Centrafrique
Abel Goumba joue la transparence
Le Premier ministre Abel Goumba, le monsieur «mains propres» de la classe politique centrafricaine veut rester fidèle à son surnom. Il vient de déclarer ses biens auprès d’un cabinet notarial pour initier la lutte contre la corruption au plus haut niveau de l’Etat.
«Il ne faut pas qu’on nous taxe demain de détournements», a avait lancé le Premier ministre Abel Goumba, lors de l’installation de son gouvernement, en avril dernier. Il les exhortait au sérieux dans le travail pour rompre avec les pratiques de l’ancien pouvoir qui s’est distingué, selon lui par «une corruption avérée, l’affairisme». Le Premier ministre qui avait souhaité que le patrimoine de ses ministres soit officiellement répertorié avant leur prise de fonction n’a pu arriver à ses fins que quelques plus tard. En effet, le notaire habituel de l’Etat a été confronté à des difficultés qui l’ont empêché de remplir sa mission. Le choix du gouvernement s’est finalement portée sur Gina Roosalem qui a été reçue par le Premier ministre lui-même qui a aussi remis sa déclaration de biens.
Les membres du gouvernement sont attendus sur ce terrain, mais le général François Bozizé, président de la République est allé plus loin que son Premier ministre en demandant que cette déclaration soit étendue aux directeurs et présidents des régies financières que sont les banques, les services des impôts, les douanes et le trésor. Il a également souhaité que les chefs d’entreprises publiques soient concernés par la même démarche.
Après le renversement du président Ange-Félix Patassé, les nouveaux dirigeants du pays ont été confrontés à une «désastreuse situation économique» comme l’a dit le Premier ministre à l’occasion des 100 jours de son gouvernement. Il a attribué à la mauvaise gestion et aux détournements des deniers publics «la baisse du niveau de production et d’exportation des principales ressources nationales telles que le diamant, l’or, le bois, les cultures de rente notamment le café, le coton, et le tabac». Le corollaire de cette situation est l’accumulation des arriérés de salaires, la baisse des niveaux des investissements publics, la hausse des prix ou encore la faiblesse des financements extérieurs. C’est pourquoi le gouvernement fait de l’assainissement des comptes publics et de la moralité en politique son cheval de bataille.
Combattre l’enrichissement personnel
Plusieurs audits commandés par le gouvernement ont d’ailleurs poussé celui-ci à confier à la justice de procéder au recouvrement de 4,8 milliards de francs CFA (plus de 7 millions d’euros), dons du Japon qui se sont retrouvés dans des comptes privés de dignitaires de l’ancien régime. Selon la presse locale, certains remboursements de fonds détournés auraient été effectués par les bénéficiaires. Le Japon avait gelé sa coopération avec la Centrafrique subordonnant sa reprise au recouvrement des frais détournés.
Par ailleurs, à l’occasion des états généraux des mines, le président Bozizé a réaffirmé son attachement au processus de Kimberley, qui est une démarche soutenue par les Nations unies et qui prévoit une certification et la traçabilité des diamants afin de lutter contre les «diamants de la guerre». Pour lutter contre les pillages et trafics de tous genres le processus de Kimberley a mis sous embargo la production en provenance de certains pays si des critères objectifs n’étaient pas respectés. La Centrafrique est le cinquième producteur mondial de diamant pour une production annuelle de 500 000 carats.
La lutte contre la corruption mobilise les hautes instances de la République et apparaît de plus en plus comme l’arme la plus efficace aux mains du gouvernement pour assurer sa réussite. Après l’état de grâce d’après coup d’Etat, les langues commencent par se délier pour critiquer certaines méthodes de gestion du gouvernement Goumba. Les alliés politiques d’hier de la Concertation des partis politiques d’opposition (CPPO), reprochent au Premier ministre de tronquer son intégrité incontestée jusqu’alors contre quelques faiblesses coupables à nommer en priorité les membres de son parti, le Front patriotique pour le progrès (FPP) et les originaires de sa région, Ouaka, à des postes clef de la République, bafouant ainsi, selon eux, le principe de la transition, basé sur un partage équilibré du pouvoir.
A ces premiers accrocs de la transition, le Premier ministre oppose immédiatement sa réputation d’homme intègre pour ne pas se mettre à dos non plus l’opinion nationale. La déclaration des biens qui n’est pas encore rendue publique participe à cette démarche. A Bangui tout le monde connaît la résidence principale d’Abel Goumba, sauf les supplétifs tchadiens de la rébellion conduite par le général Bozizé, qui ont pillé sa maison du centre ville, le jour du coup d’Etat. Une deuxième maison connue abrite une partie de la famille très nombreuse du Premier ministre. La publication prochaine du patrimoine permettra de connaître précisément la «fortune» du Premier ministre.
Les membres du gouvernement sont attendus sur ce terrain, mais le général François Bozizé, président de la République est allé plus loin que son Premier ministre en demandant que cette déclaration soit étendue aux directeurs et présidents des régies financières que sont les banques, les services des impôts, les douanes et le trésor. Il a également souhaité que les chefs d’entreprises publiques soient concernés par la même démarche.
Après le renversement du président Ange-Félix Patassé, les nouveaux dirigeants du pays ont été confrontés à une «désastreuse situation économique» comme l’a dit le Premier ministre à l’occasion des 100 jours de son gouvernement. Il a attribué à la mauvaise gestion et aux détournements des deniers publics «la baisse du niveau de production et d’exportation des principales ressources nationales telles que le diamant, l’or, le bois, les cultures de rente notamment le café, le coton, et le tabac». Le corollaire de cette situation est l’accumulation des arriérés de salaires, la baisse des niveaux des investissements publics, la hausse des prix ou encore la faiblesse des financements extérieurs. C’est pourquoi le gouvernement fait de l’assainissement des comptes publics et de la moralité en politique son cheval de bataille.
Combattre l’enrichissement personnel
Plusieurs audits commandés par le gouvernement ont d’ailleurs poussé celui-ci à confier à la justice de procéder au recouvrement de 4,8 milliards de francs CFA (plus de 7 millions d’euros), dons du Japon qui se sont retrouvés dans des comptes privés de dignitaires de l’ancien régime. Selon la presse locale, certains remboursements de fonds détournés auraient été effectués par les bénéficiaires. Le Japon avait gelé sa coopération avec la Centrafrique subordonnant sa reprise au recouvrement des frais détournés.
Par ailleurs, à l’occasion des états généraux des mines, le président Bozizé a réaffirmé son attachement au processus de Kimberley, qui est une démarche soutenue par les Nations unies et qui prévoit une certification et la traçabilité des diamants afin de lutter contre les «diamants de la guerre». Pour lutter contre les pillages et trafics de tous genres le processus de Kimberley a mis sous embargo la production en provenance de certains pays si des critères objectifs n’étaient pas respectés. La Centrafrique est le cinquième producteur mondial de diamant pour une production annuelle de 500 000 carats.
La lutte contre la corruption mobilise les hautes instances de la République et apparaît de plus en plus comme l’arme la plus efficace aux mains du gouvernement pour assurer sa réussite. Après l’état de grâce d’après coup d’Etat, les langues commencent par se délier pour critiquer certaines méthodes de gestion du gouvernement Goumba. Les alliés politiques d’hier de la Concertation des partis politiques d’opposition (CPPO), reprochent au Premier ministre de tronquer son intégrité incontestée jusqu’alors contre quelques faiblesses coupables à nommer en priorité les membres de son parti, le Front patriotique pour le progrès (FPP) et les originaires de sa région, Ouaka, à des postes clef de la République, bafouant ainsi, selon eux, le principe de la transition, basé sur un partage équilibré du pouvoir.
A ces premiers accrocs de la transition, le Premier ministre oppose immédiatement sa réputation d’homme intègre pour ne pas se mettre à dos non plus l’opinion nationale. La déclaration des biens qui n’est pas encore rendue publique participe à cette démarche. A Bangui tout le monde connaît la résidence principale d’Abel Goumba, sauf les supplétifs tchadiens de la rébellion conduite par le général Bozizé, qui ont pillé sa maison du centre ville, le jour du coup d’Etat. Une deuxième maison connue abrite une partie de la famille très nombreuse du Premier ministre. La publication prochaine du patrimoine permettra de connaître précisément la «fortune» du Premier ministre.
par Didier Samson
Article publié le 09/07/2003