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Développement

L’aide aux pays pauvres, enjeu électoral

Le Premier ministre Lionel Jospin a annoncé la reprise de l’effort français d’aide au développement à l’issue de la réunion annuelle du comité interministériel de la coopération internationale et du développement (Cicid). Il répondait ainsi à Jacques Chirac, qui, recevant la semaine dernière des chefs d’Etats africains, avait déploré la réduction de l’aide française, ces dernières années, par le gouvernement de la gauche plurielle.
Le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (Cicid), présidé par le Premier ministre, se réunit une fois par an afin d’orienter la politique française en ce domaine. Mais cette année, la traditionnelle réunion du Cicid, la troisième depuis sa création liée à la réforme en 1998 de la coopération française, s’inscrivait dans le cadre, pré-électoral, de la polémique sur la baisse persistante de la réduction de l’aide publique française au développement. En effet, alors que la France se présente volontiers comme «l’avocat» des pays en développement auprès des autres pays industrialisés et des institutions financières internationales, les montants consacrés à l’APD ne cessent de diminuer.
Relevant que l’aide publique française a fortement baissé depuis 1996, le président Jacques Chirac, recevant récemment à Paris les chefs d’Etats africains partenaires du Nepad, (Nouvelle initiative pour le développement de l’Afrique) avait jugé «moralement et politiquement indispensable» d’augmenter le soutien financier aux pays africains, sous-entendant que cet effort n’avait pas été fourni par le gouvernement.
Et c’est aussi contre quoi s’élèvent une quarantaine d’ONG françaises à l’initiative d’une pétition forte, selon ses organisateurs, de 180 000 signatures en cette veille de campagne électorale. Cette pétition demande au futur président de la République, quel qu’il soit, de s’engager à porter durant les cinq ans de son mandat l’aide de la France à 0,7% de sa richesse nationale. Cet engagement d’objectif des pays riches remonte à 1970 et, à ce jour, cinq pays seulement y parviennent (Danemark, Pays-Bas, Suède, Norvège, Luxembourg).
Pour la France, comme pour l’ensemble des pays du G7, on en est loin. Les chiffres qui font référence au niveau international en ce domaine sont ceux du Comité d’aide au développement (CAD) qui regroupe les membres de l’OCDE donateurs. Il apparaît que depuis 1985 la part du PIB français consacré à l’aide aux pays en développement régresse. On est passé de 0,62% du PIB en 1984-1985 à 0,6% en 1989-1990, puis 0,48% en 1996, 0,45% en 1997, 0,40% en 1998, 0,39% en 1990 et 0,32% en 2000, dernier chiffre connu. Cela représentait 5,6 milliards de dollars en 1999 et 4,1 milliards en 2000.
Lionel Jospin a donc souligné que la baisse de l’aide française avait commencé bien avant son arrivée à Matignon. Que, dans un contexte de forte croissance du PIB, les montants de l’APD était restés importants. Et que les prévisions pour 2001, à 0,34% du PIB, amorçaient une reprise de l’aide française qui devrait être confirmée à 0,36% du PIB en 2002. Toutefois le Premier ministre a refusé se s’engager sur un objectif à cinq ans maintenant, à terme, celui de 0,7%.

Une zone prioritaire recentrée sur l’Afrique

Le Cicid revoit aussi, chaque année, la composition de la Zone de solidarité prioritaire (ZSP), c’est-à-dire les pays vers lesquels sera concentrée l'aide bilatérale de la France. Cette année, la ZSP a exclu une série d’îles des Caraïbes et de l’Océan indien, estimant que leur niveau économique ne les plaçait plus au rang de pays les moins développés.
C’est le cas pour les Seychelles ou l’Ile Maurice, par exemple. Mais, en ce qui concerne Saint-Christophe-et-Nièvés ou Saint-Vincent et les Grenadines, ces îles figurent dans la liste des 19 pays et territoires accueillants au blanchiment de capitaux établie par le Gafi (Groupe d’action financière sur le blanchiment des capitaux). La France se réserve le droit de suspendre son aide et les concours de l’Agence française de développement aux pays qui seraient mis à l’index par le Gafi ou feraient l’objet de sanctions européennes pour manquements aux droits de l’homme et à la démocratie.
En revanche deux pays le Soudan et le Yémen intègrent la ZSP. La coopération avec le Soudan est rendue possible par la levée des sanctions de l’ONU depuis septembre dernier suivie de la reprise de l’aide européenne. Quant au Yémen il est, a souligné Charles Josselin, ministre délégué à la coopération, le seul pays pauvre et la seule République de la région. De plus, ce pays agit au côté des Occidentaux dans la lutte contre le terrorisme.

Ecouter également:
L'interview de Charles Josselin, ministre français de la Coopération interrogé par Pierre Ganz



par Francine  Quentin

Article publié le 15/02/2002