachez-vous d’autre ?». Refusant de réagir à l’annonce de la Maison Blanche, le président américain en tournée en Afrique et visiblement gêné, s’est contenté de déclarer être «absolument certain» d’avoir pris la bonne décision en envahissant l’Irak.

Ce flot de critiques est en outre largement entretenu par les difficultés croissantes rencontrées en Irak par les troupes américaines qui subissent quasi-quotidiennement des attaques des forces fidèles au régime de Saddam Hussein. Trois mois après la chute de Bagdad, la sécurité n’a toujours pas été rétablie et les Irakiens excédés critiquent ouvertement l’incapacité de la coalition à remettre en l’état les infrastructures de bases. Face à cette impuissance de l’administration américaine en Irak, l’influence de l’ONU et de son représentant spécial en Irak, le Brésilien Sergio Vieira de Mello, semble de plus en plus grandissante. Depuis son arrivée le 2 juin à Bagdad, l’homme et son équipe n’ont pas ménagé leur temps pour se déplacer à travers le pays et rencontrer dignitaires religieux, personnalités politiques et civiles ou encore chefs de tribus.

Alors que Washington affirmait encore il y a peu que l’ONU n’aurait en Irak qu’un rôle d’observateur, il semblerait que Paul Bremer, l’administrateur américain en chef, souhaite de plus en plus s’appuyer sur l’organisation internationale. Et l’annonce par Sergio Vieira de Mello de la création dans les semaines qui viennent d’un Conseil de gouvernement transitoire doté de pouvoir exécutif et non plus d’un conseil politique, uniquement consultatif comme l’envisageaient les Américains, démontrent l’influence grandissante des Nations unies. Et comme le souligne discrètement le personnel de l’ONU, «les rencontres entre Paul Bremer et Sergio Vieira de Mello sont désormais quasi-quotidiennes».



par Mounia  Daoudi

Article publié le 10/07/2003