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Développement

Réformer l'OMC en faveur des plus pauvres

Afin de préparer la Conférence des Nations Unies sur le financement du développement qui doit se tenir en mars 2002, un groupe de travail composé de responsables ou anciens responsables de pays industrialisés et en développement propose de réformer en profondeur l'Organisation mondiale du commerce et de rééquilibrer son pouvoir excessif par des instances de régulation politique, sociale et environnementale de «poids» comparable.
Le 15 décembre 2000, le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, confiait à l'ancien président mexicain Ernesto Zedillo la présidence d'un groupe dit «de haut niveau», chargé de lui proposer des actions concrètes à soumettre aux Etats pour financer les pays en développement. Ces mesures seraient le sujet de la Conférence internationale sur le financement du développement prévue en mars 2002. Six mois plus tard le groupe qui comprenait, entre autres, Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, Robert Rubin, ancien secrétaire au Trésor des Etats-Unis, un ancien ministre des Finances indien, le président du fonds arabe pour le développement économique, rend sa copie.

Première constatation : on comptait beaucoup sur la multiplication des échanges commerciaux internationaux pour permettre aux pays que l'on pensait alors «en voie de développement» de rattraper leur retard économique et social. Force est de reconnaître, selon le rapport rendu public, que «les principaux bénéficiaires, et de loin, de cette libéralisation des échanges ont été les pays industrialisés». Les autres ont ressenti le fonctionnement de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui préside sans contre-pouvoir à cette libéralisation comme «fondé sur la sélection et l'exclusion» particulièrement pour les plus petits d'entre eux.

Dès lors «l'OMC demande à être réformée d'urgence» et les pays industrialisés seraient bien inspirés de proposer à la prochaine réunion ministérielle de novembre 2001 à Qatar le lancement d'un cycle de négociations commerciales pour le développement, permettant l'intégration des pays en développement dans le marché mondial grâce à des conditions plus favorables à leurs productions. En effet, certaines réglementations actuelles sont, pour ces pays «très difficiles à appliquer soit carrément contre-productives».

Des contre-pouvoirs à l'OMC

Face à la toute-puissance de l'OMC, l'absence d'instance politique se fait cruellement sentir. La commission Zedillo préconise un conseil mondial au niveau politique le plus élevé, présidant à la cohérence des objectifs poursuivis par les grandes organisations internationales. Ce gouvernement mondial étant, de l'aveu même de ses promoteurs, quelque peu utopique, des mesures plus immédiates sont également mises en avant. L'Organisation internationale du travail (OIT) jusqu'ici plutôt parent pauvre parmi les organisations internationales, devrait pouvoir imposer des sanctions en cas de non-respect des normes de travail. En ce qui concerne l'environnement, une Organisation mondiale devrait fusionner les diverses structures actuelles et disposer d' un statut équivalent à celui de l'OMC, du Fonds monétaire international ou de la Banque mondiale.

Le politique, l'économique, le social et l'environnemental ainsi rééquilibrés, des ressources stables pourraient être consacrées à la résolution des problèmes mondiaux, dont, au premier chef, le développement des pays les plus pauvres. Pour ce faire, la Conférence internationale sur le financement du développement devrait envisager la faisabilité de l'instauration d'une taxe sur les transactions financières, type taxe Tobin ou, mieux encore, un impôt sur les émissions de gaz carbonique comme moyen de lutter contre le réchauffement planétaire, une sorte d'écotaxe.



par Francine  Quentin

Article publié le 28/06/2001