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Angola

Reprise du processus de paix

Trois semaines seulement après la mort de Jonas Savimbi, chef historique de la rébellion angolaise, les deux parties, forces armées angolaises et Unita, sont convenues de reprendre le processus de paix interrompu en 1998. Une trêve a été conclue et des négociations doivent débuter dès lundi.
Après 27 ans de guerre civile on s’achemine peut-être vers la paix entre les forces armées angolaises et le mouvement rebelle, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita). Vendredi, l’adjoint au chef d’état-major des forces armées angolaises, le général Geraldo Nunda et le commandant des forces armées de l’Unita, le général Arbeu Kamorteiro, se sont rencontrés et, dans un communiqué commun, ce qui constitue déjà un fait symbolique, ils se sont engagés à la cessation des hostilités et à la reprise des négociations dès lundi. Ils ont également réaffirmé leur attachement au traité de paix de Lusaka en 1994. Un pas de plus a été franchi, samedi, avec l’annonce de la conclusion d’une trêve et la confirmation par un haut responsable des forces armées angolaises que la paix est proche.

Il n’aura donc fallu que trois semaines après la mort de Jonas Savimbi, le leader de l’Unita tué le 22 février au combat, pour relancer un processus de paix brutalement interrompu en 1998. Il était considéré comme le principal obstacle à la cessation des combats et à une issue négociée.

Des occasions de paix manquées

En effet, Jonas Savimbi était en guerre de façon quasi-permanente depuis la fondation de l'Unita, en 1966. Il revient alors de Chine, où il a reçu une formation politique et militaire de plusieurs mois. A l'indépendance de l’Angola, c'est pourtant dans le camp des anti-marxistes qu'il se rangera. Après la révolution des œillets, intervenue au Portugal en avril 1974, Lisbonne tente de mettre en place un gouvernement d'union nationale comprenant les trois principaux partis, MPLA, FNLA et Unita. Mais l'entente est impossible. En pleine guerre froide, le Mouvement populaire de libération de l'Angola, soutenu par l'URSS et Cuba, prend le contrôle Luanda en juillet 1975. Après une brève alliance avec le FNLA, rapidement marginalisé, l'UNITA gagne définitivement le maquis. Savimbi devient l'homme des Etats-Unis et du régime d'apartheid sud-africain, qui lui offre armes et experts militaires, et a ses entrées au Portugal et en France.

En 1988, les premières négociations de paix s'ouvrent toutefois à New York. Elles aboutissent à un cessez-le-feu, en juin 1989, qui ne tiendra que quelques semaines. Dans la décennie qui va suivre, le chef rebelle apparaîtra ainsi rapidement comme le fauteur de guerre, d'autant que la fin de l'affrontement Est-Ouest lui aliène progressivement ses soutiens traditionnels. En septembre 1992, alors qu'il est devancé par le président Eduardo Dos Santos et le MPLA aux élections présidentielle et législatives, il conteste les résultats et reprend les armes. Il faudra deux années d'intenses négociations pour parvenir à un nouvel accord de paix, en novembre 1994, à Lusaka, en Zambie. Malgré l'envoi de troupes onusiennes, les combats éclatent à nouveau l'année suivante. Savimbi accepte néanmoins de rencontrer Eduardo Dos Santos à Lusaka, en juillet. Une révision constitutionnelle crée spécialement pour lui un poste de vice-président. Les opérations de casernement de l'UNITA commencent. Et malgré des combats sporadiques, un accord est conclu pour la formation d'un gouvernement d'unité nationale en mars 1997, suivi de l'entrée au Parlement des 70 députés du mouvement élus en 1992. Mais la guerre reprend de plus belle en 1998.

Francine Quentin et Christophe Champin



Article publié le 16/03/2002