Inde
Chaos à Bombay
Un double-attentat à la voiture piégée a fait plusieurs dizaines de morts et une centaine de blessés. Les autorités privilégient la piste d’un groupe d’étudiants musulmans. La tuerie survient quelques heures après la publication d’un rapport affirmant que la mosquée d’Ayodhya avait bien été érigée sur les ruines d’un temple hindou.
Selon les premiers éléments recueillis par les enquêteurs, les deux explosions sont attribuées à des voitures piégées. Le ministre régional de l’Intérieur précise que les attentats ont été causés par des engins laissés sur les sièges arrières de deux taxis en stationnement. Les explosions se sont produites à sept minutes d’intervalles près du temple hindou Mumba Devi, aux abords duquel se dresse un marché très fréquenté dans le centre de Bombay, et aux abords de la Porte de l’Inde, un monument symbolisant un arc de triomphe situé au sud de la capitale économique, non loin du prestigieux hôtel Taj Mahal dont les vitres ont été fracassées.
Les témoignages font état d’un véritable carnage que le bilan confirme : quarante-quatre personnes tuées et cent blessés. Les lieux des attentats étaient jonchés de carcasses de voitures, de tâches de sang et des débris de verre des vitrines de magasins brisées sur plusieurs centaines de mètre à la ronde.
Islamabad, dont les relations avec New Delhi sont très conflictuelles, a immédiatement réagi pour déplorer ces attaques : «Nous condamnons tous les actes de terrorisme et je pense que de telles attaques gratuites contre des civils doivent être condamnées dans le termes les plus fermes», a déclaré le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères.
Il n’y a pas de revendication mais le numéro deux du gouvernement indien a laissé entendre qu’une organisation estudiantine islamique interdite par les autorités, le Mouvement islamique des étudiants d’Inde (SIMI), pourrait être responsable de la tuerie. Selon le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Lal Krishna Advani, «Depuis novembre, Bombay a connu un certain nombre d’attaques et, dans la plupart des cas, l’organisation impliquée a été le SIMI».
Les suites de l’affaire de la mosquée d’Ayodhya en arrière-plan
On note aussi que la tuerie survient précisément au moment de la publication du rapport contesté d’archéologues faisant état, ce lundi, de la présence de vestiges hindous sous la moquée d’Ayodhya (dans l’Etat d’Uttar Pradesh, dans le nord du pays) détruite en décembre 1992 par des intégristes hindous. Si, à ce stade de l’enquête, rien ne permet d’établir une relation de cause à effet entre les attentats de Bombay et les révélations contenues dans le document, cette affaire avait néanmoins été le déclencheur d’un long cycle de violences intercommunautaires entre hindous et musulmans. Ces violences, dont Bombay avait notamment été le théâtre, s’étaient soldées par la mort de plusieurs milliers de personnes. En effet la métropole indienne constitue aussi un puissant symbole de l’hindouisme politique symbolisé par le Bharatiya Janata Party (BJP) dont le Premier ministre fédéral, Atal Behari Vajpayee, est issu. La municipalité de Bombay est d’ailleurs elle-même contrôlée par une extrême-droite nationaliste hindoue associée au BJP, et qui en fait une cible potentielle pour les militants musulmans radicaux.
Le double-attentat de ce 25 août survient aussi dans une ville qui a été la cible de plusieurs attaques à la bombe attribuée à des extrémistes musulmans cherchant à venger la mort d’autres musulmans dans les affrontements interconfessionnels sanglants qui ont accompagné la destruction de la mosquée d’Ayodhya. Quelques mois après les faits, le 12 mars 1993, l’explosion de plusieurs bombes faisaient 317 morts et plus de 1 000 blessés à Bombay. En décembre 2002, trois personnes succombaient à une attaque à la bombe contre un bus qui faisait également 26 blessés. En mars, une nouvelle bombe, dans un train, entraînée la mort de 12 personnes, faisant 75 blessés. Enfin, en juillet dernier, un attentat à la bombe dans un autobus de la ville faisait deux morts et 42 blessés.
A l’annonce des événements, des mesures de sécurité renforcées ont été immédiatement mises en place à New Delhi, la capitale fédérale.
Ecouter également:
Christophe Jaffrelot, spécialiste de l'Inde, revient sur le site controversé de la mosquée d'Ayodhya, au micro d'Alexis Delahousse.
Les témoignages font état d’un véritable carnage que le bilan confirme : quarante-quatre personnes tuées et cent blessés. Les lieux des attentats étaient jonchés de carcasses de voitures, de tâches de sang et des débris de verre des vitrines de magasins brisées sur plusieurs centaines de mètre à la ronde.
Islamabad, dont les relations avec New Delhi sont très conflictuelles, a immédiatement réagi pour déplorer ces attaques : «Nous condamnons tous les actes de terrorisme et je pense que de telles attaques gratuites contre des civils doivent être condamnées dans le termes les plus fermes», a déclaré le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères.
Il n’y a pas de revendication mais le numéro deux du gouvernement indien a laissé entendre qu’une organisation estudiantine islamique interdite par les autorités, le Mouvement islamique des étudiants d’Inde (SIMI), pourrait être responsable de la tuerie. Selon le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Lal Krishna Advani, «Depuis novembre, Bombay a connu un certain nombre d’attaques et, dans la plupart des cas, l’organisation impliquée a été le SIMI».
Les suites de l’affaire de la mosquée d’Ayodhya en arrière-plan
On note aussi que la tuerie survient précisément au moment de la publication du rapport contesté d’archéologues faisant état, ce lundi, de la présence de vestiges hindous sous la moquée d’Ayodhya (dans l’Etat d’Uttar Pradesh, dans le nord du pays) détruite en décembre 1992 par des intégristes hindous. Si, à ce stade de l’enquête, rien ne permet d’établir une relation de cause à effet entre les attentats de Bombay et les révélations contenues dans le document, cette affaire avait néanmoins été le déclencheur d’un long cycle de violences intercommunautaires entre hindous et musulmans. Ces violences, dont Bombay avait notamment été le théâtre, s’étaient soldées par la mort de plusieurs milliers de personnes. En effet la métropole indienne constitue aussi un puissant symbole de l’hindouisme politique symbolisé par le Bharatiya Janata Party (BJP) dont le Premier ministre fédéral, Atal Behari Vajpayee, est issu. La municipalité de Bombay est d’ailleurs elle-même contrôlée par une extrême-droite nationaliste hindoue associée au BJP, et qui en fait une cible potentielle pour les militants musulmans radicaux.
Le double-attentat de ce 25 août survient aussi dans une ville qui a été la cible de plusieurs attaques à la bombe attribuée à des extrémistes musulmans cherchant à venger la mort d’autres musulmans dans les affrontements interconfessionnels sanglants qui ont accompagné la destruction de la mosquée d’Ayodhya. Quelques mois après les faits, le 12 mars 1993, l’explosion de plusieurs bombes faisaient 317 morts et plus de 1 000 blessés à Bombay. En décembre 2002, trois personnes succombaient à une attaque à la bombe contre un bus qui faisait également 26 blessés. En mars, une nouvelle bombe, dans un train, entraînée la mort de 12 personnes, faisant 75 blessés. Enfin, en juillet dernier, un attentat à la bombe dans un autobus de la ville faisait deux morts et 42 blessés.
A l’annonce des événements, des mesures de sécurité renforcées ont été immédiatement mises en place à New Delhi, la capitale fédérale.
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par Georges Abou
Article publié le 25/08/2003