Nucléaire
Le cri d’alarme de Baradeï contre «le marché noir atomique»
A en croire le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Mohamed el-Baradeï, «le danger d’une guerre atomique n’a jamais été aussi grand qu’actuellement». Le diplomate égyptien a en effet affirmé, lors d’un entretien au journal allemand Der Spiegel à paraître lundi, qu’il était très urgent de mettre en place «un nouveau système de contrôle» pour faire face aux trafics illicites en très forte croissance des techniques nucléaires. En marge du Forum économique mondial de Davos, le diplomate égyptien n’a en outre pas caché son inquiétude face au développement de ce qu’il a qualifié de «marché noir atomique».
Mohamed el-Baradeï n’a pas pour habitude de tenir des propos alarmistes. Et pourtant le directeur de la très sérieuse Agence internationale de l’énergie atomique affirme aujourd’hui que la prolifération nucléaire est en passe de devenir la plus grande menace contre la sécurité mondiale. Le diplomate égyptien s’inquiète surtout des trafics émanant du secteur privé. Il a ainsi révélé qu’à l’issue de son voyage à Tripoli à la fin de l’année dernière –la Libye avait créé la surprise en annonçant début décembre son intention de renoncer à son programme d’armes de destruction massive–, il avait pris conscience de l’ampleur de ce phénomène.
«Un marché noir atomique est né, mû par une intelligence fantastique», a-t-il confié. «Dans un pays, on dessine les plans. Dans un autre, on produit les centrifugeuses qui sont ensuite transportées par bateau vers un troisième pays, avant d’être acheminées vers le destinataire final», a ainsi expliqué le chef de l’AIEA. Selon lui, «des experts nucléaires sachant faire des affaires, des firmes sans scrupules et sans doute des institutions étatiques» participent à ce trafic juteux. «La Libye et l’Iran ont d’ailleurs abondamment utilisé ce réseau», a-t-il ajouté.
Plus inquiétant encore, Mohamed el-Baradeï estime que ni l’AIEA, ni les services de renseignement des pays occidentaux, ne sont aujourd’hui en mesure de contrôler cette prolifération nucléaire. «Le système de ces trafiquants est parfaitement bien huilé et nous devons nous y attaquer sérieusement», a-t-il estimé avouant avoir été lui-même surpris par la sophistication des réseaux. Le chef de l’agence onusienne a toutefois refusé de répondre à la question de savoir si le Pakistan était à l’origine de ce «bazar nucléaire». Il s’est contenté de souligner que des pays du sud comme du nord étaient impliqués dans ces trafics.
Le savoir-faire nucléaire pakistanais a été exporté
Mohamed el-Baradeï a avoué ses appréhensions le jour même où le président pakistanais Pervez Musharraf, qui participait au Forum de Davos, révélait que des scientifiques de son pays semblaient avoir vendu des secrets nucléaires à l’étranger. Dans une interview à la chaîne de télévision CNN, il a toutefois insisté sur le fait que les autorités d’Islamabad n’avait pris aucune part à ce trafic. «Rien ne prouve que la moindre implication de personnalités du gouvernement ou de l’armée», a-t-il notamment affirmé. Selon le chef de l’Etat pakistanais, «il semblerait que certains individus aient été impliqués dans un but d’enrichissement personnel».
Dans la foulée de l’enquête de l’AIEA sur les transferts de technologie au profit de l’Iran, le Pakistan a entrepris d’interroger ses experts nucléaires, parmi lesquels le père de sa bombe atomique Abdul Qadeer Khan. Les investigations entamées en novembre doivent se terminer dans «quelques semaines», a révélé le président Musharraf à CNN, soulignant que le Pakistan prendra alors des mesures sévères contre les responsables de ces violations car «ce sont des ennemis de l’Etat».
Le chef de l’AIEA s’est pour sa part félicité de la coopération de son agence avec le Pakistan. «Je n’ai aucune raison de croire que les autorités d’Islamabad sont impliquées dans le transfert de technologie à l’Iran et j’espère avoir une vue plus claire sur ce dossier dans les semaines qui viennent», a-t-il notamment déclaré. Mohamed el-Baradeï a en revanche réitéré ses craintes vis-à-vis de la Corée du Nord. «Je suis extrêmement inquiet de l'évolution de la situation nucléaire dans ce pays. Je ne serais en aucun point surpris d'apprendre que Pyongyang dispose maintenant d'une bombe atomique pouvant être utilisée», a-t-il affirmé encourageant les Etats-Unis à reprendre le dialogue avec les autorités nord-coréennes pour la persuader à renoncer à ses ambitions nucléaires.
«Un marché noir atomique est né, mû par une intelligence fantastique», a-t-il confié. «Dans un pays, on dessine les plans. Dans un autre, on produit les centrifugeuses qui sont ensuite transportées par bateau vers un troisième pays, avant d’être acheminées vers le destinataire final», a ainsi expliqué le chef de l’AIEA. Selon lui, «des experts nucléaires sachant faire des affaires, des firmes sans scrupules et sans doute des institutions étatiques» participent à ce trafic juteux. «La Libye et l’Iran ont d’ailleurs abondamment utilisé ce réseau», a-t-il ajouté.
Plus inquiétant encore, Mohamed el-Baradeï estime que ni l’AIEA, ni les services de renseignement des pays occidentaux, ne sont aujourd’hui en mesure de contrôler cette prolifération nucléaire. «Le système de ces trafiquants est parfaitement bien huilé et nous devons nous y attaquer sérieusement», a-t-il estimé avouant avoir été lui-même surpris par la sophistication des réseaux. Le chef de l’agence onusienne a toutefois refusé de répondre à la question de savoir si le Pakistan était à l’origine de ce «bazar nucléaire». Il s’est contenté de souligner que des pays du sud comme du nord étaient impliqués dans ces trafics.
Le savoir-faire nucléaire pakistanais a été exporté
Mohamed el-Baradeï a avoué ses appréhensions le jour même où le président pakistanais Pervez Musharraf, qui participait au Forum de Davos, révélait que des scientifiques de son pays semblaient avoir vendu des secrets nucléaires à l’étranger. Dans une interview à la chaîne de télévision CNN, il a toutefois insisté sur le fait que les autorités d’Islamabad n’avait pris aucune part à ce trafic. «Rien ne prouve que la moindre implication de personnalités du gouvernement ou de l’armée», a-t-il notamment affirmé. Selon le chef de l’Etat pakistanais, «il semblerait que certains individus aient été impliqués dans un but d’enrichissement personnel».
Dans la foulée de l’enquête de l’AIEA sur les transferts de technologie au profit de l’Iran, le Pakistan a entrepris d’interroger ses experts nucléaires, parmi lesquels le père de sa bombe atomique Abdul Qadeer Khan. Les investigations entamées en novembre doivent se terminer dans «quelques semaines», a révélé le président Musharraf à CNN, soulignant que le Pakistan prendra alors des mesures sévères contre les responsables de ces violations car «ce sont des ennemis de l’Etat».
Le chef de l’AIEA s’est pour sa part félicité de la coopération de son agence avec le Pakistan. «Je n’ai aucune raison de croire que les autorités d’Islamabad sont impliquées dans le transfert de technologie à l’Iran et j’espère avoir une vue plus claire sur ce dossier dans les semaines qui viennent», a-t-il notamment déclaré. Mohamed el-Baradeï a en revanche réitéré ses craintes vis-à-vis de la Corée du Nord. «Je suis extrêmement inquiet de l'évolution de la situation nucléaire dans ce pays. Je ne serais en aucun point surpris d'apprendre que Pyongyang dispose maintenant d'une bombe atomique pouvant être utilisée», a-t-il affirmé encourageant les Etats-Unis à reprendre le dialogue avec les autorités nord-coréennes pour la persuader à renoncer à ses ambitions nucléaires.
par Mounia Daoudi
Article publié le 24/01/2004