Union africaine
Tout commence par des prières
L’Union africaine est désormais sur les rails avec l’élection sans surprise de l’ancien chef d’État malien Alpha Oumar Konare, seul candidat en lice, à la tête de la Commission africaine pour quatre ans. Mais le poids de la tournée africaine du président américain George W Bush sur le sommet des chefs d’État et de gouvernements ouvert jeudi à Maputo au Mozambique –elle a suscité des va et vient des dirigeants des pays visités obligés d’écourter leur présence– la difficulté à régler des conflits sans aide extérieure, l’extension de l’épidémie du SIDA à travers le continent, montrent que le chemin qui reste à parcourir est encore bien long.
De notre envoyée spéciale à Maputo
L’ouverture du sommet a été précédée d’un «petit déjeuner de prière», organisé par un de ces groupes évangéliques animés par des Américains qui prolifèrent désormais à travers le continent et sont considérés par certains observateurs, y compris Africains, comme de nouveaux centres d’influence.
Présentée comme un petit déjeuner de prière des chefs d’État de l’Union africaine, à l’instar de manifestations similaires organisée à la Maison Blanche ou au siège des Nations unies à New York, cette événement, dans un grand hôtel de Maputo, a revêtu un caractère solennel mais discret. Invitations lancées par le président mozambicain Joaquim Chissano, qui succèdera samedi à l'issue du sommet au sud-africain Thabo Mbeki à la présidence de l’UA pour un an. Interventions du secrétaire-général de l’ONU Kofi Annan et des présidents nigérian Olusegun Obasanjo et zambien Levy Mwanawasa…
De nombreux dirigeants ont prié pour l’unité de l’Afrique, d’autres se sont faits représenter par leurs ministres des Affaires étrangères, quelques uns enfin n’ont pas répondu à l’invitation. «Nous ne prions pas le matin mais le soir», ont expliqué avec une certaine ironie des délégués algériens et libyens.
Le sommet lui-même a été marqué par l’élection confortable d’Alpha Oumar Konare qui a recueilli 35 voix sur les 45 pays votants. La République centrafricaine n’a pas eu le droit de participer à ce sommet à cause de l’arrivée au pouvoir par la force du général François Bozizé, alors que la République malgache, étant rentrée dans le jeu démocratique, y a été chaleureusement accueillie. Sept membres de l’UA, qui en compte 53, ont été privés du droit de vote pour cause d’arriérés impayés auprès de l’organisation panafricaine.
Dix voix ont manqué à Konare
Mais le sommet n’a pas choisi le nouveau président de la Commission africaine par acclamations, préférant le recours au scrutin à bulletins secrets comme le permettent les statuts. Dix voix ont manqué à l’appel –des bulletins contre ou blancs– traduisant selon certains observateurs diplomatiques une certaine irritation à l'égard du retrait de dernière minute de l’investiture accordée par le président ivoirien Laurent Gbagbo, absent de Maputo, à son compatriote Amara Essy qui occupait le poste de commissaire intérimaire.
De même, les chefs d’État et de gouvernement ont choisi le Rwandais Patrick Mazimhaka, conseiller du président Paul Kagame, au poste de vice-président de la Commission, après le retrait de son rival zambien. Personne en revanche n’a encore évoqué le cas du Zimbabwe qui peut siéger sans problème et écouter les discours sur la bonne gouvernance qui sont au cœur des débats sur le NEPAD, le Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique.
Le président nigérian –qui a dû quitter Maputo jeudi soir afin de préparer la venue à Lagos de George W Bush vendredi après une escale en Ouganda– a précisé avant son départ que la CEDEAO était prête à commencer le déploiement d'une force d'interposition au Libéria. Il a indiqué qu’il avait offert l’asile politique à Charles Taylor pour des raisons humanitaire afin d’éviter de transformer le pays en champ de bataille qui coûterait la vie à de nombreux civils.
Tout le monde ici pense toutefois que le départ du chef d’État libérien, s'il se réalise, sera plutôt la conséquence des menaces proférées contre lui par le président Bush.
Le sommet a tenu à marquer l’étendue de la tragédie du HIV/SIDA –qui a touché 60 millions d’Africains– à travers une vidéo conférence organisée avec la société civile dans plusieurs capitales dans le monde, estimant que l’Afrique aura besoin d'une aide internationale de 3 milliards de dollars par an pour combattre ce fléau ainsi que la tuberculose et la malaria.
Des mesures exceptionnelles de sécurité ont été prises à l’occasion du sommet de Maputo, les Sud-africains ayant donné un coup de main à leurs voisins Mozambicains. Les journalistes qui à un moment donné ont dû soumettre leurs sacs et caméras à l’examen de chiens policiers –venus eux aussi d’Afrique du Sud– n’ont finalement pas eu accès à la séance d’ouverture comme cela est la coutume. Ils ont été obligés de la suivre à la télévision et n’ont aucun accès direct avec les délégués au Centre des conférences internationales Joaquim Chissano construit par les Chinois pour la circonstance. Les responsables mozambicains expliquent cette mise à l’écart par l’exiguïté des lieux face à l’afflux de journalistes et par les mesures de sécurité désormais en vigueur de par le monde «en raison de la situation actuelle».
L’ouverture du sommet a été précédée d’un «petit déjeuner de prière», organisé par un de ces groupes évangéliques animés par des Américains qui prolifèrent désormais à travers le continent et sont considérés par certains observateurs, y compris Africains, comme de nouveaux centres d’influence.
Présentée comme un petit déjeuner de prière des chefs d’État de l’Union africaine, à l’instar de manifestations similaires organisée à la Maison Blanche ou au siège des Nations unies à New York, cette événement, dans un grand hôtel de Maputo, a revêtu un caractère solennel mais discret. Invitations lancées par le président mozambicain Joaquim Chissano, qui succèdera samedi à l'issue du sommet au sud-africain Thabo Mbeki à la présidence de l’UA pour un an. Interventions du secrétaire-général de l’ONU Kofi Annan et des présidents nigérian Olusegun Obasanjo et zambien Levy Mwanawasa…
De nombreux dirigeants ont prié pour l’unité de l’Afrique, d’autres se sont faits représenter par leurs ministres des Affaires étrangères, quelques uns enfin n’ont pas répondu à l’invitation. «Nous ne prions pas le matin mais le soir», ont expliqué avec une certaine ironie des délégués algériens et libyens.
Le sommet lui-même a été marqué par l’élection confortable d’Alpha Oumar Konare qui a recueilli 35 voix sur les 45 pays votants. La République centrafricaine n’a pas eu le droit de participer à ce sommet à cause de l’arrivée au pouvoir par la force du général François Bozizé, alors que la République malgache, étant rentrée dans le jeu démocratique, y a été chaleureusement accueillie. Sept membres de l’UA, qui en compte 53, ont été privés du droit de vote pour cause d’arriérés impayés auprès de l’organisation panafricaine.
Dix voix ont manqué à Konare
Mais le sommet n’a pas choisi le nouveau président de la Commission africaine par acclamations, préférant le recours au scrutin à bulletins secrets comme le permettent les statuts. Dix voix ont manqué à l’appel –des bulletins contre ou blancs– traduisant selon certains observateurs diplomatiques une certaine irritation à l'égard du retrait de dernière minute de l’investiture accordée par le président ivoirien Laurent Gbagbo, absent de Maputo, à son compatriote Amara Essy qui occupait le poste de commissaire intérimaire.
De même, les chefs d’État et de gouvernement ont choisi le Rwandais Patrick Mazimhaka, conseiller du président Paul Kagame, au poste de vice-président de la Commission, après le retrait de son rival zambien. Personne en revanche n’a encore évoqué le cas du Zimbabwe qui peut siéger sans problème et écouter les discours sur la bonne gouvernance qui sont au cœur des débats sur le NEPAD, le Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique.
Le président nigérian –qui a dû quitter Maputo jeudi soir afin de préparer la venue à Lagos de George W Bush vendredi après une escale en Ouganda– a précisé avant son départ que la CEDEAO était prête à commencer le déploiement d'une force d'interposition au Libéria. Il a indiqué qu’il avait offert l’asile politique à Charles Taylor pour des raisons humanitaire afin d’éviter de transformer le pays en champ de bataille qui coûterait la vie à de nombreux civils.
Tout le monde ici pense toutefois que le départ du chef d’État libérien, s'il se réalise, sera plutôt la conséquence des menaces proférées contre lui par le président Bush.
Le sommet a tenu à marquer l’étendue de la tragédie du HIV/SIDA –qui a touché 60 millions d’Africains– à travers une vidéo conférence organisée avec la société civile dans plusieurs capitales dans le monde, estimant que l’Afrique aura besoin d'une aide internationale de 3 milliards de dollars par an pour combattre ce fléau ainsi que la tuberculose et la malaria.
Des mesures exceptionnelles de sécurité ont été prises à l’occasion du sommet de Maputo, les Sud-africains ayant donné un coup de main à leurs voisins Mozambicains. Les journalistes qui à un moment donné ont dû soumettre leurs sacs et caméras à l’examen de chiens policiers –venus eux aussi d’Afrique du Sud– n’ont finalement pas eu accès à la séance d’ouverture comme cela est la coutume. Ils ont été obligés de la suivre à la télévision et n’ont aucun accès direct avec les délégués au Centre des conférences internationales Joaquim Chissano construit par les Chinois pour la circonstance. Les responsables mozambicains expliquent cette mise à l’écart par l’exiguïté des lieux face à l’afflux de journalistes et par les mesures de sécurité désormais en vigueur de par le monde «en raison de la situation actuelle».
par Marie Joannidis
Article publié le 11/07/2003