Développement
L'afro-pessimisme de la Cnuced
La conférence des nations unies sur le commerce et le développement a rendu public, le 11 septembre 2001, son rapport annuel sur l'Afrique et égratigne au passage tous les choix opérés par les institutions financières qui ont conçu et imposé à l'Afrique des politiques de développement. Ces choix auraient été fait plus par idéologie que par réalisme politique et économique.
« L'Afrique subsaharienne est plus pauvre qu'il y a 20 ans du fait de la diminution de l'aide et de la dégradation des termes de l'échange, de l'accroissement de la dette et de l'inefficacité des politiques d'ajustement. »
En clair, les pays africains ne profitent pas des effets de la mondialisation, ils en subissent plutôt les conséquences. Leur part d'intervention dans les échanges mondiaux n'est que de 1%. Cette marginalisation des pays africains, dont les voix comptent peu dans les négociations internationales, est alimentée par la faiblesse de leur économie. Elle dépend encore trop de facteurs étrangers. Les exportations sont faibles et importations sont sans cesse croissantes.
L'agriculture qui n'a que modérément évolué en Afrique ces dix dernières années, assure tout de même l'essentiel de ses exportations. Et selon la Cnuced, la croissance industrielle en Afrique subsaharienne est de plus en plus tributaire de la croissance de l'agriculture. Entre 1980 et 1997 la part de l'agriculture dans le produit intérieur brut est passé de 22,3% à 19,5%, et pendant cette même période les chiffres désastreux de l'industrialisation confirment bien que la bonne tenue de l'une conforte la deuxième.
C'est l'analyse de ces mêmes liens qui a conduit en partie les institutions financières à concocter des programmes d'ajustement structurels, convaincues que l'approche africaine était en marge de la conception moderne de l'économie.
Le mauvais résultat des bons élèves
Après une application studieuse des programmes d'ajustement structurels du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, les résultats n'ont guère été brillants. Le désengagement des Etats, la privatisation, dans les secteurs clefs de l'économie ont entraîné un déséquilibre social, sur le plan national, d'une part, et naturellement une diminution globale de l'aide publique au développement sur le plan international d'autre part. Selon les chiffres de la Banque mondiale les prêts publics consentis aux pays en développement sont passés de 27 milliards de dollars en 1990à 9 milliards environ en 2000. La Cnuced noircit un peu plus le tableau en affirmant que, «en l'an 2000, en Afrique, le revenu par habitant était de 10% inférieur à celui de 1980 ». Face à une telle situation la communauté internationale a défini un seuil de croissance de 6% à atteindre pour soutenir une économie et pour amorcer un développement durable. Mais le taux moyen de croissance des pays africains atteint péniblement les 3%. Le rapporteur de la Cnuced, Detlef KOTTE ne voit aucune amélioration de la situation si des mesures rapides et concrètes ne sont pas prises par les pays développés. La qualification de « PPTE »,(pays pauvres très endettés) et de « PMA », (pays les moins avancés) a permis l'annulation de certaines dettes publiques et quelques conditions particulières d'accès au crédit. Mais tout ceci reste insuffisant face à l'ampleur du problème.
Faire table rase du passé
On est passé de l'endettement au surendettement qui s'élève, pour l'Afrique subsaharienne, à 206 milliards de dollars en 2000. Seul l'apurement simple de la dette pourrait constituer un début de solution, qu'il faudrait néanmoins accompagner d'injection d'argent frais dans les différentes économies. L'un des graves problèmes de l'Afrique, selon les experts de la Cnuced, c'est le manque de constitution d'épargne. Une provision de 10 milliards de dollars pendant 10 ans devrait favoriser une vraie croissance viable et durable en Afrique.
Un organisme indépendant dont les membres seraient choisis par les débiteurs et les créanciers assurerait un suivi et un contrôle des opérations. C'est une autre logique de développement. Mais les experts de la Cnuced confessent volontiers que leurs études ne reçoivent pas toujours un écho favorable auprès des grandes institutions financières qui ont leur propre appréciation des problèmes de développement.
En clair, les pays africains ne profitent pas des effets de la mondialisation, ils en subissent plutôt les conséquences. Leur part d'intervention dans les échanges mondiaux n'est que de 1%. Cette marginalisation des pays africains, dont les voix comptent peu dans les négociations internationales, est alimentée par la faiblesse de leur économie. Elle dépend encore trop de facteurs étrangers. Les exportations sont faibles et importations sont sans cesse croissantes.
L'agriculture qui n'a que modérément évolué en Afrique ces dix dernières années, assure tout de même l'essentiel de ses exportations. Et selon la Cnuced, la croissance industrielle en Afrique subsaharienne est de plus en plus tributaire de la croissance de l'agriculture. Entre 1980 et 1997 la part de l'agriculture dans le produit intérieur brut est passé de 22,3% à 19,5%, et pendant cette même période les chiffres désastreux de l'industrialisation confirment bien que la bonne tenue de l'une conforte la deuxième.
C'est l'analyse de ces mêmes liens qui a conduit en partie les institutions financières à concocter des programmes d'ajustement structurels, convaincues que l'approche africaine était en marge de la conception moderne de l'économie.
Le mauvais résultat des bons élèves
Après une application studieuse des programmes d'ajustement structurels du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, les résultats n'ont guère été brillants. Le désengagement des Etats, la privatisation, dans les secteurs clefs de l'économie ont entraîné un déséquilibre social, sur le plan national, d'une part, et naturellement une diminution globale de l'aide publique au développement sur le plan international d'autre part. Selon les chiffres de la Banque mondiale les prêts publics consentis aux pays en développement sont passés de 27 milliards de dollars en 1990à 9 milliards environ en 2000. La Cnuced noircit un peu plus le tableau en affirmant que, «en l'an 2000, en Afrique, le revenu par habitant était de 10% inférieur à celui de 1980 ». Face à une telle situation la communauté internationale a défini un seuil de croissance de 6% à atteindre pour soutenir une économie et pour amorcer un développement durable. Mais le taux moyen de croissance des pays africains atteint péniblement les 3%. Le rapporteur de la Cnuced, Detlef KOTTE ne voit aucune amélioration de la situation si des mesures rapides et concrètes ne sont pas prises par les pays développés. La qualification de « PPTE »,(pays pauvres très endettés) et de « PMA », (pays les moins avancés) a permis l'annulation de certaines dettes publiques et quelques conditions particulières d'accès au crédit. Mais tout ceci reste insuffisant face à l'ampleur du problème.
Faire table rase du passé
On est passé de l'endettement au surendettement qui s'élève, pour l'Afrique subsaharienne, à 206 milliards de dollars en 2000. Seul l'apurement simple de la dette pourrait constituer un début de solution, qu'il faudrait néanmoins accompagner d'injection d'argent frais dans les différentes économies. L'un des graves problèmes de l'Afrique, selon les experts de la Cnuced, c'est le manque de constitution d'épargne. Une provision de 10 milliards de dollars pendant 10 ans devrait favoriser une vraie croissance viable et durable en Afrique.
Un organisme indépendant dont les membres seraient choisis par les débiteurs et les créanciers assurerait un suivi et un contrôle des opérations. C'est une autre logique de développement. Mais les experts de la Cnuced confessent volontiers que leurs études ne reçoivent pas toujours un écho favorable auprès des grandes institutions financières qui ont leur propre appréciation des problèmes de développement.
par Didier Samson
Article publié le 13/09/2001