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Développement

Coup d’arrêt à la «lassitude» des pays donateurs

L'aide des pays industrialisés aux pays en développement s'est élevée, en 2002, à 57 milliards de dollars. En progression de 5% sur l'année précédente, l'aide publique au développement (APD) amorce ainsi un redressement, après une baisse régulière pendant dix ans. A 57 milliards de dollars l'APD ne rivalise cependant pas avec, par exemple, le coût de la guerre en Irak ou le prix de la reconstruction de ce pays.
Les 22 pays industrialisés, membres du comité d'aide au développement de l'OCDE, ont consacré, en 2002, 57 milliards de dollars à l'aide publique aux pays en développement. Ces pays, qui représentent à eux seuls 95% des versements mondiaux d'aide publique au développement, ont accru, l'année dernière, leur effort en faveur des pays les plus pauvres de près de 5%. Ce redressement est à remarquer, après une période de dix ans de baisse tendancielle des montants de l'APD, attribuée à la «lassitude» des donateurs devant les maigres résultats obtenus dans les pays en développement.

Si cette reprise des montants de l'APD se confirme dans les années à venir, elle sera la mise en application des engagements pris à la Conférence internationale sur le financement du développement, tenue à Monterrey au Mexique en mars 2002. Les pays riches ont promis à cette occasion d'augmenter leur aide de 30% d'ici 2006, soit environ 16 milliards de dollars supplémentaires par an. Ce n'est pas hors de portée car les 57 milliards de dollars versés en 2002 représentent 0,23% de la richesse nationale moyenne des pays donateurs et l'APD passerait alors à 0,26% de leur revenu national, bien loin des 0,33% atteints en 1992, avant la décrue, et plus encore des 0,7% fixés comme objectif par l'ONU il y a 30 ans.

Les montants consacrés par les finances publiques des pays industrialisés à l'aide au développement des pays pauvres n'atteignent pas les sommes relevant du transfert de fonds des travailleurs migrants vers leur pays d'origine, évalués en 2002 par la Banque mondiale à 80 milliards de dollars. Et l’aide publique au développement ne peut se comparer que de loin aux investissements étrangers directs parfois qualifiés «d’aide» privée, qui ont atteint l’an dernier 143 milliards de dollars dans les pays du sud.

Générosité relative

La relative faiblesse de l’APD mondiale apparaît aussi quand on la compare au premier budget supplémentaire de 80 milliards de dollars, obtenu par l’administration Bush pour financer trois semaines de guerre en Irak. Quant au prix de la reconstruction de ce seul pays, il est évalué par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à 10 milliards de dollars par an pendant trois ans. De son côté, le Congrès américain a voté 2,4 milliards de dollars de crédits pour cette reconstruction.

Les pays donateurs ne contribuent pas tous dans les mêmes proportions à l’aide publique au développement. Ainsi, la logique de la puissance économique place les Etats-Unis en tête des contributeurs, à près de 13 milliards de dollars en 2002, suivis par le Japon, 9 milliards de dollars, l’Allemagne, 5,3 milliards, la France, 5 milliards et le Royaume-Uni, 4,7 milliards. Mais si on rapporte ces montants à la richesse nationale, les Etats-Unis ne consacrent à l’APD que 0,12% de leur revenu national brut (RNB), l’Allemagne 0,27%, le Japon, 0,23%, la France 0,36%.

Les pays les plus généreux en matière d’aide aux pays en développement par rapport à leur richesse, et ce depuis de longues années, sont alors le Danemark, 0,96% du RNB, la Norvège, 0,89%, les Pays-Bas, 0,82%, le Luxembourg 0,78%, la Suède, 0,74%. Ces pays sont les seuls à respecter l’engagement de consacrer 0,7% de sa richesse nationale à l’aide au développement.



par Francine  Quentin

Article publié le 23/04/2003