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Centrafrique

Bozizé à Ndjamena, Goumba à Paris

Le président de la république François Bozizé et son Premier ministre Abel Goumba rendent visite aux voisins et amis pour rassurer quant à leurs bonnes intentions et pour solliciter quelques appuis financiers. Une des priorités du nouveau gouvernement est d’apurer les arriérés de salaires impayés.
Le général François Bozizé réserve sa première sortie officielle à son homologue tchadien Idriss Déby, qui lui a accordé un soutien massif lors du coup d’Etat du 15 mars dernier. François Bozizé s’est rendu le 5 mai à Ndjamena pour une visite de travail, comme le précise l’entourage du président centrafricain. Cette visite intervient surtout au moment où l’ancien président de Centrafrique, André Kolingba (1981-1993), séjourne dans la capitale tchadienne, en attendant de retourner à Bangui. Condamné à mort par contumace après la tentative de coup d’Etat de mai 2001, il s’était réfugié en Ouganda. A la faveur de l’amnistie générale décrétée par le président Bozizé le 23 avril, le général Kolingba a manifesté le désir de rentrer dans son pays. Mais vu son rang d’ancien président de la république, le pouvoir centrafricain prend quelques précautions. «Sa sécurité est garantie pourvu que nous tombions d’accord sur la date et les modalités de son retour», a précisé le président François Bozizé.

Idriss Déby a assuré son hôte de son entière disponibilité, avant d’appeler les Centrafricains à œuvrer pour «une réconciliation globale». A l’issue de cette visite de moins de vingt-quatre heures, il apparaît que le pouvoir centrafricain souhaite s’informer, avant tout sur les intentions politiques de l’ancien président, avant de lui délivrer une autorisation de retour. «Il n’est pas un citoyen ordinaire» comme tous les autres centrafricains qui rentrent au pays, précise-t-on dans l’entourage du général Bozizé.

Renouer avec la France et l’Union européenne

Quant au Premier ministre, Abel Goumba, le Gabon a été l’une de ses premières destinations. Arrivé à Libreville le 5 mai, il a été reçu par le président Bongo à qui il a demandé d’être l’avocat de son pays «auprès des autres chefs d’Etat et de la communauté internationale pour qu’on comprenne les changements intervenus en Centrafrique et que nous ne soyons pas marginalisés», a-t-il déclaré. En effet, l’Union africaine, l’Union européenne et les institutions internationales condamnent, a priori, les coups d’Etat. Or la prise de pouvoir du 15 mars dernier «n’est pas un coup d’Etat mais une insurrection populaire», affirme le Premier ministre Abel Goumba. Sa mission, comme il la définit lui-même, est d’expliquer la situation dans son pays et de demander une assistance.

De Libreville à Paris où il est arrivé le 6 mai, le message sera le même. Il veut expliquer à ses interlocuteurs le «sens profond du changement intervenu le 15 mars», précise-t-il. Le Premier ministre centrafricain sera reçu à Paris par le ministre délégué à la Coopération et la Francophonie, Pierre-André Wiltzer. Selon le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, François Rivasseau, «cette visite sera l’occasion de faire le point sur la situation en Centrafrique, ainsi que sur le rôle que la France peut jouer pour faciliter la transition démocratique et la conduite du dialogue national à un moment où le pays a besoin d’être construit», a-t-il déclaré.

Par ailleurs le nouveau gouvernement centrafricain conscient que les mutineries à répétition et l’instabilité politico-militaire en Centrafrique résultent en grande partie du non paiement des salaires de milliers de fonctionnaires, s’est engagé à traiter ce problème en priorité. Ainsi les fonctionnaires ont-ils reçu leur salaire du mois d’avril et les reliquats des salaires des mois d’avril, de juin et d’août 2001. Ces opérations ont été effectuées grâce à l’aide de la république populaire de Chine, précise-t-on à Bangui, où Yang Wen Chang, le vice-ministre des Affaires étrangères de la Chine s’était rendu au début du mois d’avril. Mais pour un appui soutenu et diversifié les autorités centrafricaines ont décidé de renouer avec les partenaires traditionnels de la Centrafrique que sont la France et l’Union européenne. C’est l’objet principal de la visite d’Abel Goumba à Paris.





par Didier  Samson

Article publié le 06/05/2003