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Caucase

Washington renforce sa présence militaire

La coopération militaire entre Washington et Bakou se renforce. L’aide militaire américaine à l’Azerbaïdjan va augmenter cette année jusqu’à 8 millions de dollar, soit trois fois plus que l’an dernier. Les instructeurs américains vont participer à l’entraînement des soldats et de la marine azerbaïdjanaise. Bakou a donné également son feu vert à l’utilisation de ses bases aériennes par l’armée américaine.
De notre corresponadnt à Bakou

Les 12 et 13 mars derniers le général Charles Wald, sous-commandant de l’armée américaine en Europe s’est rendu pour la deuxième fois en l’espace de trois mois dans ce pays du Caucase situé au bord de la Caspienne, entre la Russie et l’Iran. Washington semble être très inquiet de la menace terroriste venant de cette région et de la sécurité des réserves d’hydrocarbures dans la mer Caspienne.

Lors d’une conférence de presse à Bakou le général Wald a démenti toute idée de bases militaires permanentes sur le sol azerbaïdjanais. «Qu’elles soient permanentes ou temporaires, nous n’avons pas l’intention d’installer de telles bases ici», a déclaré le général américain. Mais il n’a pas nié la présence temporaire des unités américaines dans ce pays. Richard Armitage, le vice-secrétaire d’Etat américain, de passage à Bakou a aussi confirmé l’information mais a précisé par ailleurs que des unités mobiles temporaires seront mises en place pour surveiller les aéroports azerbaïdjanais que l’armée américaine utilise dans sa lutte contre le terrorisme. C’est dans cette optique de renforcement de la coopération militaire entre Washington et Bakou, que le ministre azerbaïdjanais s’est aussi rendu la semaine dernière au Pentagone, sur invitation de son homologue américain.

«C’était prévu, la visite de Donald Rumsfled en décembre 2003 laissait deviner un tel accord. Les Etats-Unis ont des intérêts économiques dans la région Caspienne. Mais la coopération militaire est devenue actuelle après le 11 septembre», commente un diplomate européen à Bakou. La coopération contre le terrorisme international, les opérations de maintien de la paix, la sécurité des ressources énergétiques et des voies de leur évacuation de la région, ont constitué l’essentiel des pourparlers entre les officiels de l’Azerbaïdjan et la délégation du Commandement Européen des forces américains (Eucom).

Eviter la Russie et l'Iran

La région Caspienne possède près de 4% des réserves mondiales de pétrole. La construction d’un oléoduc reliant les côtes azerbaïdjanaises de la Caspienne à la Méditerranée en traversant par la Géorgie et la Turquie, sans passer par la Russie et l’Iran bat son plein. Le pipe-line dit Bakou-Tbilissi-Ceyhan, long de 1760 km sera opérationnel d’ici à un an. Près d’un million de barils de la brute Caspienne sera acheminé vers les marchés occidentaux par cet oléoduc qui a coûté 3,5 milliards de dollars.

«Cette coopération militaire est avant tout liée à la sécurité des gisements offshore azerbaïdjanais dans la Caspienne. En 2001, l’Iran avait envoyé un navire de guerre pour chasser un bateau azerbaïdjanais qui menait des travaux d’exploration pour BP (British petroleum) dans un gisement que l’Azerbaïdjan considère comme le sien et que lui Téhéran conteste. Washington a offert six vedettes aux gardes-côtes azerbaïdjanaises depuis cet incident», poursuit le diplomate occidental.

Une autre raison de ce renforcement est «destiné à lutter contre la prolifération des armes de destruction massive», dit Gregory Johnson, commandant de la marine américaine et de l’Otan en Europe, aussi présent à Bakou. L’Azerbaïdjan a des frontières communes avec la Russie et l’Iran. Ce dernier désigné comme l’un des pays de «l’axe du mal» par Georges W. Bush, le président des Etats-Unis, présenterait une menace aux yeux de Washington pour ses intérêts dans la région. «Il n’est pas exclu qu’il y a aussi un rapport entre le renforcement militaire américain dans le Caucase et la coopération russo-iranien dans le domaine nucléaire», dit le diplomate européen.

«Aujourd’hui il y a un danger pour que la région Caspienne deviennne un lieu de déplacement pour les terroristes, de trafic des drogues et de transite pour les composants des armes de destruction massive. Pour lutter contre tous ces fléaux nous devons renforcer la coopération avec les gardes-frontières et les gardes-côtes azerbaïdjanais», a déclaré la semaine dernière Elisabeth Johns, la secrétaire américaine pour l’Europe et l’Eurasie. La grande partie de 8 millions de dollars de l’aide militaire américaine à l’Azerbaïdjan sera destinée au renforcement de la protection des frontières sud du pays et de ses côtes maritimes.

La réaction de Moscou, très hostile à toute présence américaine dans le Caucase et dans la région Caspienne, a été moins sévère cette fois. «C’est à l’Azerbaïdjan de prendre la décision d’autoriser des bases militaires étrangères sur son sol –c’est son droit comme un état souverain», a-t-on dit à l’ambassade de la Russie à Bakou. En décembre dernier, l’ambassadeur russe avait quasiment menacé l’Azerbaïdjan dans son discours suite à la visite de Donald Rumsfled, le secrétaire américain à la défense.

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, a déclaré que son pays n’accepterait aucune base étrangère sur son sol. «Les Etats-Unis n’ont pas besoin de bases militaires en Azerbaïdjan. Il s’agit d’une coopération d’amélioration des infrastructures afin de pouvoir en profiter dans la lutte contre le terrorisme menée par les américains», dit Tofiq Zulfugarov, politologue et ancien ministre des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan. «Il est évident aujourd’hui, quel que soit le niveau de coopération militaire entre l’Azerbaïdjan et les Etats-Unis, que ce sera en accord avec la Russie», affirme-t-il.



par Kamil  Piriyev

Article publié le 28/03/2004 Dernière mise à jour le 29/03/2004 à 14:49 TU