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Développement

Reprise de l’aide confirmée en 2003

Richard Manning, Président du Comité d'aide au développement de l'OCDE, lors de la réunion à Paris les 15 et 16 avril 2004. 

		(Photo: OCDE)
Richard Manning, Président du Comité d'aide au développement de l'OCDE, lors de la réunion à Paris les 15 et 16 avril 2004.
(Photo: OCDE)
L’aide publique au développement a augmenté de près de 4% en 2003 par rapport à 2002, pour atteindre 68,5 milliards de dollars. Les 22 pays industrialisés membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE ont accru leurs financements de 11% au cours des deux dernières années, après un recul qui aura duré près de dix ans.

A Monterrey, en mars 2002, lors de la conférence des Nations unies sur le financement du développement, les pays donateurs se sont engagés à augmenter leur effort jusqu’à environ 75 milliards de dollars en 2006. En pourcentage de leur richesse on passerait alors d’un point bas, en 2001, à 0,22% du revenu national brut, à environ 0,29% en 2006, niveau cependant encore bien inférieur à ceux enregistrés au début des années 90.

Lors de la réunion annuelle du Comité d’aide au développement (CAD) les 22 pays de l’OCDE donateurs d’aide ont constaté la remontée des montants financiers, après une décennie de réduction constante de l’APD (aide publique au développement). Ainsi en 2003, l’aide des pays industrialisés aux pays en développement a atteint 68,5 milliards de dollars, soit une augmentation de 3,9% par rapport à 2002 et 11% par rapport à 2001. Cela représente en moyenne 0,25% du revenu national brut (RNB) des membres du CAD, contre 0,23% en 2002 et 0,22% en 2001. Les Etats-Unis demeurent le premier pays donneur d'aide au monde, suivis du Japon, de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni. Le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède sont néanmoins toujours les seuls pays à atteindre l'objectif de 0,7% du RNB préconisé par les Nations unies dans les années 70.

Une aide trop dispersée

L’augmentation des montants de l’aide publique au développement ne constitue cependant pas une fin en soi. L’efficacité de cette aide est un élément que le rapport 2003 du CAD a souhaité prendre en compte. Les tendances qualitatives de l’évolution de l’APD font apparaître une concentration de l’aide sur des pays qui appliquent des politiques jugées saines et disposent d’institutions plus efficientes. Ainsi la part de l’aide qui converge vers les pays en développement les plus performants est passée de 63% à 68%, au cours des dernières années, tandis que les financements qui prennent le chemin des pays les moins adaptés à les recevoir sont passés de 21% à 16%. Performant dans l’utilisation efficace de l’aide ne signifie pas nécessairement moins pauvres ni plus développé sur le plan économique. En effet, en dépit de cette concentration relative, l’aide aux pays les plus pauvres et les moins avancés (PMA) représente, tout comme il y a dix ans, environ 65% de l’APD totale.

En revanche, on observe toujours une trop grande dispersion, voire un saupoudrage de l’aide, ce qui nuit à son efficacité. Ainsi, en moyenne, 14 donneurs bilatéraux et autant de multilatéraux interviennent sur un seul pays bénéficiaire. Les 15 principaux pays bénéficiaires de l’aide des pays du CAD, qui représentaient 55% du total, il y a vingt ans, n’en reçoivent plus que 48%. Cette atomisation de l’aide se répercute sur le nombre des programmes mis en oeuvre et la faiblesse des montants en jeu. Ainsi 85% des projets affichent des financements inférieurs à un million de dollars, alors que 2% seulement des programmes de développement sont assortis d’une enveloppe de plus de 10 millions de dollars. Certes, l’utilité d’un programme ne dépend pas de son prix, mais cette multiplication des opérations et des intervenants pèse sur les coûts, car elle s’oppose aux économies d’échelle, et augmente les moyens administratifs à mettre en oeuvre pour les mener à bien.

Multiplication des conflits

Les experts du CAD relèvent une augmentation de la part de l’aide qui ne donne pas lieu à des transferts effectifs de ressources ni à l’apport d’argent frais. C’est le cas notamment du coût des réfugiés, des allégements de dette et des dépenses de coopération technique. Toutefois, un bémol sur ce dernier point, la coopération technique est de plus en plus souvent confiée à des personnels compétents locaux ou provenant d’autres pays du sud.

Parmi les améliorations de la qualité de l’aide fournie par les pays riches on relève, dans l’ensemble, un meilleur appui des donateurs aux stratégies de développement décidées localement. A cela s’ajoute l’augmentation des dons par rapport aux prêts dans l’aide publique bilatérale où ils atteignent désormais 86% du total et un déliement progressif de l’aide, passé à 80% du total.

Mais des tendances négatives pèsent aussi sur l’évolution de l’aide internationale aux pays les plus pauvres. Ainsi, les secours liés à l’urgence ont considérablement augmenté dans le total de l’aide depuis 1989 en raison de la multiplication des conflits et des catastrophes naturelles. Cela restreint d’autant l’aide au développement au sens strict.



par Francine  Quentin

Article publié le 17/04/2004 Dernière mise à jour le 17/04/2004 à 10:25 TU