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Côte d'Ivoire

L'Onuci est en place

Le Premier ministre Seydou Diarra en compagnie du représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire, Albert Tevoedjre lors de la cérémonie d'installation de l'ONCI 

		(Photo AFP)
Le Premier ministre Seydou Diarra en compagnie du représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire, Albert Tevoedjre lors de la cérémonie d'installation de l'ONCI
(Photo AFP)
Sur fond de crise profonde et persistante, l’ONU déploie malgré tout ses forces pour une mission qui s’annonce d’ores et déjà difficile. L’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) a un cahier des charges raisonnable pour encadrer un retour progressif aux institutions démocratiques et républicaines. Mais en Côte d’Ivoire rien n’est gagné d’avance.

Le dimanche 4 avril a marqué le début effectif de l’Onuci pour une durée initiale de 12 mois. Les soldats de la Mission de la communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Miceci), au nombre de 1 300 ont troqué leur béret vert contre celui de couleur bleu-ciel de l’ONU. Le transfert d’autorité s’est passé en douceur sous le commandement du général Abdoulaye Fall du Sénégal qui attend, dans les prochains mois, des renforts du Bengladesh, du Maroc, du Pakistan et d’Ukraine. L’Onuci devrait avoir son compte d’hommes sur le terrain d’ici au mois juillet prochain.

L’installation officielle a été reportée au 5 avril pour permettre au Premier ministre Seydou Diarra d’y assister. En effet, il était en visite privée en France où il a rencontré Alassane Ouattara, leader du RDR et les nouveaux responsables politiques français. A Paris, et invité de RFI, Seydou Diarra a fait part de ses états d’âme et a affirmé qu’il «avait plusieurs fois envisagé de démissionner». Les pressions exercées de toutes parts l’en auraient dissuadé. «Finalement je suis otage de cet accord (Marcoussis), il faut que je reste», a-t-il affirmé. Le Premier ministre se persuade qu’avec l’aide de la communauté internationale et l’appui de l’Onuci, il pourra tenir les délais. Avant la fin de cette année, «il va falloir distribuer les cartes nationales d’identité» prévoit-il. Ce préalable «permettra à la commission électorale de travailler sur les listes électorales», précise le Premier ministre pour que l’échéance des consultations soit respectée en 2005.

Il fonde beaucoup d’espoir dans la présence des forces onusiennes, la preuve selon lui de la «ferme détermination de la communauté internationale en général et des Nations unies en particulier à soutenir et accompagner de manière résolue le processus de réconciliation nationale». Dans son intervention, il a insisté sur le renforcement des libertés publiques et fondamentales et a rappelé une des missions de l’Onuci qui est de «protéger les civils en danger immédiat de violence physique».

Marcoussis ou sécession

Un des points essentiels du mandat de l’Onuci est d’encadrer le processus de réconciliation comme prévu par les accords de Marcoussis. Dans un contexte politique, social et militaire au bord de la rupture en Côte d’Ivoire, les tâches de l’Onuci paraissent bien délicates. Le programme «Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR)», le premier pas à franchir vers l’ordre institutionnel est déjà hésitant. Les Forces nouvelles refusent de rendre les armes et justifient leur décision par les derniers événements d’Abidjan. Pour les Forces nouvelles, l’Onuci serait inspirée de «désarmer d’abord les milices armées d’Abidjan qui tuent la population civile».

Mais la mission de désarmer tous les groupes armés n’est pas cantonnée à une seule partie du pays. Cette compétence devrait s’étendre sur tout le territoire, mais déjà les positions se durcissent surtout dans la moitié nord du pays sous contrôle des Forces nouvelles. L’Onuci a donc un premier obstacle à franchir, celui de la volonté des ex-rebelles de ne pas se laisser inspecter en vue d’un désarmement. Par ailleurs, une autre question de collaboration et de prérogatives entre les forces sous mandat onusien risque de se poser. Les soldats de la Miceci (Cedeao) passent sous l’autorité de l’ONU, deviennent des casques bleus, toujours aux côtés des soldats de l’opération Licorne, qui eux restent soldats français, sous mandat ONU mais non intégrés aux casques bleus. Pour l’instant l’accord théorique fait de l’opération Licorne une «force d’intervention rapide» au service de l’ONU.

Les stratégies se concoctent dans les différents états-majors et créent un climat de méfiance des uns par rapport aux autres. A ce jeu d’intelligence, le Forces nouvelles, retranchées dans leur fief de Bouaké ont immédiatement réagi en brandissant le spectre de la sécession. «Nous demandons à la communauté internationale de faire très attention très attention; parce que si nous pouvons donner des salaires à nos militaires et aux différentes couches sociales, il ne faut pas qu’on nous demande d’aller nous asseoir à Abidjan, parce qu’on n’a plus besoin d’Abidjan.(…) S’ils veulent la Côte d’Ivoire divisée en deux avec Laurent Gbagbo au pouvoir, ce sera leur problème» a crié Guillaume Soro lors d’un meeting à Bouaké.

Laurent Gbagbo, Seydou Diarra et l’ONU, bien qu’ils accordent une attention particulière à ces déclarations, s’en tiennent pour l’heure à la feuille de route: l’application des accords de Marcouussis.



par Didier  Samson

Article publié le 05/04/2004 Dernière mise à jour le 06/04/2004 à 10:36 TU

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Seydou Diarra

Premier ministre du gouvernement "de réconciliation" en Côte d'Ivoire

«Je suis l'otage des accords de Marcoussis»

[04/04/2004]

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