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Conquête spatiale

L’Europe à l’assaut de Mars

L’Agence spatiale européenne (ESA) ne cache pas sa satisfaction puisque sa première mission martienne, plus de six mois après son lancement le 2 juin dernier depuis la base de Baïkonour au Kazakhstan, est d’ores et déjà un succès. La sonde Mars Express, qui a été construite par un consortium de vingt-quatre entreprises implantées dans les quinze Etats membres de l’ESA et qui doit étudier pendant au moins deux ans à l’aide de ses instruments la surface, le sous-sol et l’atmosphère de la planète rouge, a en effet réussi sa mise en orbite autour Mars. Les chercheurs de l’agence spatiale sont en revanche sans nouvelle de Beagle-2, le petit robot convoyé par la sonde et qui après s’être posé sur la planète devait émettre un premier signal. Cet engin, de conception britannique, a pour mission de prélever et d'analyser toutes sortes d'échantillons sous la surface martienne.
L’Europe peut d’ores et déjà s’enorgueillir d’avoir réalisé un exploit technologique, jusque-là chasse gardée de la toute puissante Nasa, puisque Mars n’est plus, désormais, un domaine réservé de la recherche américaine. L’agence spatiale européenne a en effet réussi à mettre en orbite sa sonde Mars Express qui devrait, au cours des deux prochaines années, fournir d’importantes données susceptibles de permettre aux scientifiques d'avoir une meilleure connaissance de l’histoire de la planète rouge et de mieux la comprendre. Cette aventure technologique a débuté le 2 juin dernier avec le lancement, depuis le cosmodrome de Baïkonour, d’une fusée russe Soyouz avec à son bord la sonde Mars Express qui avait elle-même à son bord un module d’exploration, le fameux robot Beagle-2. Après un voyage de 400 millions de kilomètres effectué à une vitesse de 21 000 km/h, la sonde est enfin entrée dans l’énigmatique monde martien. Au cours de cette première partie du périple, la mission a pourtant été sérieusement mise en péril, Mars Express ayant été prise dans une tempête de vent solaire qui l’a bombardée de particules à haute énergie qui ont momentanément perturbé ses ordinateurs et endommagé ses batteries.

Après six mois et dix-sept jours de voyage, la sonde est cependant arrivée à proximité de la planète rouge et s’est positionnée avec précision avant de larguer le 19 décembre l’atterrisseur de conception britannique Beagle-2. Mars Express, à l’issue de cette manœuvre, a ensuite mis à feu ses propulseurs pour quitter la dangereuse trajectoire de collision avec la planète rouge qu’elle avait prise afin de garantir le succès du largage du petit robot. Puis ses contrôleurs de vol ont ajusté sa trajectoire et freiné sa vitesse jusqu’à 1,8 km/s ce qui a permis, jeudi, la capture ce matin de la sonde par l’attraction de la planète rouge. Mars Express va maintenant décrire une orbite très elliptique avant de s’installer, à la mi-janvier, sur une orbite quasi-polaire. Elle pourra alors commencer sa mission qui est d’étudier, à l’aide d'une multitude d'instruments embarqués, l’atmosphère, la surface et, ce qui est plus surprenant, le sous-sol de la planète. La sonde est en effet notamment équipée d’un radar qui devrait lui permettre d’explorer la planète pour rechercher des traces d'eau ou de glace souterraines. Certaines de ses caméras sont en outre capables de distinguer la composition chimique de la surface de Mars.

Le silence inquiétant de Beagle-2

Depuis son largage il y a six jours, Beagle-2 a poursuivi sa course folle vers Mars. Lancé à une vitesse de quelque 20 000 km/h, le robot est entré dans l’atmosphère de la planète rouge qui a freiné sa course pour la réduire progressivement à 1 600 km/h. Des parachutes se sont alors déployés avant que le petit engin n’atterrisse sur le sol de Mars, protégé du choc par des airbags. Cette manœuvre se faisant à l’aveugle, Beagle-2 devait ensuite déployer ses panneaux solaires et envoyer à la terre via la sonde américaine Mars Odyssey, en orbite depuis 2001 autour de la planète rouge, un signal destiné à rassurer ses concepteurs ainsi qu’une mélodie de rock écrite par le groupe de pop britannique Blur. Seulement le petit robot est pour le moment resté silencieux. Les chercheurs de l’Agence spatiale européenne se veulent toutefois confiants se déclarant sûr du succès de la manœuvre d’atterrissage. «Nous sommes sûrs que Beagle-2 s’est posé à la surface de Mars, mais il nous reste à recevoir de ses nouvelles», a expliqué David Southwood, le directeur de la science à l’ESA. Une autre occasion de contact était prévue ce jeudi avant 23 heures TU.

La mission Beagle-2 sera considérée comme définitivement perdue si aucune liaison n’est établie avec le robot après sept jours d’efforts, les batteries de ce dernier ayant une durée de vie qui ne va pas au-delà de six jours. Si tel était le cas, une grande occasion de mieux connaître la planète rouge aura été perdue. De conception essentiellement britannique, Beagle-2 est en effet l’un des plus ambitieux atterrisseurs sur surface planétaire jamais construits. Ses instruments scientifiques, parmi lesquels des outils de collecte d’échantillons au sol, deux caméras stéréo, un microscope, deux spectromètres et des capteurs environnementaux, tiennent dans une capsule ne dépassant pas 64 cm de diamètre et 32 cm de hauteur. Equipé d’un bras articulé, le robot, qui pèse moins de 70 kg, est programmé pour rechercher des matériaux organiques sur la planète rouge. Il doit également prélever des échantillons d’atmosphère pour tenter de trouver du méthane, un composé révélateur de nombreux processus biologiques, ce qui pourrait attester de la présence d’une vie passée sur Mars.

A écouter également :

Les précisions de Christian Sotty, spécialiste scientifique sur RFI

Pour en savoir plus :

Le site de l'agence spatiale européenne



par Mounia  Daoudi

Article publié le 25/12/2003