Chypre
Les nationalistes chypriotes turcs sanctionnés
Le grand perdant des élections législatives organisées dimanche dans la petite République turque de Chypre du Nord autoproclamée est sans conteste le gouvernement nationaliste soutenu par le président Rauf Denktash, à l’origine de la rupture des négociations en vue d’une réunification de l’île. Car en votant majoritairement pour les partis d’opposition, les quelque 141 000 électeurs chypriotes turcs ont voulu sanctionner leur président dont la formation politique, le Parti de l’unité nationale (UPB), n’a jamais perdu une élection législative depuis 20 ans. Mais l’opposition qui recueille 48% des voix contre 45,5% seulement aux partis de la majorité sortante remporte une victoire en demi-teinte puisqu’elle obtient le même nombre de sièges au Parlement que la coalition gouvernementale.
Les partis de l’opposition chypriote turque auront le plus grand mal à tenir leur principale promesse électorale qui était de reprendre les négociations interrompues en mars dernier avec les Chypriotes grecs en vue d’une réunification de l’île avant l’adhésion dans moins de cinq mois de la République de Chypre à l’Union européenne. Sur les 50 sièges à l’Assemblée, les deux principales formations de l’opposition, le Parti républicain turc (CTP) et le Mouvement pour la paix et la démocratie (BDH), n’en ont obtenu en effet que 25 tandis que les deux partis de la coalition sortante, le Parti de l’unité nationale (UPB) et le Parti démocrate (DP), en obtenaient également 25. Le système électoral complexe de la République turque de Chypre du Nord, autoproclamée en 1983 et reconnue par la seule Turquie, prive donc l’opposition d’une majorité au parlement. Et si le CTP peut prétendre à la formation du gouvernement, puisqu’il dispose d’un siège d’avance sur l’UPB, rien n’indique qu’il y parviendra puisque ses dirigeants ont d’ores et déjà refusé toute coalition avec les nationalistes.
Anticipant sur la situation de blocage qui risque de prévaloir dans les semaines qui viennent, le président Rauf Denktash a annoncé que de nouvelles élections seront convoquées dans deux mois si les députés ne parviennent pas à former un gouvernement. «A moins qu’un parti n’obtienne le soutien d’un ou deux députés de plus, ou à moins d’accord entre les deux principaux partis, personne n’arrivera à former un gouvernement», a-t-il ainsi estimé. Soucieux de minimiser le net recul enregistré par les partis nationalistes, Rauf Denktash a par ailleurs tenu à affirmer que ces élections avaient démontré que les Chypriotes turcs étaient «tous en faveur d’un accord avec les Chypriotes grecs et en faveur d’une adhésion à l’Union européenne». Mais selon lui, seul le calendrier pour y parvenir différencie l’opposition de la coalition sortante. Certains, estime-t-il, veulent à tout prix un accord avant le 1er mai tandis que les autres veulent se donner le temps de négocier pour obtenir un accord confédéral.
Le président chypriote turc, qui a participé à toutes les négociations en vue de tenter de sortir la partie nord de l’île de son isolement international, a brusquement rompu en mars dernier les pourparlers autour du plan des Nations unies présenté par Kofi Annan. Rauf Denktash redoute en effet que ce plan, qui prévoit un gouvernement fédéral avec une large autonomie pour chacune des deux communautés, ne permette aux Chypriotes grecs, plus nombreux et plus riches, de dominer l’île.
L’UE pour une reprise des négociations
Cette vision nationaliste est aujourd’hui contestée par une majorité de la communauté turcophone qui espère ardemment prendre en marche le train de l’adhésion à l’Union européenne dans lequel s’est déjà engagée la communauté hellénophone. Depuis l'ouverture de la fameuse «ligne verte» qui divisait l’île en deux entités hermétiques depuis vingt-neuf ans, les Chypriotes turcs ont en effet mieux mesuré le retard en terme de développement économique qu’a accumulé la partie nord de l’île où le revenu par habitant est de 3 000 dollars par an contre 16 000 dollars au sud. Et c’est sans doute ce désenchantement qui est en grande partie à l’origine du vote en faveur des partis d’opposition.
Prenant acte du résultat du scrutin de dimanche, la Commission européenne a appelé à une reprise «sans retard» des pourparlers, relevant notamment que ces élections reflétaient «le souhait grandissant» des Chypriotes turcs de «trouver une solution sur la base du plan de Kofi Annan» qui permettrait aux deux communautés d’adhérer ensemble à l’Union européenne. Réunis en sommet à Bruxelles à la veille du scrutin, les 25 pays de l’UE ont émis le souhait que la Turquie facilite le règlement du problème chypriote. Conscients qu’une solution à la division de l’île ne pouvait se faire sans l’accord des autorités d’Ankara, ils ont tenu à préciser qu’un tel règlement ne pouvait que «faciliter grandement les aspirations de la Turquie à entrer dans l’Union européenne». Prudent le chef de la diplomatie turque, Abdullah Gul, s’est contenté lundi d’affirmer que le scrutin de dimanche avait montré que les électeurs souhaitaient un règlement de la question chypriote mais pas à n’importe quel prix. Il a toutefois reconnu que ces derniers s’étaient prononcés pour «une relance des pourparlers de paix d’une manière logique et rationnelle».
Anticipant sur la situation de blocage qui risque de prévaloir dans les semaines qui viennent, le président Rauf Denktash a annoncé que de nouvelles élections seront convoquées dans deux mois si les députés ne parviennent pas à former un gouvernement. «A moins qu’un parti n’obtienne le soutien d’un ou deux députés de plus, ou à moins d’accord entre les deux principaux partis, personne n’arrivera à former un gouvernement», a-t-il ainsi estimé. Soucieux de minimiser le net recul enregistré par les partis nationalistes, Rauf Denktash a par ailleurs tenu à affirmer que ces élections avaient démontré que les Chypriotes turcs étaient «tous en faveur d’un accord avec les Chypriotes grecs et en faveur d’une adhésion à l’Union européenne». Mais selon lui, seul le calendrier pour y parvenir différencie l’opposition de la coalition sortante. Certains, estime-t-il, veulent à tout prix un accord avant le 1er mai tandis que les autres veulent se donner le temps de négocier pour obtenir un accord confédéral.
Le président chypriote turc, qui a participé à toutes les négociations en vue de tenter de sortir la partie nord de l’île de son isolement international, a brusquement rompu en mars dernier les pourparlers autour du plan des Nations unies présenté par Kofi Annan. Rauf Denktash redoute en effet que ce plan, qui prévoit un gouvernement fédéral avec une large autonomie pour chacune des deux communautés, ne permette aux Chypriotes grecs, plus nombreux et plus riches, de dominer l’île.
L’UE pour une reprise des négociations
Cette vision nationaliste est aujourd’hui contestée par une majorité de la communauté turcophone qui espère ardemment prendre en marche le train de l’adhésion à l’Union européenne dans lequel s’est déjà engagée la communauté hellénophone. Depuis l'ouverture de la fameuse «ligne verte» qui divisait l’île en deux entités hermétiques depuis vingt-neuf ans, les Chypriotes turcs ont en effet mieux mesuré le retard en terme de développement économique qu’a accumulé la partie nord de l’île où le revenu par habitant est de 3 000 dollars par an contre 16 000 dollars au sud. Et c’est sans doute ce désenchantement qui est en grande partie à l’origine du vote en faveur des partis d’opposition.
Prenant acte du résultat du scrutin de dimanche, la Commission européenne a appelé à une reprise «sans retard» des pourparlers, relevant notamment que ces élections reflétaient «le souhait grandissant» des Chypriotes turcs de «trouver une solution sur la base du plan de Kofi Annan» qui permettrait aux deux communautés d’adhérer ensemble à l’Union européenne. Réunis en sommet à Bruxelles à la veille du scrutin, les 25 pays de l’UE ont émis le souhait que la Turquie facilite le règlement du problème chypriote. Conscients qu’une solution à la division de l’île ne pouvait se faire sans l’accord des autorités d’Ankara, ils ont tenu à préciser qu’un tel règlement ne pouvait que «faciliter grandement les aspirations de la Turquie à entrer dans l’Union européenne». Prudent le chef de la diplomatie turque, Abdullah Gul, s’est contenté lundi d’affirmer que le scrutin de dimanche avait montré que les électeurs souhaitaient un règlement de la question chypriote mais pas à n’importe quel prix. Il a toutefois reconnu que ces derniers s’étaient prononcés pour «une relance des pourparlers de paix d’une manière logique et rationnelle».
par Mounia Daoudi
Article publié le 15/12/2003