Irak
Pourquoi l’ONU était visée
L’ONU ne quittera pas l’Irak. Son secrétaire général, Kofi Annan a réaffirmé la volonté de l’organisation de poursuivre ses activités dans le pays. Mais dans quelles conditions ? Le mode opératoire de l’attentat contre l’hôtel Canal montre clairement une sophistication de plus en plus poussée des actions terroristes, deux semaines seulement après l’attentat contre l’ambassade de Jordanie.
De notre envoyé spécial à Bagdad
Selon les experts, le camion piégé transportait 227 kg de C4, un explosif ultra-puissant utilisé par les militaires. L’Irak de Saddam Hussein n’en produisait pas. La charge explosive pourrait avoir été importée de l’étranger via des filières clandestines. Un trafic facile pour les terroristes vu la porosité actuelle des frontières irakiennes. Selon un responsable américain, le camion qui a explosé emportait deux fois la masse d’explosifs utilisée lors de l’attentat contre l’ambassade de Jordanie.
Les auteurs de l’opération ont par ailleurs vraisemblablement bénéficié d’informations et de complicités pour connaître avec précision l’emplacement du bureau de Sergio Vieira de Mello, l’envoyé spécial de l’ONU à Bagdad. La bombe a en effet explosée à une quinzaine de mètres de là, pratiquement sous ses fenêtres.
La sécurité autour de l’hôtel Canal avait pourtant été renforcée. Un mur de protection avait été érigé tout récemment. Une jeep de l’armée américaine équipée de missiles sol-air stationnait en permanence devant l’entrée principale protégée par des sacs remplis de sable. Mais la voie rapide qui longe le siège de l’ONU n’a jamais été sécurisée ou neutralisée avec des chicanes de ralentissement.
En 12 ans d’activités en Irak, l’ONU n’avait jamais subi le moindre acte d’hostilité, mis à part l’assassinat perpétré pendant l’été 2000 d’un fonctionnaire de la FAO par un déséquilibré. Récemment cependant des équipes de l’Office des migrations internationale (OMI) et du Programme alimentaire mondial (PAM) avaient été victimes d’attaques à Mossoul, la grande ville du nord.
Les Américains cherchent désespérément des soutiens internationaux
La crainte d’un attentat était dans l’esprit des responsables onusiens chargés de la sécurité. Conscient des dangers, ils avaient ralentis considérablement l’arrivée de nouveaux personnels en diminuant les capacités de l’avion faisant la navette quotidienne entre Bagdad et Amman. La présence des expatriés de l’ONU et leurs mouvements étaient sévèrement encadrés : interdiction de sortir après 20 heures, ne jamais circuler seul. Certaines villes leur étaient aussi interdites comme Baaquouba, au nord de Bagdad, un fief de la résistance irakienne.
A ce stade, difficile de dire qui se cache derrière l’attentat de l’hôtel Canal. Il ne s’agit pas forcément d’anciens membres du régime de Saddam Hussein comme l’a prétendu Ahmed Chalabi, l’un des ténors du Conseil de gouvernement provisoire. Les regards se tournent aussi vers la nébuleuse islamiste, de plus en plus active selon les observateurs locaux. Des activistes radicaux, venant entre autres de Jordanie et d’Arabie Saoudite, seraient à pied d’œuvre en Irak pour mener la guerre sainte contre les «infidèles» occidentaux.
En s’attaquant à l’ONU, les auteurs de l’attentat ont visé le maillon faible de la présence étrangère en Irak et par ricochet les Etats-Unis. Un éventuel départ de l’organisation laisserait les Américains seuls dans le pays, ce qui seraient pour eux le scénario le plus embarrassant. Confrontés à un harcèlement quotidien, ces derniers cherchent désespérément des soutiens internationaux à la fois pour rétablir la sécurité et reconstruire le pays.
L’attentat contre le siège de l’ONU risque bien de refroidir les meilleures volontés de tous ceux désirant se rendre en Irak. Déjà certaines ONG songent à évacuer au moins provisoirement le pays et à geler leurs projets en laissant le minimum de personnel expatrié sur place. «Même si pour l’heure, il n’en est pas question, les Nations unies vont être contraintes de diminuer leur dispositif dans le pays et alléger leur programme à court terme», explique un responsable d’une ONG. L’ONU devra en tout cas procéder à une réévaluation complète de ses procédures sécuritaires en Irak mais aussi de toutes ses activités.
Selon les experts, le camion piégé transportait 227 kg de C4, un explosif ultra-puissant utilisé par les militaires. L’Irak de Saddam Hussein n’en produisait pas. La charge explosive pourrait avoir été importée de l’étranger via des filières clandestines. Un trafic facile pour les terroristes vu la porosité actuelle des frontières irakiennes. Selon un responsable américain, le camion qui a explosé emportait deux fois la masse d’explosifs utilisée lors de l’attentat contre l’ambassade de Jordanie.
Les auteurs de l’opération ont par ailleurs vraisemblablement bénéficié d’informations et de complicités pour connaître avec précision l’emplacement du bureau de Sergio Vieira de Mello, l’envoyé spécial de l’ONU à Bagdad. La bombe a en effet explosée à une quinzaine de mètres de là, pratiquement sous ses fenêtres.
La sécurité autour de l’hôtel Canal avait pourtant été renforcée. Un mur de protection avait été érigé tout récemment. Une jeep de l’armée américaine équipée de missiles sol-air stationnait en permanence devant l’entrée principale protégée par des sacs remplis de sable. Mais la voie rapide qui longe le siège de l’ONU n’a jamais été sécurisée ou neutralisée avec des chicanes de ralentissement.
En 12 ans d’activités en Irak, l’ONU n’avait jamais subi le moindre acte d’hostilité, mis à part l’assassinat perpétré pendant l’été 2000 d’un fonctionnaire de la FAO par un déséquilibré. Récemment cependant des équipes de l’Office des migrations internationale (OMI) et du Programme alimentaire mondial (PAM) avaient été victimes d’attaques à Mossoul, la grande ville du nord.
Les Américains cherchent désespérément des soutiens internationaux
La crainte d’un attentat était dans l’esprit des responsables onusiens chargés de la sécurité. Conscient des dangers, ils avaient ralentis considérablement l’arrivée de nouveaux personnels en diminuant les capacités de l’avion faisant la navette quotidienne entre Bagdad et Amman. La présence des expatriés de l’ONU et leurs mouvements étaient sévèrement encadrés : interdiction de sortir après 20 heures, ne jamais circuler seul. Certaines villes leur étaient aussi interdites comme Baaquouba, au nord de Bagdad, un fief de la résistance irakienne.
A ce stade, difficile de dire qui se cache derrière l’attentat de l’hôtel Canal. Il ne s’agit pas forcément d’anciens membres du régime de Saddam Hussein comme l’a prétendu Ahmed Chalabi, l’un des ténors du Conseil de gouvernement provisoire. Les regards se tournent aussi vers la nébuleuse islamiste, de plus en plus active selon les observateurs locaux. Des activistes radicaux, venant entre autres de Jordanie et d’Arabie Saoudite, seraient à pied d’œuvre en Irak pour mener la guerre sainte contre les «infidèles» occidentaux.
En s’attaquant à l’ONU, les auteurs de l’attentat ont visé le maillon faible de la présence étrangère en Irak et par ricochet les Etats-Unis. Un éventuel départ de l’organisation laisserait les Américains seuls dans le pays, ce qui seraient pour eux le scénario le plus embarrassant. Confrontés à un harcèlement quotidien, ces derniers cherchent désespérément des soutiens internationaux à la fois pour rétablir la sécurité et reconstruire le pays.
L’attentat contre le siège de l’ONU risque bien de refroidir les meilleures volontés de tous ceux désirant se rendre en Irak. Déjà certaines ONG songent à évacuer au moins provisoirement le pays et à geler leurs projets en laissant le minimum de personnel expatrié sur place. «Même si pour l’heure, il n’en est pas question, les Nations unies vont être contraintes de diminuer leur dispositif dans le pays et alléger leur programme à court terme», explique un responsable d’une ONG. L’ONU devra en tout cas procéder à une réévaluation complète de ses procédures sécuritaires en Irak mais aussi de toutes ses activités.
par Christian Chesnot
Article publié le 21/08/2003