Développement
La nouvelle logique de Monterrey
Le président Fox après avoir souligné que la Conférence sur le Financement du Développement s’était déroulée dans une grande tranquillité a prononcé un discours de clôture mettant en avant l’Esprit de Monterrey: les pays riches se sont engagés à passer d'une logique d'assistance à une logique de «partenariat».
De notre envoyé spécial à Monterrey
Un sommet minimaliste qui a permis d’analyser les changements du monde avec toutes les conséquences que ceux-ci engendrent pour le développement et son financement. Aucune décision n’a été prise et les chefs d’Etat se reparleront au prochain sommet de Johannesburg à l’automne. Quand aux pays pauvres ils sont en désaccord avec les donateurs qu’ils soient américains ou européens. Ils devront encore attendre et mesurer la portée des changements de politique de développement qu’entendent suivre les pays riches. La déclaration finale n'aborde ni le problème des dettes, ni l’idée d'une taxation internationale pour financer le développement, ni la hiérarchisation des biens publics mondiaux, ni le libre accès aux marchés. Les grands gagnants de cette Conférence sont incontestablement Georges Bush et ses alliés du FMI et de l’OMC qui sont parvenus à leurs fins. Ils ont réussi à imposer au monde entier et sans trop de difficulté, leur concept de partenariat :laisser au secteur privé l’essentiel du financement du développement.
Dans son intervention, Georges Bush a conditionné une augmentation de l’aide à la bonne conduite des pays pauvres. Elle ne sera accordée qu’à ceux qui réaliseront les réformes politiques, économiques et légales répondant aux critères de Washington. Les pays receveurs devront ouvrir largement leurs frontières, Georges Bush affirmant que le commerce est le véritable moteur qui peut aider les pays à sortir de la misère, que la vraie source de progrès est la créativité et que chaque dollar dépensé doit attirer 2 dollars d’investissement. Bush estime que le nouveau pacte de commerce global peut sortir 300 millions de personnes de la pauvreté car quand le commerce avance, il n’y a pas de doute, la pauvreté recule.
Au chapitre des subsides que l’ONU réclame pour le développement (les pays riches s’étaient engagés, il y a 30 ans, à verser 0,7 % de leur PIB, l’Europe donne 0,39, les Etats-Unis 0,1), Bush demande aux pays pauvres de regarder les vrais solutions pour combattre la pauvreté plutôt que de tergiverser sur les pourcentages d’aides provenant des pays riches. Néanmoins, il annonce une rallonge de dernière minute: 5 milliards de dollars par an pendant 3 ans. soulignant à l’attention de la Banque Mondiale qu’ il devrait y avoir plus de dons que de prêts non remboursés. Bush justifie sa politique, constatant que depuis des décennies on ne mesure le succès du développement qu’à l’importance des sommes accordées sans regarder les résultats concrets. Il estime que «déverser de l'argent sur un immobilisme stérile est peu efficace pour aider les pauvres et retarde le progrès des réformes».
Globalisation de la Solidarité
Ce discours de Georges Bush s’oppose radicalement à celui de Jacques Chirac qui s’exprimait quelques minutes auparavant à la même tribune. Un discours que l’on pourrait qualifier d’Européen, en parfaite synchronie avec les conférences préparatoires et les tables rondes offertes par Charles Josselin, le Ministre de la Coopération du gouvernement Jospin. Si Georges Bush parle de la globalisation du commerce, Jacques Chirac réclame une globalisation de la solidarité et plaide pour une augmentation réelle de l’aide publique au développement. Il appelle à une coalition contre la pauvreté comparable à celle qui est apparue spontanément contre le terrorisme, soulignant qu’il est «naturel d’envisager de financer l’humanisation et la maîtrise de la mondialisation par les richesses qu’elle engendre», réclamant une réflexion sur les possibilités de taxations internationales. Une idée déjà proposée par les Suédois sur les Biens public mondiaux et par les Allemands qui s’interrogent sur la mise en place de la fameuse taxe Tobin sur les mouvements de capitaux.
Le Consensus de Monterrey a été adopté par tous les signataires. Les pays en voie de développement ont du accepter cette nouvelle idée d’un «partenariat». Ils leur faudra non seulement s’ouvrir à l’économie de marché, mais aussi à la «bonne gouvernance», un nouveau concept très subjectif qui concerne l’état de droit, la lutte contre la corruption, la démocratie comme si de tels changements pouvaient se faire d’un simple claquement de doigt dans des pays où l’accès à l’éducation est souvent précaire. Ces pays pauvres s’en vont désabusés par les promesses jamais tenues des pays riches. Ils n’ont pas même obtenu l¹annulation de leur dette, ni l’ouverture des frontières du Nord pour leurs produits agricoles qui représentent pourtant leur unique source de revenus. Il est douteux que la Banque Mondiale très peu présente à cette Conférence, parvienne à doubler les aides pour baisser de moitié le nombre de pauvres d’ici 15 ans. Le Consensus de Monterrey, plus que jamais à été confisqué par les Etats-Unis et l’Europe qui, une fois de plus, se sont mesurés sur le terrain du développement et de la géopolitique.
Un sommet minimaliste qui a permis d’analyser les changements du monde avec toutes les conséquences que ceux-ci engendrent pour le développement et son financement. Aucune décision n’a été prise et les chefs d’Etat se reparleront au prochain sommet de Johannesburg à l’automne. Quand aux pays pauvres ils sont en désaccord avec les donateurs qu’ils soient américains ou européens. Ils devront encore attendre et mesurer la portée des changements de politique de développement qu’entendent suivre les pays riches. La déclaration finale n'aborde ni le problème des dettes, ni l’idée d'une taxation internationale pour financer le développement, ni la hiérarchisation des biens publics mondiaux, ni le libre accès aux marchés. Les grands gagnants de cette Conférence sont incontestablement Georges Bush et ses alliés du FMI et de l’OMC qui sont parvenus à leurs fins. Ils ont réussi à imposer au monde entier et sans trop de difficulté, leur concept de partenariat :laisser au secteur privé l’essentiel du financement du développement.
Dans son intervention, Georges Bush a conditionné une augmentation de l’aide à la bonne conduite des pays pauvres. Elle ne sera accordée qu’à ceux qui réaliseront les réformes politiques, économiques et légales répondant aux critères de Washington. Les pays receveurs devront ouvrir largement leurs frontières, Georges Bush affirmant que le commerce est le véritable moteur qui peut aider les pays à sortir de la misère, que la vraie source de progrès est la créativité et que chaque dollar dépensé doit attirer 2 dollars d’investissement. Bush estime que le nouveau pacte de commerce global peut sortir 300 millions de personnes de la pauvreté car quand le commerce avance, il n’y a pas de doute, la pauvreté recule.
Au chapitre des subsides que l’ONU réclame pour le développement (les pays riches s’étaient engagés, il y a 30 ans, à verser 0,7 % de leur PIB, l’Europe donne 0,39, les Etats-Unis 0,1), Bush demande aux pays pauvres de regarder les vrais solutions pour combattre la pauvreté plutôt que de tergiverser sur les pourcentages d’aides provenant des pays riches. Néanmoins, il annonce une rallonge de dernière minute: 5 milliards de dollars par an pendant 3 ans. soulignant à l’attention de la Banque Mondiale qu’ il devrait y avoir plus de dons que de prêts non remboursés. Bush justifie sa politique, constatant que depuis des décennies on ne mesure le succès du développement qu’à l’importance des sommes accordées sans regarder les résultats concrets. Il estime que «déverser de l'argent sur un immobilisme stérile est peu efficace pour aider les pauvres et retarde le progrès des réformes».
Globalisation de la Solidarité
Ce discours de Georges Bush s’oppose radicalement à celui de Jacques Chirac qui s’exprimait quelques minutes auparavant à la même tribune. Un discours que l’on pourrait qualifier d’Européen, en parfaite synchronie avec les conférences préparatoires et les tables rondes offertes par Charles Josselin, le Ministre de la Coopération du gouvernement Jospin. Si Georges Bush parle de la globalisation du commerce, Jacques Chirac réclame une globalisation de la solidarité et plaide pour une augmentation réelle de l’aide publique au développement. Il appelle à une coalition contre la pauvreté comparable à celle qui est apparue spontanément contre le terrorisme, soulignant qu’il est «naturel d’envisager de financer l’humanisation et la maîtrise de la mondialisation par les richesses qu’elle engendre», réclamant une réflexion sur les possibilités de taxations internationales. Une idée déjà proposée par les Suédois sur les Biens public mondiaux et par les Allemands qui s’interrogent sur la mise en place de la fameuse taxe Tobin sur les mouvements de capitaux.
Le Consensus de Monterrey a été adopté par tous les signataires. Les pays en voie de développement ont du accepter cette nouvelle idée d’un «partenariat». Ils leur faudra non seulement s’ouvrir à l’économie de marché, mais aussi à la «bonne gouvernance», un nouveau concept très subjectif qui concerne l’état de droit, la lutte contre la corruption, la démocratie comme si de tels changements pouvaient se faire d’un simple claquement de doigt dans des pays où l’accès à l’éducation est souvent précaire. Ces pays pauvres s’en vont désabusés par les promesses jamais tenues des pays riches. Ils n’ont pas même obtenu l¹annulation de leur dette, ni l’ouverture des frontières du Nord pour leurs produits agricoles qui représentent pourtant leur unique source de revenus. Il est douteux que la Banque Mondiale très peu présente à cette Conférence, parvienne à doubler les aides pour baisser de moitié le nombre de pauvres d’ici 15 ans. Le Consensus de Monterrey, plus que jamais à été confisqué par les Etats-Unis et l’Europe qui, une fois de plus, se sont mesurés sur le terrain du développement et de la géopolitique.
par Patrice Gouy
Article publié le 24/03/2002