Angola
Plus de trois mille trafiquants de diamants arrêtés
Carte : SB/RFI
Le butin saisi par les forces de l'ordre ne laisse planer aucun doute sur l'activité des personnes interpellées : des tamis, des balances et des groupes électrogènes pour l'extraction, des téléphones satellitaires pour le trafic. Les autorités angolaises ont également saisi des armes à feu avant de procéder à la destruction de quelque 3 400 cabanes dans lesquelles opéraient les trafiquants. Cette fois-ci, les arrestations ont concerné essentiellement des Angolais alors que lors des précédentes rafles, des étrangers avaient été visés. Il s’agissait essentiellement de Sénégalais, de Maliens, de citoyens de Sierra Leone et surtout de ressortissants de la République démocratique du Congo. Tous ont été depuis expulsés par milliers vers leurs pays d'origine.
Le gouvernement angolais a lancé en décembre dernier une vaste opération contre le «garimpo» l’extraction illégal et le trafic de diamants. La première phase de cette opération s’était concentrée sur les provinces de Bié et de Huambo dans le centre du pays. Des milliers de personnes avaient été arrêtées, en majorité des Congolais et près de 11 000 d’entre eux ont été expulsés d'Angola depuis quatre mois. La deuxième phase qui a été déclenchée ces derniers jours a concerné les province de Lunda au nord-est de l’Angola et de Malanje et Kwabza sud situées au nord et au sud du pays.
Photo : AFP
«Des actes de barbarie»
Les autorités de Luanda affirment que les Angolais interpellés sont acheminés vers leur région d’origine tandis que les trafiquants étrangers sont «regroupés provisoirement dans des zones où ils bénéficient d’une assistance médicale, alimentaire et vestimentaire» en attendant d’êtres expulsés vers leurs pays. Une organisation congolaise de défense des droits de l'Homme, la Voix des sans voix, avait récemment dénoncé des «actes de barbarie» commis selon elle à l’encontre des ressortissants de la RDC accusés de trafic. Le ministre angolais de l'Intérieur avait lui-même dû admettre que certains excès avaient été commis.
Aujourd’hui les autorités angolaises tentent de justifier leur action. «L'opération en cours n'est en aucune manière un acte de xénophobie, comme certains gouvernements des pays d'origine de ces illégaux continuent à le dire», souligne ainsi un communiqué du gouvernement qui fait notamment valoir que les arrestations touchent également des Angolais accusés de trafic de diamants. «Cette opération est un acte de souveraineté, de défense de l'économie et de la légalité», ajoute le texte.
Selon le ministère angolais des Affaires étrangères, 90.000 étrangers figurent parmi les quelque 290.000 personnes exploitant illégalement le diamant dans plusieurs provinces du pays. Depuis la fin de la guerre civile, il y a deux ans, les mines de diamants sont livrées à la loi de la jungle. Avec cette opération d’envergure, le gouvernement cherche en réalité à mettre la main sur ce pactole qui lui a toujours échappé dans des zones longtemps contrôlées par les ex-rebelles de l'Unita.par Sylvain Biville
Article publié le 11/04/2004 Dernière mise à jour le 11/04/2004 à 12:36 TU