Irak
Le Baas attise les braises de la révolte
Depuis sa dissolution en mai dernier, le Baas est passé du statut de parti-Etat à celui moins enviable de parti hors la loi. L’une des premières décisions de Paul Bremer, l’administrateur civil américain en Irak, a été de «débaassiser» l’administration publique. Une véritable chasse aux sorcières contre ses dirigeants et ses cadres. Plus personne aujourd’hui ne revendique publiquement son appartenance au parti, devenu tabou.
De notre envoyé spécial à Bagdad
Un signe ne trompe pas : dans le nouveau Conseil transitoire de gouvernement, toute les tendances politiques sont représentées, des communistes aux islamistes, à l’exception des nationalistes arabes. Mais le Baas a-t-il disparu pour autant de la scène irakienne ?
Pas si sûr. «Il a été chassé par la porte, il va revenir par la fenêtre», pronostique Abou Zyiad, un ancien membre de la direction nationale du parti. «Le Baas, poursuit-il, a cinquante ans d’histoire derrière lui, il a connu des hauts et des bas, des périodes de clandestinité et des années au pouvoir, aujourd’hui, il doit courber le dos mais il ne va pas disparaître pour autant.»
Ces dernières années, beaucoup des membres adhéraient au parti non pas par conviction politique ou idéologique mais pour obtenir un emploi, un logement ou faciliter l’inscription d’un fils à l’université, ou encore plus prosaïquement pour ne pas avoir d’ennuis avec les « moukharabats », les services de renseignement. Ceux-là, les plus nombreux, ont tourné casaque avec la chute du régime de Saddam Hussein.
Mais il reste encore un noyau de militants et de cadres qui espèrent bien faire renaître de ses cendres le Baas. Et puis, il y aurait aussi de l’argent caché a travers le pays, le «trésor de guerre» du parti. «Pour le moment, explique Abou Ziyad, le nom de Baas est banni, mais il pourrait réapparaître en utilisant par exemple l’étiquette islamique, non pas pour une alliance stratégique mais plutôt tactique» avec les barbus contre l’occupation américaine. A Fallouja ou à Ramadi, si les attaques anti-américaines ont une origine sociale et religieuse, les anciens baassistes très nombreux dans ces deux villes attisent les braises de la révolte en sous-main. Les passerelles entre islamistes et nationalistes semblent déjà en place.
Un tract daté du 12 juillet qui circule sous le manteau à Bagdad signé d’une mystérieuse direction islamique et nationale de l’Union des forces populaires en Irak plaide pour cette alliance de circonstance. Dénonçant le vide politique depuis la chute du régime et les visées hégémoniques américaines non seulement en Irak mais aussi en Palestine, il appelle à une conférence de l’ensemble des forces sociales, religieuses, tribales ainsi que des personnalités nationales ou islamiques, sans faire allusion aux partis. Le nom de Saddam Hussein n’est pas évoqué mais le tract utilise le même discours nationaliste et pan-arabe du Baas.
Pas question pour autant de se réorganiser au grand jour. Le choc de la défaite est encore trop grand. L’heure est à la clandestinité. Des cadres historiques de la direction nationale ont trouvé refuge à l’étranger comme l’idéologue du parti Elias Farah à Alep en Syrie ou encore Abdel Majid Rafi’e à Tripoli au Liban. «Pour le moment, il n’y a pas de réunions mais des rencontres individuelles entre militants», explique Abou Ayman qui montre un message manuscrit reçu de Syrie d’un membre du parti lui posant des questions sur l’avenir du parti, son rôle dans la résistance actuelle et les besoins des militants.
Depuis sa création en 1942 à Damas par le chrétien Michel Aflak et le sunnite Salahedine Bittar, le Baas a une longue expérience de l’action souterraine. Même sous le règne de Saddam Hussein, le parti avait conservé une branche secrète appelée «la réserve». Un vivier de militants agissant non seulement en Irak mais aussi à l’extérieur. Ses hommes sont encore présents dans une vingtaine de pays. Un cadre Algérien vient d’ailleurs de revenir en Irak après une tournée à l’étranger pour mobiliser des soutiens. Pendant de longues années, le Baas irakien a entretenu des militants venus du Maghreb, du Yemen, du Soudan ou encore de Syrie.
Chassé du pouvoir à Damas en 1966 par Hafez Al-Assad, l’ancien président syrien, Amin Al-Hafez, 82 ans, estime que «le combat n’est pas fini et que les principes du Baas sont toujours valables. Nous sommes dans la tempête, comme le roseau, il faut mieux plier que rompre. Il y a encore des jeunes gens courageux pour prendre la relève».
Un signe ne trompe pas : dans le nouveau Conseil transitoire de gouvernement, toute les tendances politiques sont représentées, des communistes aux islamistes, à l’exception des nationalistes arabes. Mais le Baas a-t-il disparu pour autant de la scène irakienne ?
Pas si sûr. «Il a été chassé par la porte, il va revenir par la fenêtre», pronostique Abou Zyiad, un ancien membre de la direction nationale du parti. «Le Baas, poursuit-il, a cinquante ans d’histoire derrière lui, il a connu des hauts et des bas, des périodes de clandestinité et des années au pouvoir, aujourd’hui, il doit courber le dos mais il ne va pas disparaître pour autant.»
Ces dernières années, beaucoup des membres adhéraient au parti non pas par conviction politique ou idéologique mais pour obtenir un emploi, un logement ou faciliter l’inscription d’un fils à l’université, ou encore plus prosaïquement pour ne pas avoir d’ennuis avec les « moukharabats », les services de renseignement. Ceux-là, les plus nombreux, ont tourné casaque avec la chute du régime de Saddam Hussein.
Mais il reste encore un noyau de militants et de cadres qui espèrent bien faire renaître de ses cendres le Baas. Et puis, il y aurait aussi de l’argent caché a travers le pays, le «trésor de guerre» du parti. «Pour le moment, explique Abou Ziyad, le nom de Baas est banni, mais il pourrait réapparaître en utilisant par exemple l’étiquette islamique, non pas pour une alliance stratégique mais plutôt tactique» avec les barbus contre l’occupation américaine. A Fallouja ou à Ramadi, si les attaques anti-américaines ont une origine sociale et religieuse, les anciens baassistes très nombreux dans ces deux villes attisent les braises de la révolte en sous-main. Les passerelles entre islamistes et nationalistes semblent déjà en place.
Un tract daté du 12 juillet qui circule sous le manteau à Bagdad signé d’une mystérieuse direction islamique et nationale de l’Union des forces populaires en Irak plaide pour cette alliance de circonstance. Dénonçant le vide politique depuis la chute du régime et les visées hégémoniques américaines non seulement en Irak mais aussi en Palestine, il appelle à une conférence de l’ensemble des forces sociales, religieuses, tribales ainsi que des personnalités nationales ou islamiques, sans faire allusion aux partis. Le nom de Saddam Hussein n’est pas évoqué mais le tract utilise le même discours nationaliste et pan-arabe du Baas.
Pas question pour autant de se réorganiser au grand jour. Le choc de la défaite est encore trop grand. L’heure est à la clandestinité. Des cadres historiques de la direction nationale ont trouvé refuge à l’étranger comme l’idéologue du parti Elias Farah à Alep en Syrie ou encore Abdel Majid Rafi’e à Tripoli au Liban. «Pour le moment, il n’y a pas de réunions mais des rencontres individuelles entre militants», explique Abou Ayman qui montre un message manuscrit reçu de Syrie d’un membre du parti lui posant des questions sur l’avenir du parti, son rôle dans la résistance actuelle et les besoins des militants.
Depuis sa création en 1942 à Damas par le chrétien Michel Aflak et le sunnite Salahedine Bittar, le Baas a une longue expérience de l’action souterraine. Même sous le règne de Saddam Hussein, le parti avait conservé une branche secrète appelée «la réserve». Un vivier de militants agissant non seulement en Irak mais aussi à l’extérieur. Ses hommes sont encore présents dans une vingtaine de pays. Un cadre Algérien vient d’ailleurs de revenir en Irak après une tournée à l’étranger pour mobiliser des soutiens. Pendant de longues années, le Baas irakien a entretenu des militants venus du Maghreb, du Yemen, du Soudan ou encore de Syrie.
Chassé du pouvoir à Damas en 1966 par Hafez Al-Assad, l’ancien président syrien, Amin Al-Hafez, 82 ans, estime que «le combat n’est pas fini et que les principes du Baas sont toujours valables. Nous sommes dans la tempête, comme le roseau, il faut mieux plier que rompre. Il y a encore des jeunes gens courageux pour prendre la relève».
par Christian Chesnot
Article publié le 04/08/2003 Dernière mise à jour le 05/04/2004 à 08:08 TU