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Centrafrique

Bozizé et le «modèle» burkinabé

Le président François Bozizé est en visite officielle au Burkina Faso. Quatre de jours de rencontres et de découvertes sont au programme de la délégation présidentielle forte de vingt-sept membres. Du point de vue de la Centrafrique, les actions militaire, politique et économique du Burkina Faso sont un modèle de réussite.
Le président centrafricain, François Bozizé est arrivé à Ouagadougou le 4 février pour une visite officielle de quatre jours. Dès son arrivée dans la capitale du Burkina Faso, le président Bozizé a remercié le peuple burkinabé pour sa «contribution en faveur de la paix», évoquant la participation burkinabé au contingent onusien de maintien de la paix dans son pays. «Nous sommes venus aussi nous inspirer de l’expérience du Burkina, pays enclavé comme nous et voir dans quelle mesure elle sera profitable au développement de notre pays», a-t-il déclaré à la presse à sa descente d’avion.

Visiblement séduit par le modèle burkinabé, le président centrafricain n’a pas tari d’éloges pour dire tout le bien qu’il pensait des réformes économiques conduites au Burkina Faso et en parfaite «collaboration avec le FMI et la Banque mondiale». En effet, une récente convention de financement d’un montant de 105,5 milliards de francs CFA, conclue avec des banques nationales et internationales, au profit de la campagne cotonnière 2004 au Burkina Faso a retenu l’attention des autorités centrafricaines. L’augmentation des superficies cultivées passant de 1,6% à 1,9% du total des terres arables, l’augmentation du prix du kilo de 185 à 210 francs CFA et les prévisions de la récolte annuelle tablant sur 600 000 tonnes en 2004 au lieu 500 000 en 2003, constituent des chiffres dont rêve François Bozizé pour son pays. Le coton représente 60% des recettes du Burkina Faso et fait vivre près de 4 millions de personnes.

L’école burkinabé séduit Bozizé

Parmi les priorités économiques de la République centrafricaine figure la restructuration de la filière coton «entièrement détruite par la guerre», a précisé le président Bozizé. La récente mission d’évaluation conjointe FMI et Banque mondiale en Centrafrique a constaté un délabrement de la situation économique et financière, en revanche, elle remarque le retour de la stabilité «même si on ne voit pas encore une activité économique forte», précise un expert du FMI. Les autorités centrafricaines ont pris ces remarques pour un bon point et s’attèlent maintenant à transformer l’essai. C’est pourquoi plusieurs visites du président Bozizé sont prévues dans des unités industrielles de la Société des fibres et textiles (SOFITEX) et dans les unités de montage des engins à deux roues à Bobo Dioulasso, la capitale économique du Burkina Faso.

Par ailleurs, la visite de François Bozizé fait suite au passage à Ouagadougou du président de la transition au Libéria, Gyude Bryant. Pour mémoire, il convient de rappeler qu’en 1996 le Burkina Faso avait soutenu militairement, avec au moins 700 soldats, la rébellion au Libéria dirigée par Charles Taylor, qui par la suite s’est fait élire président de la République avant de prendre le chemin de l’exil au Nigeria en août 2003. Le régime burkinabé apparaît donc comme une pièce essentielle dans le maintien de la paix en Afrique de l’Ouest. Ce rôle militaire dans la région ouest-africaine suscite l’intérêt des dirigeants centrafricains, autant que celui politique conduit par Blaise Compaoré pour se maintenir au pouvoir depuis 1987. Au moment où le Conseil national de transition (CNT), le parlement de transition en Centrafrique, impose la création d’une Commission électorale mixte indépendante (CEMI) et repousse les législatives et la présidentielle en 2005, et non plus fin 2004, bouleversant le calendrier électoral prévu par le pouvoir, le gouvernement centrafricain multiplie les contacts, en l’occurrence au Burkina Faso, pour s’enquérir semble-t-il, de la meilleure manière de gérer la transition en transformant le régime mais en gardant les mêmes hommes.



par Didier  Samson

Article publié le 05/02/2004