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France Afrique

Chirac au chevet de l’économie nigérienne

Jacques Chirac est reçu en «ami» au Niger, première étape de son voyage de quatre jours en Afrique. Il a été accueilli à sa descente d’avion par le président nigérien Mamadou Tandja. Les problèmes économiques du Niger ont été les principaux sujet de discussion de la délégation française.
«Le peuple nigérien est profondément touché par cette visite, deux décennies après celle de François Mitterrand», a déclaré le président du Niger Mamadou Tandja en accueillant son invité, Jacques Chirac. «Assurer le peuple nigérien d’une solidarité renouvelée, accompagner les efforts du Niger, soutenir ses ambitions légitimes de progrès, c’est le message que j’aurai à cœur d’adresser aux populations nigériennes à l’occasion de cette visite», a répondu le chef de l’Etat français. Tout le long du chemin qui sépare l’aéroport du centre ville, 13 km, le pouvoir a amassé plusieurs dizaines de milliers de personnes qui acclamaient le cortège présidentiel. Le ton a été donné dès la descente de l’avion où le président Chirac a eu droit un petit spectacle de danses traditionnelles des Peuls bororos, des femmes touarègues et des Haoussas.

Avant de visiter Tahoua, une ville située à 500 km à l’est de Niamey, en pays Touareg, Jacques Chirac s’est d’abord entretenu avec la communauté française du Niger, avant un dîner officiel offert ses hôtes nigériens. Nul n’a dérogé aux usages convenus, et de manière très solennelle les deux chefs d’Etat se sont félicités des excellentes relations que les deux pays entretiennent. Le Niger, pays à plus de 90% musulman, a renouvelé au président français son admiration devant la fermeté de ses positions face aux Etats-Unis qui appelaient à la guerre contre l’Irak. Le «non» à la guerre de la diplomatie française a valu à Jacques Chirac d’être plébiscité par la presse et l’opinion publique nigériennes pour recevoir le prix Nobel de la paix.

Désensabler le fleuve Niger

C’était aussi l’occasion pour évoquer le contentieux de l’uranium nigérien dont les Etats-Unis ont soupçonné la vente à l’Irak de Saddam Hussein. Les Nigériens accusent la «première puissance mondiale» de s’en prendre «à la plus faible des brebis du troupeau». Ils comptent sur la France qui importe 64% de la production nigérienne pour les laver de tout soupçon. Par ailleurs, l’économie nigérienne est en plein désarroi depuis la chute des cours de l’uranium en 1998. Le Niger tirait, dans les années 1980 plus de 80% des recettes de son budget de la vente de ce minerai. La chute des revenus avait entraîné de graves crises sociales et politiques sans oublier la disette qui a touché plus de 35% de la population en 2001. La dette extérieure de ce pays vaste comme deux fois et demi la France s’élève à plus de 1700 milliard de dollars et le produit national brut n’offrirait que 170 dollars par habitant, selon les chiffres de la Banque mondiale pour l’année 2002. Par ailleurs, les indicateurs économiques des institutions financières internationales révèlent que 63% des 11,2 millions d’habitants du Niger vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins d’un euro (656 francs CFA) par jour.

Ces indicateurs alarmants ont poussé le régime du président Mamadou Tandja à engager de profondes réformes économiques qui ont reçu l’aval de Paris. La réorientation des projets vers des programmes de développement nationaux et régionaux a reçu le soutien de la France, comme l’a rappelé Jacques Chirac qui a annoncé une aide de dix millions d’euros pour aider les neuf pays que traverse le fleuve Niger à lutter contre son ensablement. Jacques Chirac a aussi annoncé que «la France jouera un rôle moteur» pour stimuler un partenariat international et s’est proposé d’organiser à Paris une réunion des bailleurs de fonds en faveur du projet des neufs pays baptisé en septembre dernier, «Déclaration de Niamey».

Le fleuve Niger est le troisième fleuve d’Afrique, long de 4200 km. Depuis le milieu des années 70 son débit a chuté de plus de 30% en raison de l’ensablement du fleuve. A certains endroit le fleuve se serait même arrêté de couler posant de réels problèmes d’approvisionnement en eau, pour plus de 100 millions de personnes. La visite de Jacques Chirac par la prise en compte de tous ces problèmes est déjà pour les Nigériens une réussite.



par Didier  Samson

Article publié le 23/10/2003