RFI
Emouvant adieu à Jean Hélène
Les obsèques de Jean Hélène ont eu lieu ce lundi à Mulhouse, sa ville natale dans l’est de la France. Les hommages au correspondant de RFI à Abidjan sont innombrables. Saisie par la famille de Jean Hélène, la justice française a ouvert une information judiciaire pour "meurtre".
Jean Hélène est redevenu Christian Baldensperger, son nom pour l’état-civil. Jean «l’Africain» repose dans sa terre natale à Mulhouse dans l’est de la France. La mise en terre a eu lieu à 14h00 ce lundi tandis qu’une cérémonie religieuse était célébrée une heure plus tard au temple Saint-Jean au cœur de cette ville d’Alsace devant plusieurs centaines de personnes.
Sous un soleil radieux, en présence de son père, de ses frères et sœurs, de ses amis dont certains avaient fait le voyage d’Afrique, mais aussi de ses collègues de RFI, le corps de Jean Hélène a été porté en terre. Le président de la République française, Jacques Chirac, était représenté aux obsèques par deux de ses conseillers, sa porte-parole, Catherine Colonna, et son conseiller pour l’Afrique, Michel de Bonnecorse.
Lors de la cérémonie religieuse, le frère de Jean Hélène, le pasteur Thierry Baldensperger, qui a longtemps vécu dans le nord du Cameroun, a tenu à rendre hommage à son frère mais aussi à dénoncer par avance les généralisations abusives: «Ce n’est pas l’Afrique, ce n’est pas la Côte d’Ivoire qui nous l'a pris, c’est l'irresponsabilité, les appels répétés à la haine».
Prenant également la parole, Jean-Paul Cluzel, président-directeur général de RFI, a lu un extrait de la bible tandis que Gilles Schneider, directeur général délégué aux antennes, retraçait la vie de Jean Hélène/Christian Baldensperger. De Christian Baldensperger, il a retracé avec humour sa traversée en autostop de l’Amérique du Canada au Guatemala, ses petits boulots de serveur dans les palaces parisiens ou encore son emploi de figurant en 1983 dans un film d’Alain Delon, «Le battant».
Du journaliste Jean Hélène, il a retracé la carrière africaine, empreinte d’une éternelle modestie, de Nairobi, en 1988, à Abidjan en 2003 en passant par tous les conflits que le continent a connu au cours de ces années. Et de remémorer ce pèlerinage personnel que Jean Hélène a effectué le 8 août dernier, jour de ses 50 ans, au bord d’un lac dans la région de Lambaréné au Gabon avec son sac de couchage et son sempiternel bob sur la tête pour se protéger du soleil. «Jean l’Africain» à la peau trop blanche avait tenu à se rendre dans cette région où avait vécu jadis l’une de ses tantes.
Gilles Schneider a également émis le voeu que Jean Hélène "ne sera pas mort pour rien" et que sa mort "contribue à enclencher la paix".
Dès avant ces obsèques, les Gabonais ont rendu un hommage sincère à Jean Hélène «l’amoureux du Gabon». A Libreville, à l’entrée du centre culturel français, une reproduction agrandie de la carte de presse de Jean Hélène accueille les visiteurs venus témoigner de leur émotion. Jean Hélène, qui avait été correspondant de RFI en Afrique centrale en poste à Libreville de 1999 à 2002 conservait une affection particulière pour ce pays dans lequel il souhaitait revenir vivre et travailler.
Des milliers de messages de condoléances
Dans nombre de pays d’Afrique francophone, l’émotion est également très vive et des livres de condoléances ont parfois été mis à la disposition de ceux qui souhaitent témoigner de leur peine et de leur affection à la famille de Jean Hélène ainsi qu’à ses amis de RFI.
Les auditeurs et les internautes sont des milliers à adresser à RFI des messages par courrier électronique, par téléphone, ou par courrier traditionnel. Des messages qui s’affichent sur les murs de la rédaction de RFI au 5e étage de la Maison de la radio à Paris.
Dans la soirée de lundi, la justice française a fait savoir qu'une information judiciaire pour "meurtre" a été ouverte à Paris à la suite du dépot d'une plainte par la famille de Jean Hélène qui lance cette procédure "dans le souhait qu'elle soit utile aux journalistes qui travaillent en Côte d'Ivoire ainsi qu'à la population de ce pays". Le juge d'instruction Patrick Ramael, désigné pour instruire le dossier, a confié l'enquête à la brigade criminelle de Paris.
Quelques heures avant l’enterrement de Jean Hélène, Dominique de Villepin, le chef de la diplomatie française a appelé sur RFI à un «double désarmement en Côte d’Ivoire» ajoutant que Jean Hélène «a malheureusement payé le prix de la division». «Le premier désarmement est celui des esprits: il faut que l'apaisement gagne la Côte d'Ivoire de nouveau, que chacun se ressaisisse, a poursuivi Dominique de Villepin. Le deuxième, c'est un désarmement effectif sur le terrain pour que la Côte d'Ivoire puisse se remettre au travail».
Le chef de la diplomatie française n’aura pas été entendu par tous puisque l’on apprenait dans le courant de la journée la création d’un comité de soutien au sergent Séry Dago, le meurtrier présumé du correspondant de RFI à Abidjan. L’information est annoncée par le quotidien Notre Voie qui est l’organe du FPI (Front populaire ivoirien), le parti de Laurent Gbagbo. Le président de ce comité de soutien, cité par ce journal, explique qu’il redoute «une forte pression de la communauté internationale» sur la justice ivoirienne alors que «c’était un accident et non un meurtre prémédité».
Notons toutefois que le Collectif des jeunes patriotes de Charles Blé Goudé qui fut le fer de lance des manifestations anti-françaises au cours des derniers mois à Abidjan a condamné le meurtre de Jean Hélène et «s'incline respectueusement devant la dépouille du disparu» tout en dénonçant «l'exploitation tendancieuse» de cette affaire.
Sous un soleil radieux, en présence de son père, de ses frères et sœurs, de ses amis dont certains avaient fait le voyage d’Afrique, mais aussi de ses collègues de RFI, le corps de Jean Hélène a été porté en terre. Le président de la République française, Jacques Chirac, était représenté aux obsèques par deux de ses conseillers, sa porte-parole, Catherine Colonna, et son conseiller pour l’Afrique, Michel de Bonnecorse.
Lors de la cérémonie religieuse, le frère de Jean Hélène, le pasteur Thierry Baldensperger, qui a longtemps vécu dans le nord du Cameroun, a tenu à rendre hommage à son frère mais aussi à dénoncer par avance les généralisations abusives: «Ce n’est pas l’Afrique, ce n’est pas la Côte d’Ivoire qui nous l'a pris, c’est l'irresponsabilité, les appels répétés à la haine».
Prenant également la parole, Jean-Paul Cluzel, président-directeur général de RFI, a lu un extrait de la bible tandis que Gilles Schneider, directeur général délégué aux antennes, retraçait la vie de Jean Hélène/Christian Baldensperger. De Christian Baldensperger, il a retracé avec humour sa traversée en autostop de l’Amérique du Canada au Guatemala, ses petits boulots de serveur dans les palaces parisiens ou encore son emploi de figurant en 1983 dans un film d’Alain Delon, «Le battant».
Du journaliste Jean Hélène, il a retracé la carrière africaine, empreinte d’une éternelle modestie, de Nairobi, en 1988, à Abidjan en 2003 en passant par tous les conflits que le continent a connu au cours de ces années. Et de remémorer ce pèlerinage personnel que Jean Hélène a effectué le 8 août dernier, jour de ses 50 ans, au bord d’un lac dans la région de Lambaréné au Gabon avec son sac de couchage et son sempiternel bob sur la tête pour se protéger du soleil. «Jean l’Africain» à la peau trop blanche avait tenu à se rendre dans cette région où avait vécu jadis l’une de ses tantes.
Gilles Schneider a également émis le voeu que Jean Hélène "ne sera pas mort pour rien" et que sa mort "contribue à enclencher la paix".
Dès avant ces obsèques, les Gabonais ont rendu un hommage sincère à Jean Hélène «l’amoureux du Gabon». A Libreville, à l’entrée du centre culturel français, une reproduction agrandie de la carte de presse de Jean Hélène accueille les visiteurs venus témoigner de leur émotion. Jean Hélène, qui avait été correspondant de RFI en Afrique centrale en poste à Libreville de 1999 à 2002 conservait une affection particulière pour ce pays dans lequel il souhaitait revenir vivre et travailler.
Des milliers de messages de condoléances
Dans nombre de pays d’Afrique francophone, l’émotion est également très vive et des livres de condoléances ont parfois été mis à la disposition de ceux qui souhaitent témoigner de leur peine et de leur affection à la famille de Jean Hélène ainsi qu’à ses amis de RFI.
Les auditeurs et les internautes sont des milliers à adresser à RFI des messages par courrier électronique, par téléphone, ou par courrier traditionnel. Des messages qui s’affichent sur les murs de la rédaction de RFI au 5e étage de la Maison de la radio à Paris.
Dans la soirée de lundi, la justice française a fait savoir qu'une information judiciaire pour "meurtre" a été ouverte à Paris à la suite du dépot d'une plainte par la famille de Jean Hélène qui lance cette procédure "dans le souhait qu'elle soit utile aux journalistes qui travaillent en Côte d'Ivoire ainsi qu'à la population de ce pays". Le juge d'instruction Patrick Ramael, désigné pour instruire le dossier, a confié l'enquête à la brigade criminelle de Paris.
Quelques heures avant l’enterrement de Jean Hélène, Dominique de Villepin, le chef de la diplomatie française a appelé sur RFI à un «double désarmement en Côte d’Ivoire» ajoutant que Jean Hélène «a malheureusement payé le prix de la division». «Le premier désarmement est celui des esprits: il faut que l'apaisement gagne la Côte d'Ivoire de nouveau, que chacun se ressaisisse, a poursuivi Dominique de Villepin. Le deuxième, c'est un désarmement effectif sur le terrain pour que la Côte d'Ivoire puisse se remettre au travail».
Le chef de la diplomatie française n’aura pas été entendu par tous puisque l’on apprenait dans le courant de la journée la création d’un comité de soutien au sergent Séry Dago, le meurtrier présumé du correspondant de RFI à Abidjan. L’information est annoncée par le quotidien Notre Voie qui est l’organe du FPI (Front populaire ivoirien), le parti de Laurent Gbagbo. Le président de ce comité de soutien, cité par ce journal, explique qu’il redoute «une forte pression de la communauté internationale» sur la justice ivoirienne alors que «c’était un accident et non un meurtre prémédité».
Notons toutefois que le Collectif des jeunes patriotes de Charles Blé Goudé qui fut le fer de lance des manifestations anti-françaises au cours des derniers mois à Abidjan a condamné le meurtre de Jean Hélène et «s'incline respectueusement devant la dépouille du disparu» tout en dénonçant «l'exploitation tendancieuse» de cette affaire.
Article publié le 27/10/2003