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Irak

Bush répond aux attaques

Dans un discours prononcé dans le Missouri devant une assemblée de vétérans américains, le président des Etats-Unis George W. Bush a tenté de répondre aux nombreuses critiques émises à l’encontre de sa politique en Irak. Il a fait part de sa détermination à poursuivre l’action engagée pour reconstruire le pays et écarté toute hypothèse de «retraite» des troupes américaines engagées malgré les difficultés qu’elles rencontrent sur le terrain pour rétablir l’ordre et l’augmentation du nombre de morts parmi les soldats.
Le bilan humain de l’intervention en Irak devient bien lourd aux yeux de l’opinion américaine. Deux cent soixante-dix-neuf militaires ont perdu la vie dans ce pays depuis le début de l’offensive pour renverser Saddam Hussein. Mais surtout, on dénombre désormais plus de décès dans la deuxième phase de l’intervention, c’est à dire depuis le 1er mai, date à laquelle George W. Bush a annoncé que les opérations strictement militaires étaient terminées. Les derniers attentats contre des soldats américains ont porté le nombre de victimes de cette deuxième période à 141, soit trois de plus que lors de l’offensive contre les troupes de Saddam Hussein. Et la liste risque de s’allonger encore longtemps.

Dans ce contexte, de nombreux membres du Congrès, démocrates mais aussi républicains, ont remis en cause la stratégie adoptée par le gouvernement pour gérer la sécurisation et la reconstruction de l’Irak. Plusieurs points font l’objet d’interrogations. Le nombre d’hommes engagés est-il suffisant pour accomplir une tâche d’une telle ampleur dans un pays où une part de plus en plus large de la population est hostile au maintien des troupes américaines ? L’absence de participation internationale n’est-elle pas aberrante ? Comment assurer le financement d’une intervention au long cours alors que les avoirs saisis après la chute du régime irakien sont déjà épuisés et que la manne espérée des revenus pétroliers est loin d’être disponible ?

Sur ce dernier point, des membres de l’administration américaine ont déjà laissé entendre qu’il allait vraisemblablement être nécessaire de demander une rallonge budgétaire au Congrès. Paul Bremer, l’administrateur américain en Irak, a estimé dans une interview au Washington Post, que le pays allait avoir besoin de «plusieurs dizaines de milliards de dollars» pour reconstruire ses infrastructures (notamment pétrolières) et relancer son économie. La Maison Blanche pourrait très rapidement demander le déblocage de deux ou trois milliards de dollars supplémentaires pour répondre aux besoins les plus urgents de l’intervention en Irak.

Faire appel à la communauté internationale

Par contre, il n’est pas prévu pour le moment –mais pas totalement exclu non plus- d’envoyer des renforts aux 140 000 Américains présents dans ce pays. Donald Rumsfeld, le ministre de la Défense et John Abizaid, le chef du commandement central américain en Irak, n’ont eu de cesse récemment d’affirmer que les troupes engagées étaient suffisantes. Mais la situation sur le terrain et l’incapacité des soldats à sécuriser les zones dans lesquelles ils sont déployés semblent contredire cette analyse. De plus en plus de membres du Congrès demandent donc à George W. Bush de faire appel à la communauté internationale et de convaincre d’autres pays d’envoyer des troupes pour participer à la stabilisation de l’Irak. Pour le moment, en effet, la quasi-totalité des militaires étrangers en Irak sont américains. Seuls quelque 20 000 hommes ont été envoyés par d’autres pays (Grande-Bretagne, Pologne, Bulgarie, Turquie). Et cette situation a peu de chance de changer tant que les Etats-Unis refuseront de laisser le commandement des opérations à l’ONU, condition sine qua non pour permettre l’engagement de troupes étrangères.

Bousculé par cette polémique, qui arrive après celle sur l’existence réelle ou pas d’armes de destruction massive en Irak et qui pourrait devenir un enjeu de la prochaine campagne électorale pour la présidentielle, George W. Bush a donc tenté de calmer les esprits à l’occasion de son discours devant la Convention des vétérans américains réunis à Saint Louis dans le Missouri. Il a affirmé sa détermination à rester en Irak jusqu’à la stabilisation du pays quelles que soit les résistances rencontrées et le prix humain à payer: «Il n’y aura pas de retraite». Pour le président Bush, l’intervention en Irak fait partie de la guerre contre le terrorisme: «La retraite devant le terrorisme ne ferait que susciter d’autres attaques encore plus osées». Dans ce contexte, l’enjeu est donc clair: «Notre seul but, notre seule option est la victoire totale dans la guerre contre la terreur». George W. Bush a aussi voulu inciter ses concitoyens au réalisme en replaçant les difficultés actuelles rencontrées par les Américains en Irak, mais aussi en Afghanistan, dans le contexte historique. Il a ainsi rappelé que la reconstruction en Allemagne et au Japon après la Seconde guerre mondiale avait pris «des années et non des mois». Le président a donc appelé à la «patience» et insisté sur les progrès qui ont tout de même été réalisés. Notamment sur l’arrestation de 42 des 55 responsables de l’ancien régime irakien les plus recherchés. Même si Saddam Hussein court toujours.



par Valérie  Gas

Article publié le 27/08/2003