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Développement

Dix pas vers un autre monde possible

Un développement économique fortement consommateur en énergie, matières premières et ressources naturelles non renouvelables ne peut et ne doit pas être généralisé à l’ensemble de la planète. Ce ne sont pas des militants écologistes ou tiers-mondistes qui l’affirment mais des personnalités aussi différentes que Raymond Barre, ancien premier ministre libéral, un patron de la sidérurgie française, Francis mer, un banquier, Jean Peyrelevade, au côté de Pierre Mauroy et Michel Rocard, anciens Premiers ministres socialistes, de responsables syndicaux, de scientifiques et de l’Abbé Pierre.
A l’initiative de son président Jean-Baptiste de Foucauld, le club de réflexion Convictions lance un appel à la solidarité et la responsabilité dans un Manifeste pour un développement durable. Dix «pas» en avant sont ainsi proposés, au niveau mondial, européen et national. Sachant, précise le manifeste, que «d’autres acteurs, tels que les entreprises et chacun de nous, avons des rôles majeurs à jouer».

Trois questions à Jean-Baptiste de Foucauld, ancien commissaire général au Plan et président de l’association Convictions.

RFI : N’est-il pas étonnant de voir des personnalités de tous bords défendre des thèses proches de celles du Forum social mondial de Porto Alegre ?

Jean-Baptiste de Foucauld : La signature du Manifeste de Convictions sur le développement durable par des personnalités très variées témoigne incontestablement d’un réel sentiment d’inquiétude et de préoccupation concernant la montée des risques de tous ordres dans notre société. La critique du modèle dominant s’élargit et le besoin de nouvelles régulations est plus fortement ressenti. En cela notre Manifeste rejoint la sensibilité qui s’est exprimée à Porto Alegre. Mais nous préconisons également «dix pas pour le développement durable», qui visent le réalisme et l’efficacité.

Seraient-ils acceptés par les militants de Porto Alegre, par certains, par tous ? Cela vaudrait la peine de leur demander. Il serait temps d’ailleurs que Porto Alegre et Davos apprennent à se parler, pour construire cet autre monde qui est possible et auquel notre manifeste entend contribuer.

RFI : Vous parlez de responsabilité des citoyens des pays développés dans l’instauration d’un développement durable mais, aussi, de leur perte de contrôle sur les mécanismes de l’économie, n’est-ce pas contradictoire ?

J-B de F. :Non, ce n’est pas contradictoire, car il s’agit de deux problèmes se situant à un niveau différent, et liés entre eux. Nous plaidons, à Convictions, pour une «maîtrise publique de l’économie» afin de réintégrer le marché mondial dans la nouvelle gouvernance mondiale que nous proposons. C’est la condition pour que le citoyen puisse agir «globalement» : il n’a plus de prise sur la mondialisation, car la dimension politique de celle-ci est trop faible. Il faut lui redonner des moyens d’action.

Mais le citoyen doit, parallèlement, se sentir responsable «localement» du développement durable, ce qui suppose d’une part, de pratiquer une sobriété intelligente, et, d’autre part, de participer activement à une démocratie locale renouvelée (multiplions les agendas 21 locaux !)


RFI : Déjà, Lionel Jospin a repris, dans une récente intervention publique, l’idée, contenue dans vos propositions, d’un conseil de sécurité économique et social à l’ONU. En cette période de campagne électorale craignez-vous une récupération politique et, plus généralement, quelle sera votre attitude à l’égard des différents candidats à la présidence de la République ?

J-B de F.: Ce n’est pas en ces termes que nous posons le problème. Le but de notre Manifeste est que le développement durable soit, avec l’Europe et la réforme de l’Etat, au centre de la campagne électorale. Nous souhaitons qu’il soit un thème fort et transversal pour les candidats, la base d’un projet collectif de société, chacun y apportant sa vision particulière. Nous souhaitons que nos propositions concrètes soient reprises d’abord, appliquées ensuite. Aussi, nous nous livrerons, le 28 mars, à un exercice que nous considérons comme novateur : l’évaluation de la place du développement durable dans le programme des candidats et des partis. Ce sera le premier de nos «Rendez-vous du développement durable».

Pour en savoir plus :

Le site de l'association Convictions



par Propos recueillis par Francine  Quentin

Article publié le 13/02/2002