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Irak

Attentat à Bagdad contre la Jordanie

Un attentat d’une ampleur inégalée depuis l’installation de l’administration provisoire américaine en Irak a fait 17 morts et plus de 50 blessés. Il ne prenait pas cette fois pour cible la coalition américano-britannique mais l’ambassade de Jordanie. Cet attentat à la voiture piégée constitue un pas dans l’escalade de la violence sur le harcèlement dont sont victimes en permanence les forces américaines présentes en Irak.
Une roquette lancée en direction d’une voiture bourrée d’explosifs stationnée sur le parking de l’ambassade de Jordanie à Bagdad a entraîné la mort de 17 personnes et en a blessé plus de 50, causant de gros dégâts au bâtiment diplomatique.

C’est le premier attentat de cette importance qui se produit en Irak depuis la fin des opérations militaires et l’installation d’une administration civile américaine dans le pays. L’opération terroriste visait non pas la coalition anglo-américaine mais la Jordanie, un des alliés les plus fidèles des Etats-Unis au Proche-Orient. Amman n’a pas formellement pris position en faveur ni en défaveur de l’intervention américaine en Irak mais a autorisé la présence sur son territoire de 6 000 soldats américains. La monarchie hachémite a en outre donné asile, fin juillet, aux deux filles de Saddam Hussein, Raghad et Rana et à leurs neuf enfants. Cette attitude est, semble-t-il, mal comprise en Irak car, immédiatement après l’attentat, des dizaines d’Irakiens ont envahi et saccagé l’ambassade, scandant des slogans hostiles à la Jordanie.

Nouvelles consignes

L’attentat contre l’ambassade jordanienne à Bagdad n’est qu’un signe de l’insécurité qui règne dans le pays et de l’incapacité des forcés armées américano-britanniques à rétablir l’ordre. Chaque jour des soldats tombent dans des embuscades et sont soumis à un harcèlement permanent de rebelles irakiens qui font des morts de part et d’autre. Depuis le 1er mai, date à laquelle le président américain Bush a déclaré la fin des opérations de combat, 55 GI’s sont morts en Irak. Au même moment que l’attentat à l’ambassade un véhicule militaire américain a été attaqué à la grenade dans le centre de Bagdad. La veille au soir, deux soldats ont été tués à l’arme légère dans un quartier de la capitale et des attaques répétées de ce type se déroulent de manière quasi quotidienne à Bagdad comme dans les autres régions du pays. Des sabotages ont lieu à proximité des sites pétroliers, dont l’oléoduc alimentant la raffinerie De Baïji, à 200 km au nord de Bagdad.

Conscients de l’hostilité qu’ils suscitent parmi la population irakienne les Américains ont décidé de changer de tactique. Le Chef du commandement central, le général Ricardo Sanchez vient d’annoncer de nouvelles instructions aux forces armées sur le terrain. Elles devront faire preuve de précaution dans leurs rapports avec la population afin de respecter la dignité des Irakiens, leurs traditions et leur culture. Par exemple, demander la permission d’entrer dans les maisons lors des opérations, plutôt que d’enfoncer la porte et se faire accompagner le plus possible de représentants irakiens. De même, pour les perquisitions de mosquées il convient désormais d’avoir recours à des Irakiens. Et, dans les villes considérées comme sûres les Américains devraient laisser la police irakienne agir seule.

Le général Ricardo Sanchez estime que la collaboration des Irakiens s’améliore, notamment dans la recherche de l’ex-dictateur Saddam Hussein et de ses proches. Mais le dernier appel de Saddam Hussein à résister à l’occupant a été diffusé par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira, il y a moins de huit jours.



par Francine  Quentin

Article publié le 07/08/2003