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Développement

Les limites de la repentance du FMI

Le «mea culpa» du directeur général du Fonds monétaire international Horst Köhler, à propos de sa gestion des crises passées, ne convainc qu’à moitié ceux qui, depuis des années, dénoncent le néo-libéralisme excessif des institutions financières internationales. Exemple, la «nouvelle approche» du FMI pour le développement de l’Afrique, critiquée par la Cnuced.
«La multiplication des crises a mis en lumière nos faiblesses…Nous portons donc une part de responsabilité», reconnaît Horst Köhler, directeur général du FMI, dans une interview au quotidien économique français La Tribune. Il affirme aussi que son institution en a tiré les conséquences et que désormais «une nouvelle culture anime le FMI». Voire : Horst Köhler s’empresse d’ajouter que «les marchés n’ont jamais tort. Mais leur perception peut changer rapidement».

Cette «repentance» bien que relative ne recueille pas la conviction de ceux qui, tel Detlef Kotte, économiste à la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) dénoncent depuis des années les recettes étroitement néo-libérales du FMI et de la Banque mondiale, connues sous le nom de consensus de Washington, ville où ces institutions sont regroupées.

Pour Detlef Kotte, qui présentait le rapport de son organisation sur le développement économique de l’Afrique, «le FMI a montré depuis notamment la crise asiatique, une souplesse accrue. De fait, quelque chose bouge au FMI. Mais, nuance-t-il immédiatement, cette organisation est quand même dominée par les intérêts des investisseurs et des financiers des grands pays industrialisés et, surtout, d’un grand pays industrialisé...». Les pays en développement ne se battent pas suffisamment pour remettre en cause cette situation, estime l’économiste de la Cnuced.

Une approche pas si nouvelle

En effet, depuis 1999, la réduction de la pauvreté est devenue l’objectif fondamental des programmes des institutions financières internationales dans les pays pauvres. Les programmes d’ajustement structurel ont été réorientés à la lumière de cette «nouvelle approche» : filets de sécurité sociaux, participation de la société civile, implication des autorités politiques nationales.

La nouvelle approche du développement en Afrique prenait acte du fait que la richesse nationale par habitant a diminué entre les années 80 et les années 90, que la proportion de ceux qui vivent avec moins d’un dollar par jour est passée, en Afrique subsaharienne, de 56% dans les années 60 à 65% dans les années 90. De plus, l’efficacité des plans d’ajustements structurels, souvent douloureux en raison de la réduction imposée des dépenses sociales, n’était guère à la hauteur des espérances. Sur 15 pays ayant poursuivi un plan d’ajustement en 1993, seul 3 ont obtenu des résultats positifs. Ce qui fait dire à la Cnuced qu’il n’y a pas de différence notable entre les pays avec ou sans plan d’ajustement structurel.

Les analystes de la Cnuced estiment qu’entre ancienne et nouvelle approche les principes fondamentaux restent fondamentalement les mêmes : libéralisation, ouverture la plus rapide possible à la mondialisation. En bref, FMI et Banque mondiale accordent trop d’importance aux mécanismes du marché. Et les nouvelles conditions auxquelles sont subordonnés les prêts, liées à la gouvernance, sont venues se surajouter aux précédentes. A l’inverse, le processus d’allégement de la dette est trop lent. Pour l’instant, seuls 4 pays africains, sur 33 concernés, sont parvenus au bout.

Enfin, souligne la Cnuced, les politiques mises en œuvre ne sont pas en accord avec les déclarations des grandes conférences internationales telles celles de Monterrey sur le financement du développement. Tandis que les mesures protectionnistes prises par les pays du Nord privent les pays en développement d’un revenu d’exportation trois à quatre fois supérieur à ce qu’ils reçoivent de financements extérieurs.



par Francine  Quentin

Article publié le 26/09/2002