Angola
Paix ne rime pas avec prospérité
Après la guerre, la reconstruction. L’Angola riche des minerais dont regorge son sous-sol et d’un climat favorable reste néanmoins classé parmi les pays les plus pauvres de la planète, parce que les populations traquées par la guerre n’ont pu jamais tirer individuellement profit des potentialités du pays. La richesse allait en priorité soutenir l’effort de guerre, autant du côté du gouvernement de Luanda que de la rébellion.
Depuis le 4 avril, date de signature de l’accord de paix entre qui marque la fin de la guerre civile, le gouvernement angolais essaye de faire de l’Angola un pays moderne. Mais il est confronté à réel problème de démobilisation et de réinsertion des soldats de l’ancien mouvement rebelle, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA). Les organisations humanitaires présentes en Angola ont estimé à 400 000 le nombre des rebelles et les membres leur famille qui ont besoin d’un secours urgent. Les ex-combattants de l’UNITA regroupés dans des camps bénéficient, certes, d’un plan de réinsertion, mais son application reste imparfaite. Le gouvernement angolais sollicite aujourd’hui une contribution des bailleurs de fonds pour pouvoir assurer la survie de ces milliers de personnes, pour une période de six mois.
Le régime du président José Eduardo dos Santos contrôle aujourd’hui la totalité du territoire, mais hérite aussi de régions entièrement détruites par 27 années de guerre que les populations ont fui. Pour la relance d’une machine économique dans les régions sinistrées, le gouvernement angolais en appelle à la communauté internationale, mais il se retourne également vers ses voisins qu’il a soutenu à un moment ou à un autre dans les luttes d’indépendance ou de conquête du pouvoir. La Namibie et les deux Congo sont au premier rang de ses voisins privilégiés. Seule la Namibie, pour l’instant, a répondu à l’appel.
Le président Sam Nujoma s’est rendu en visite officielle à Luanda le 3 juin avec une délégation d’une centaine d’entrepreneurs. Plusieurs accords de coopération entre les deux pays permettent déjà à la Namibie d’exploiter les ressources hydroélectriques dans la province de Cunene, à 1 000 km au sud de Luanda, vers la frontière avec la Namibie. Les entrepreneurs namibiens sont invités par le gouvernement angolais à s’intéresser à tous les secteurs d’activité. Cette ouverture du marché s’adresse aussi aux capitaux étrangers de tous horizons. C’est pourquoi les autorités angolaises ont engagé des programmes de réformes structurelles de leur économie à travers des accords signés avec le fonds monétaire international (FMI). L’Angola veut progressivement glisser d’une économie de guerre et centralisée «à la soviétique» à une économie de marché, par un code d’investissement favorable à l’entreprise privée.
Un énorme potentiel économique
La guerre civile en Angola n’a pas empêché le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) au pouvoir depuis 1975 d’engager une politique offensive de présence sur tous les fronts militaires et diplomatiques de l’Afrique centrale. Cette politique a permis de maintenir un certain niveau d’échanges encouragé par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). L’Angola tire un avantage certain de cette politique en se plaçant comme une puissance régionale après l’Afrique du sud. Il devient même le principal fournisseur d’énergie hydraulique de la région avec les puissants cours d’eau qui traversent le territoire. Par ailleurs l’Angola est le deuxième pays africain producteur de pétrole après le Nigeria. Sa production représente 60% du produit intérieur brut et 80% des exportations du pays. Selon les prévisions du gouvernement et par rapport aux nouveaux gisements découverts en mer, l’Angola devrait bientôt assurer une production de plus d’un million de barils par jour.
Les revenus de l’Angola sont aussi assurés par d’autres ressources naturelles dont le diamant. Quatrième producteur mondial avant 1975, date de l’indépendance et du début de la guerre civile, la production a connu une chute vertigineuse. La production dans les zones contrôlés par l’UNITA ont fait l’objet de toutes sortes de trafics et constituaient la principale source de revenus de rebelles. Selon les indicateurs de certains observateurs économiques, la reprise en main de ce secteur devrait multiplier la production nationale par trois dans les cinq prochaines années. L’or, le fer, le manganèse, le cuivre, le zinc, le granit noir, le marbre et beaucoup d’autres minerais renforcent les potentialités économique de l’Angola. La richesse du sous-sol fait de l’Angola un pays potentiellement riche, mais les populations vivent toujours pour la plupart dans la précarité, malgré la richesse de l’agriculture qui assure aux populations des récoltes vivrières suffisantes et qui les mettent à l’abri de la famine. Plusieurs décennies de guerre civile ont détruit la capacité de production suivie et organisée. L’agriculture angolaise a connu ses heures de gloire sous la colonisation portugaise. Avant 1975, l’Angola était par exemple le quatrième producteur mondial de café.
Malgré toutes ses richesses, l’Angola a besoin aujourd’hui du soutien d’organismes internationaux pour restructurer son économie. Le paradoxe est la difficulté de nourrir les populations alors que la paix est retrouvée. Les Angolais découvrent les avantages de la normalisation de la situation politico-militaire de leur pays mais celle-ci oblige par ailleurs à de nouveaux sacrifices: la reprise des «activités normales». La crainte des organisations internationales est que cette reprise soit trop lente ou tout simplement handicapée par une grande corruption devenue un principe de gouvernement des uns et des autres.
Le régime du président José Eduardo dos Santos contrôle aujourd’hui la totalité du territoire, mais hérite aussi de régions entièrement détruites par 27 années de guerre que les populations ont fui. Pour la relance d’une machine économique dans les régions sinistrées, le gouvernement angolais en appelle à la communauté internationale, mais il se retourne également vers ses voisins qu’il a soutenu à un moment ou à un autre dans les luttes d’indépendance ou de conquête du pouvoir. La Namibie et les deux Congo sont au premier rang de ses voisins privilégiés. Seule la Namibie, pour l’instant, a répondu à l’appel.
Le président Sam Nujoma s’est rendu en visite officielle à Luanda le 3 juin avec une délégation d’une centaine d’entrepreneurs. Plusieurs accords de coopération entre les deux pays permettent déjà à la Namibie d’exploiter les ressources hydroélectriques dans la province de Cunene, à 1 000 km au sud de Luanda, vers la frontière avec la Namibie. Les entrepreneurs namibiens sont invités par le gouvernement angolais à s’intéresser à tous les secteurs d’activité. Cette ouverture du marché s’adresse aussi aux capitaux étrangers de tous horizons. C’est pourquoi les autorités angolaises ont engagé des programmes de réformes structurelles de leur économie à travers des accords signés avec le fonds monétaire international (FMI). L’Angola veut progressivement glisser d’une économie de guerre et centralisée «à la soviétique» à une économie de marché, par un code d’investissement favorable à l’entreprise privée.
Un énorme potentiel économique
La guerre civile en Angola n’a pas empêché le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) au pouvoir depuis 1975 d’engager une politique offensive de présence sur tous les fronts militaires et diplomatiques de l’Afrique centrale. Cette politique a permis de maintenir un certain niveau d’échanges encouragé par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). L’Angola tire un avantage certain de cette politique en se plaçant comme une puissance régionale après l’Afrique du sud. Il devient même le principal fournisseur d’énergie hydraulique de la région avec les puissants cours d’eau qui traversent le territoire. Par ailleurs l’Angola est le deuxième pays africain producteur de pétrole après le Nigeria. Sa production représente 60% du produit intérieur brut et 80% des exportations du pays. Selon les prévisions du gouvernement et par rapport aux nouveaux gisements découverts en mer, l’Angola devrait bientôt assurer une production de plus d’un million de barils par jour.
Les revenus de l’Angola sont aussi assurés par d’autres ressources naturelles dont le diamant. Quatrième producteur mondial avant 1975, date de l’indépendance et du début de la guerre civile, la production a connu une chute vertigineuse. La production dans les zones contrôlés par l’UNITA ont fait l’objet de toutes sortes de trafics et constituaient la principale source de revenus de rebelles. Selon les indicateurs de certains observateurs économiques, la reprise en main de ce secteur devrait multiplier la production nationale par trois dans les cinq prochaines années. L’or, le fer, le manganèse, le cuivre, le zinc, le granit noir, le marbre et beaucoup d’autres minerais renforcent les potentialités économique de l’Angola. La richesse du sous-sol fait de l’Angola un pays potentiellement riche, mais les populations vivent toujours pour la plupart dans la précarité, malgré la richesse de l’agriculture qui assure aux populations des récoltes vivrières suffisantes et qui les mettent à l’abri de la famine. Plusieurs décennies de guerre civile ont détruit la capacité de production suivie et organisée. L’agriculture angolaise a connu ses heures de gloire sous la colonisation portugaise. Avant 1975, l’Angola était par exemple le quatrième producteur mondial de café.
Malgré toutes ses richesses, l’Angola a besoin aujourd’hui du soutien d’organismes internationaux pour restructurer son économie. Le paradoxe est la difficulté de nourrir les populations alors que la paix est retrouvée. Les Angolais découvrent les avantages de la normalisation de la situation politico-militaire de leur pays mais celle-ci oblige par ailleurs à de nouveaux sacrifices: la reprise des «activités normales». La crainte des organisations internationales est que cette reprise soit trop lente ou tout simplement handicapée par une grande corruption devenue un principe de gouvernement des uns et des autres.
par Didier Samson
Article publié le 07/06/2002