Irak
Les Américains face à une «<i>vraie guerre</i>»
Il ne se passe désormais plus un jour sans que les troupes américano-britanniques en Irak ne soient l’objet d’attaques ciblées de la part des fidèles du régime de Saddam Hussein. Ces attaques de plus en plus ingénieuses font dire au nouveau chef des forces américaines au Moyen-Orient, le général John Abizaid, que la coalition doit aujourd’hui faire face à une «guérilla organisée». Cet aveu intervient alors que sur le terrain les soldats américains ne cachent plus leur ras-le-bol et que l’administration Bush essuie un feu de critiques nourries de la part de l’opposition démocrate. Pour la première fois en outre, Washington se dit prêt à envisager une fonction plus poussée pour l’ONU dans l’après-guerre en Irak alors qu’il y a quelques semaines encore elle voulait cantonner l’organisation internationale au seul rôle d’observateur.
Depuis le 1er mai, date à laquelle le président Bush déclarait officiellement la fin des combats en Irak, trente-trois soldats américains ont été tués et des dizaines d’autres blessés dans des attaques menées par des fidèles du régime déchu. Le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, qui affirmait le 30 juin dernier que ces attaques n’étaient «en aucun cas le fait d’une guérilla ou d’une résistance organisée», a été ouvertement désavoué par le nouveau chef des forces américaines dans la région. John Abizaid a en effet reconnu que les troupes de la coalition faisaient face à une guérilla qui prenait de plus en plus la forme d’une guerre. «Je pense qu’en termes purement militaires, on peut parler de tactiques de guérilla classique», a-t-il notamment déclaré. «Ces attaques sont certes de faible intensité», a-t-il ajouté en soulignant toutefois qu’il s’agissait d’«une vraie guerre».
Visiblement préoccupé par la situation sur le terrain, John Abizaid a en outre avoué craindre une recrudescence des attaques durant le mois de juillet, époque durant laquelle l’ancien régime célébrait son accession au pouvoir. Selon lui, cette guérilla est menée par de petites unités composées de cadres moyens du parti Baas et d’anciens membres des services de sécurité irakiens et de la garde présidentielle de Saddam Hussein. Elle a pris ces dernières semaines les formes les plus diverses, allant de la simple attaque au pistolet, à la kalachnikov, ou à la grenade à l’attaque plus meurtrière au lance-roquettes ou à l’engin piégé télécommandé. Mercredi pour la première fois un missile sol-air a en outre visé sans l’atteindre un avion américain lors de son atterrissage à l’aéroport de Bagdad.
Justifiant cette préoccupation du commandement américain dans le Golfe, un nouvel enregistrement attribué à Saddam Hussein a été diffusé sur la chaîne satellitaire al-Arabiya 35 ans jour pour jour après la prise du pouvoir du parti Baas en Irak. La voix attribuée au dictateur déchu y accuse le président américain George Bush et le Premier ministre britannique Tony Blair d’avoir «menti pour justifier une guerre». Elle affirme en outre, sans mentionner explicitement le Conseil de gouvernement transitoire formé en fin de semaine dernière, que les responsables irakiens nommés par les forces de l’occupation «servent» ces dernières et non pas le peuple irakien. Appelant à la résistance sous toutes ces formes, elle a enfin salué les habitants d’al-Anbar à l’ouest de Bagdad où les forces américaines sont la cible d’un harcèlement, notamment dans la ville de Falloujah.
Ras-le-bol des boys
Confrontés à des attaques quasi-quotidiennes et sans certitude sur la date de leur retour aux Etats-Unis, les soldats américains accusent une sérieuse baisse de moral au point où certains d’entre eux n’hésitent pas à exprimer ouvertement leur mécontentement. Ainsi sur la chaîne ABC, un jeune militaire a été jusqu’à affirmer: «Si le secrétaire à la Défense Donald Rumsfled était là, je lui demanderai de démissionner». «On nous a dit que le chemin le plus rapide pour aller à la maison passait par Bagdad. C’est ce que nous avons fait et nous sommes encore là», a renchéri un autre. Face à cette grogne de plus en plus ouverte, la Maison Blanche et le Pentagone ont tenté de minimiser son importance, l’un en faisant l’éloge du «sacrifice» des militaires, l’autre en menaçant de sanctions tout soldat exprimant son ras-le-bol en public. Ce mécontentement des boys a toutefois gagné leurs proches qui ajoutent désormais leur voix au concert de critiques qui visent la Maison Blanche.
La situation sécuritaire sur le terrain, tout comme le coût de la guerre –dont la charge financière est actuellement estimée à 4 milliards de dollars par mois– ou encore les raisons invoquées pour la mener, jugées aujourd’hui mensongères, ont valu à l’administration américaine de violentes attaques, notamment de la part de la minorité démocrate. Conscient de mettre en péril la réélection de George Bush si la guerre en Irak se transformait en bourbier pour les Américains, le gouvernement a officiellement annoncé examiner un rôle plus poussé pour les Nations unies dans l’après-guerre. Plusieurs pays, dont la France, l’Allemagne et l’Inde, refusent en effet d’envoyer des troupes en Irak dans les conditions actuelles et Washington espère qu’un rôle plus central de l’organisation internationale inciterait certains de ses alliés à fournir des troupes.
Visiblement préoccupé par la situation sur le terrain, John Abizaid a en outre avoué craindre une recrudescence des attaques durant le mois de juillet, époque durant laquelle l’ancien régime célébrait son accession au pouvoir. Selon lui, cette guérilla est menée par de petites unités composées de cadres moyens du parti Baas et d’anciens membres des services de sécurité irakiens et de la garde présidentielle de Saddam Hussein. Elle a pris ces dernières semaines les formes les plus diverses, allant de la simple attaque au pistolet, à la kalachnikov, ou à la grenade à l’attaque plus meurtrière au lance-roquettes ou à l’engin piégé télécommandé. Mercredi pour la première fois un missile sol-air a en outre visé sans l’atteindre un avion américain lors de son atterrissage à l’aéroport de Bagdad.
Justifiant cette préoccupation du commandement américain dans le Golfe, un nouvel enregistrement attribué à Saddam Hussein a été diffusé sur la chaîne satellitaire al-Arabiya 35 ans jour pour jour après la prise du pouvoir du parti Baas en Irak. La voix attribuée au dictateur déchu y accuse le président américain George Bush et le Premier ministre britannique Tony Blair d’avoir «menti pour justifier une guerre». Elle affirme en outre, sans mentionner explicitement le Conseil de gouvernement transitoire formé en fin de semaine dernière, que les responsables irakiens nommés par les forces de l’occupation «servent» ces dernières et non pas le peuple irakien. Appelant à la résistance sous toutes ces formes, elle a enfin salué les habitants d’al-Anbar à l’ouest de Bagdad où les forces américaines sont la cible d’un harcèlement, notamment dans la ville de Falloujah.
Ras-le-bol des boys
Confrontés à des attaques quasi-quotidiennes et sans certitude sur la date de leur retour aux Etats-Unis, les soldats américains accusent une sérieuse baisse de moral au point où certains d’entre eux n’hésitent pas à exprimer ouvertement leur mécontentement. Ainsi sur la chaîne ABC, un jeune militaire a été jusqu’à affirmer: «Si le secrétaire à la Défense Donald Rumsfled était là, je lui demanderai de démissionner». «On nous a dit que le chemin le plus rapide pour aller à la maison passait par Bagdad. C’est ce que nous avons fait et nous sommes encore là», a renchéri un autre. Face à cette grogne de plus en plus ouverte, la Maison Blanche et le Pentagone ont tenté de minimiser son importance, l’un en faisant l’éloge du «sacrifice» des militaires, l’autre en menaçant de sanctions tout soldat exprimant son ras-le-bol en public. Ce mécontentement des boys a toutefois gagné leurs proches qui ajoutent désormais leur voix au concert de critiques qui visent la Maison Blanche.
La situation sécuritaire sur le terrain, tout comme le coût de la guerre –dont la charge financière est actuellement estimée à 4 milliards de dollars par mois– ou encore les raisons invoquées pour la mener, jugées aujourd’hui mensongères, ont valu à l’administration américaine de violentes attaques, notamment de la part de la minorité démocrate. Conscient de mettre en péril la réélection de George Bush si la guerre en Irak se transformait en bourbier pour les Américains, le gouvernement a officiellement annoncé examiner un rôle plus poussé pour les Nations unies dans l’après-guerre. Plusieurs pays, dont la France, l’Allemagne et l’Inde, refusent en effet d’envoyer des troupes en Irak dans les conditions actuelles et Washington espère qu’un rôle plus central de l’organisation internationale inciterait certains de ses alliés à fournir des troupes.
par Mounia Daoudi
Article publié le 17/07/2003