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Internet et vie privée

Le service «mail» de Google mis en cause

Enseigne Google devant le siège social en Californie. 

		(Photo: Google)
Enseigne Google devant le siège social en Californie.
(Photo: Google)
Le leader des moteurs de recherche a dévoilé son nouveau service de courrier gratuit sur le Web baptisé «Gmail». Non sans polémiques... Certains affirment que ce webmail constitue une menace pour la vie privée car les contenus des messages y seront analysés afin d’y insérer une publicité ciblée.

Dès qu’il s’agit de citer un mastodonte sur Internet, on brandit l’exemple de Microsoft. Il faut désormais compter avec Big Google. Depuis 1998, date de sa création, de moteur de recherche l’entreprise est en train de devenir portail. Avec, à la clé, le développement de toute une série de produits et de services: de la messagerie au shopping en ligne en passant par l’information. Dernière création qui constitue une pas supplémentaire hors de ses activités traditionnelles de recherche sur le Net: un service de courrier électronique gratuit sur le Web baptisé «Gmail».

Organiser automatiquement les messages par sujets et permettre aux utilisateurs de faire des recherches dans l’ensemble de leurs messages de la même façon qu’ils font des recherches sur le Web. Partant de ce constat, les créateurs de «Gmail» ont eu la bonne idée de mettre en place une interface regroupant les messages par conversation (mail envoyé et sa réponse) organisé sur le modèle des newsgroups. Autre particularité: sa grande capacité de stockage d’un gigaoctet (soit l’équivalent de 500 000 messages), beaucoup plus que la capacité offerte par les messageries concurrentes Yahoo et MSN Hotmail.

Google, bientôt au Nasdaq

En contrepartie, Google espère financer son service par l'affichage de liens publicitaires sélectionnés en fonction des mots contenus dans le message. Google annonce également qu’il se donne le droit de recouper ensemble les cookies qui enregistrent les habitudes de navigation web et de rédaction de courrier électronique des internautes. Les associations de défense des consommateurs ont vu dans ces technologies de publicité intrusives une menace pour la vie privée.

«Gmail» représente-il une menace pour les libertés ? Oui, répond Simon Davies, directeur de Privacy International, une organisation qui défend le droit à la vie privée «Il ne s’agit pas juste d’un avertissement au consommateur. Les internautes doivent se rendre compte qu’il s’agit d’une large violation des lois européennes». Pour sa part, Maurice Westerling, co-fondateur de l’association Bits Freedom estime que «Google n’a pas le droit d’ouvrir des messages. La communication est protégée à très haut degré en Europe». Il faut dire que les Etats-Unis (où sont situés les serveurs de Google), à la différence de l’Europe, ne disposent pas d’un cadre juridique global pour ce qui concerne la protection des données personnelles.

De son côté, le poids lourd de la recherche sur le Net minimise. «Aucune personne physique ne lit vos messages pour cibler les publicités. L’analyse du contenu des message est entièrement automatisé, des robots compilent les informations récoltés dans les mails par des algorithmes», peut-on lire sur son site web. Actuellement en phase de test, Google n'a pas encore établi de date pour le lancement officiel de «Gmail». «D’ici quelques semaines, voire quelques mois», précise-t-il. Google dont l’annonce officielle de l’introduction en bourse est l’un des évènements les plus attendus de l’année, a donc quelques mois pour modifier son application. Dans le cas contraire, Big Google a toutes les chances de figurer aux prochains Big Brother Awards (BBA), qui récompensent chaque année les individus et les organismes s'étant particulièrement illustrés en matière de surveillance et d'atteinte à la vie privée.



par Myriam  Berber

Article publié le 06/04/2004 Dernière mise à jour le 12/08/2005 à 15:09 TU