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Développement

Le Sud exporte plus mais gagne moins

Produisez plus, exportez davantage et vous connaitrez la croissance, a-t-on dit aux pays en développement. Et, depuis le début des années 80, beaucoup d'entre eux l'ont fait. Résultat, ils se sont mis à fabriquer des produits de masse standardisés dont la surproduction aboutit, en définitive, à une concurrence accrue entre pays pauvres.
Le rapport 2002 de la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) souligne que la croissance des exportations de produits manufacturés suscite des tensions dans le commerce international, en défaveur des pays en développement dont les recettes ne progressent pas au même rythme. En effet, depuis le début des années 80 les exportations de marchandises par les pays en développement ont augmenté de plus de 11% par an, largement plus que la moyenne mondiale de 8,4%. En 1980, les exportations de produits primaires, c'est-à-dire non manufacturés, représentaient la moitié des exportations totales des pays en développement. Ces matières premières, agricoles ou minières, n'en représentaient plus que 19% en 1998.

Entre-temps, ces pays se sont mis à fabriquer des produits manufacturés dans l'informatique et les télécommunications, le matériel audio et vidéo, les semi-conducteurs et les vêtements. Mais voilà, rappelle la CNUCED, ces produits restent tributaires de l’exploitation de ressources naturelles et de l’utilisation d’une main d’oeuvre non qualifiée. D’ailleurs, la proportion de travailleurs peu qualifiés dans le commerce mondial est désormais de sept sur dix. Car les pays en développement fabriquent des produits de masse standardisés dont la valeur est décroissante sur le marché mondial. Le risque de surproduction existe bien dans le secteur électronique.

Technologie contre main d’oeuvre

Les sociétés transnationales qui ont investi dans ces pays ont fait appel à une forte intensité de main d’œuvre bon marché dont l’activité se limite à l’assemblage ce qui requiert un faible niveau de qualification. Ces multinationales ont développé des formes de production où les biens passent, pour transformation, par plusieurs sites avant d’atteindre le consommateur. Dans ce cas, la valeur totale du commerce enregistré dépasse la valeur ajoutée du produit lui-même. Laquelle valeur ajoutée revient aux entreprises étrangères sous forme de profits, les pays concernés ne percevant pratiquement que le montant des salaires.

Or, ce sont les produits à forte intensité de technologie et de compétences dont les marchés augmentent le plus rapidement. Les pays en développement en sont donc réduits, selon la CNUCED, à vendre plus pour gagner moins, contribuant à faire chuter les prix. La part des pays développés dans la formation de la valeur ajoutée mondiale continue de progresser, creusant davantage le fossé technologique.

Pour réagir à ce mouvement, les pays en développement ont vu s’aggraver la pression sur les salaires qui permet aux entreprises de se concurrencer sur les prix sans diminuer leurs profits. A cela s’ajoute le fait qu’un nombre croissant de pays en développement proposent de plus en plus de concessions fiscales et commerciales pour compenser les fluctuations de compétitivité.

La CNUCED préconise donc l’amélioration de l’accès aux pays développés des articles manufacturés dans les pays du Sud ; la réduction du fossé technologique ; et l’orientation des grands pays en développement vers les marchés nationaux ou régionaux, les exportations diminuant au fur et à mesure que leur marché intérieur s’élargirait.



par Francine  Quentin

Article publié le 30/04/2002